M O R T

141 6 8
                                    

Thomas avait ouvert ses yeux, avant l'aube, lorsque le ciel brûlait de couleurs, de rose, de bleu, de vert, d'orange, de vie. Sans réellement s'être éveillé, il avait vu une silhouette féminine se diriger, d'un pas calme, vers la mer. La forme avait marché dans l'eau, jusqu'à perdre pied, jusqu'à ce que son corps soit englouti plusieurs fois par des vagues féroces, terrifiantes, comme si elles voulaient la détruire à jamais. Il vu des bras maigres se tendre vers le ciel, comme pour attraper les dernières étoiles qui allaient bientôt se faire submerger par ce grand astre qu'est le Soleil. Puis, les bras, les mouvements, disparurent.

Quelques minutes passèrent, et rien ne changea, il n'y eut plus aucun mouvement. Le brun eut alors l'impression d'être dans un songe, que il allait se réveiller, que rien ne s'était passé. Il ne comprenait pas, alors, en espérant au plus profond de son âme que ce mirage allait disparaître sous le temps, il se rendormit

« Thomas...réveille-toi »

Il fut réveillé quelques heures plus tard par Minho, qui avait sur le visage une expression de doute, comme si, l'impossible était arrivé, et que cet événement hors des lignes de la normalité n'était, il l'espérait, du moins, qu'une blague.

« Oh, mec...murmura le brun »

Il ouvrit les yeux et, en voyant le sérieux sur le visage de son ami, se figea

« Juliette, dit l'asiatique
- Hm ?
- Elle s'est suicidé.
- Qu...? »

La lumière inonda son esprit et se perdit dans ses yeux

« Elle s'est noyée, hein ?
- Ouais.
- Merde. Merde, merde.
- Thomas ?
- Je l'ai vu, cette nuit, dans l'eau. Et j'ai rien fait. Elle...elle a laissé quelque chose ?
- Ouais, une lettre.
- Tu l'as lue ?
- Non, je...je t'attendais. »

Le brun se leva, les jambes en compote, et se passa la main sur la visage.

« On est sûr que c'est un...?-
- Gally a lu sa lettre, et il a confirmé
- Et personne aurait voulu la tuer, c'est Juliette, quoi."

Dans un silence étourdissant, ils marchèrent jusqu'à la plage. Un drap recouvrait le corps, et c'était mieux ainsi. Thomas ne voulait pas voir le cadavre, il en avait déjà trop vu dans sa vie, ami, ennemi, camarade. À coté se trouvait Gally, le regard posé dans le vide, sûrement perdu dans ses idées noires, avec la lettre à la main. En voyant les deux amis arriver, il avait compris et donné la lettre au brun. Ils se penchèrent sur le papier. C'était si dur, dur, de ressentir de la culpabilité envers un être presque inconnu. Le regret et la culpabilité avait coloré son monde après la mort de Newt et, c'était compliqué à admettre mais vrai, personne n'avait rien fait pour l'aider, pour la soutenir.
Thomas et Minho avaient déjà subit la perte d'un être si cher que s'imaginer une vie sans lui est cause de larmes, mais pas Juliette. On l'avait laissé seule comme jamais, avec l'obligation de se reconstruire, de se relever. Mais elle était tombé dans un trou sans fin et, lorsqu'elle avait la volonté de remonter la pente, on l'y avait repoussé, involontairement.
Alors, couchée dans le noir de cet orifice, elle avait vu les secondes, les minutes passer, les personnes de son entourage avancer, grandir, et elle rester au fond de cette fosse. L'appétit avait disparu, laissant place à un nouveau vide à combler d'idées noires. Elle avait vu le monde effacer sa douleur, l'effacer elle-même, parce qu'elle n'était plus que cette peine immense, que ses regrets qui, chaque jour, se multiplient. Sans être déjà réellement partie, elle n'était déjà plus là. Juliette s'était inventé des amis, dans sa tête, à qui elle confiait son affligement. Ces "amis", ils lui recrachaient ce malheur à la tête. La douleur, le vide, les regrets, l'avaient rongé. Et personne, personne, personne, n'avait essayé de l'aider. Elle avait chuté et disparu, comme la lumière d'une lampe qui disjoncte, comme le soleil sous les nuages, comme le bleu du ciel lorsque l'on ferme les yeux pour ne pas pleurer. L'univers a perdu ses couleurs, ses saveurs. Elle avait ouvert ses bras à la mort, l'accueillant comme une vieille amie, presque soulagée de partir de cet enfer. Sous la caresse du trépas, son cœur s'était embrasé en revoyant le visage de Newt, puis, elle était partie, et l'eau glacée, pourtant, n'a jamais réussi à éteindre ces flammes.

Son corps était tatoué de phrases indélébiles et invisibles :

« n'oublie jamais. Si tu doutes, ouvre ce livre. Lis mes pensées, mes doutes, mes amours, mes erreurs. J'ai échoué, mais je ne suis qu'une fabulation. Tu peux y arriver, parce que tu n'es jamais seule. N'oublie jamais, vraiment. »

«Mon Ange» | Newt X oc - le LabyrintheWhere stories live. Discover now