Jour 42

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26 juillet 2020

J'ai pas de mot pour dire ce que j'ai ressenti. Tout a été très progressif, le déchirement, la solitude, la tristesse, le manque, le fond, l'enfer, le noir, le vide. Je me souviens m'être levée un matin, m'être assise dans mon jardin et sans même avoir touché à mon jus d'orange, avoir senti mes yeux s'humidifier. Elle ne savait pas pourquoi j'étais comme ça, alors elle m'a demandé ce qui n'allait pas. Je lui ai dit que c'était toujours à cause de la même chose.
Je ne sais plus quel jour c'était, je ne sais plus quelle heure il était, mais j'ai pleuré. Un peu comme maintenant sauf que c'était amplifié.
Ça fait plus de quarante jours, et il y a encore des détails qui me blessent. Ça fera bientôt presque deux mois, et chaque fois qu'on m'en parle c'est comme une cicatrice de plus qui se dessine sur mon cœur. C'est comme si la blessure infligée n'était pas suffisante, j'ai besoin que la vie me le rappelle, qu'elle fait encore mal et que ma fragilité est bel et bien réelle.
Je me sens comme une petite chose qui ne sait plus où se mettre, qui ne sait plus quelle voix écouter dans sa petite tête. Je me sens écrasée par la vie parfois, et relevée par mes émotions. Et dans des soirées comme celles-ci, c'est l'inverse ; je me sens sauvée par la vie et par ses bienfaits, mais à terre à force de ressentis, de déceptions, de maux.
Je ne suis pas prête à dire ce que j'ai ressenti quand je suis partie. Parce qu'au fond de moi j'ai l'impression d'être toujours en train de partir. Que cette route ne finit jamais, que ma respiration se coupera à un moment. Que je vais tomber. Je ressens déjà la blessure du genoux écorché.
Je suis incapable de dire ce que j'ai ressenti parce que tout est confus, flou et bordélique. J'aurais aimé trouvé les mots, mais je ne les ai pas. Je ne sais plus. Les mots sont aussi douloureux que les pensées, faire ressortir la douleur devient un problème. Je n'ai toujours pas la force, je n'ai toujours pas l'énergie, je suis faible. Je suis faible d'avoir échoué, faible de ne pas y arriver, je suis coincée, encore fois à l'étroit dans mon propre corps.
Il fait nuit, je me lève dans trois petites heures. Il est tard et je n'arrive pas à dormir, j'ai l'impression qu'être partie est un poids en lui-même à devoir gérer. C'est difficile. Plus que je ne le pensais, plus que tout ce que j'ai pu imaginer.

Mots à la rencontre du cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant