XXIX

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La main tendu au-dessus de la balustrade, paume tournée vers le ciel, je vins recueillir au creux de celle-ci les premiers flocons en cette période de Noël. La neige a su se faire attendre cette année, apparaissant seulement lors de la deuxième semaine de vacances, une fois toutes les fêtes passées. Au milieu de ce brouillard blanc devenant de plus en plus épais, je recrache doucement la fumée de mes poumons, tapant le bout de la cigarette pour faire tomber les cendres.

Je tousse légèrement, remontant la capuche de mon pull sur la tête, tandis que je me perds dans mes songes tout en admirant ce paysage magnifique. Je pourrais aller chercher un manteau à l'intérieur, mais la flemmardise m'en empêche. Tant pis, je tomberais malade ainsi, et je supplierai mes parents de ne pas retourner au lycée et affronter la dure réalité que Renjun et Jaemin ont officiellement disparu de la surface de la terre.

Trois semaines... Ça fait maintenant trois semaines que je n'ai plus aucune nouvelle de ces êtres éthérés, comme s'ils s'étaient volatilisé, retournés dans les cieux tels les deux anges qu'ils étaient. Pas de SMS, pas d'appels, aucune réponse à mes tentatives de contact, ni même de signe de vie depuis que Renjun m'a quitté ce jour-là. Ce même jour où il m'a lancé le défi d'arrêter de fumer et m'a promis de revenir avec son petit ami.

Je n'ai même pas tenu une semaine avant de me racheter un nouveau paquet de clopes, le manque de leur présence étant trop fort à affronter seul. Personne n'a réussi à me détendre, à me redonner le sourire. Ni même Chenle ou Hanbin. Je tombe, impuissant, dans ce gouffre tout aussi vide que mon cœur. Avant je me fichais de tout, je n'avais besoin de personne pour avancer. Maintenant, sans mes biens aimés à mes côtés, je ne trouve ni le courage, ni la force d'y arriver.

Ils n'avaient pas seulement besoin de moi pour s'en sortir, j'avais aussi besoin d'eux pour vivre.

La baie vitrée s'ouvrit derrière moi, avant d'être refermé pour ne pas perdre toute la chaleur accumulée dans l'appart, et un nouveau poids s'appuya contre la balustrade du balcon. Je tournais la tête en direction de cette nouvelle personne, et soupirai en voyant ma mère, posant ma clope dans le cendrier. Elle n'aime pas ça de me voir fumer, je respecte son choix. Je reprendrais la cigarette une fois que ma génitrice rentrera à nouveau.

Nous restons silencieux pendant quelques minutes, admirant la vue sur notre quartier enneigé tandis que le brouillard blanc s'intensifie. Bientôt, les toits et les trottoirs déserts seront recouverts de cette poudreuse, et des enfants sortiront pour jouer dedans.


- Tu es habituellement calme à la maison Jeno, décide-elle finalement à parler. Pas très bavard. Mais je ressens un certain mal-être dans ton silence actuel depuis le début des vacances.


Je soupirais à nouveau, hésitant à reprendre là où j'en étais avec ma clope. Mais je me contins tout de même, la laissant continuer.


- Qu'est-ce qui ne va pas en ce moment ? Parle-moi. On te voit changer, ton père et moi, sans savoir ce qui se passe dans ta vie depuis ses trois dernières années. Confies-toi.

- À quoi bon, 'man ? Répondais-je. Tu ne peux rien faire.

- Si tu ne me dis rien, forcément que je ne pourrais pas t'aider.

- C'est compliqué à expliquer...


Ma mère prit une chaise ranger au bout de notre balcon. Puis, après avoir repoussé le peu de neige qui s'y installer dessus, elle s'assit, son regard se perdant sur la route en contrebas.

❝ᴅᴀɴɢᴇʀᴏᴜs ᴢᴏɴᴇ❞ | ᴺᵒᴿᵉᶰᴹᶤᶰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant