Chapitre 2 _ Dimanche 2 décembre (2/2)

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Il me regarde à attention, j'ai l'impression qu'il observe mes faits et gestes. Ses yeux font souvent le chemin vers le sommet de mon crâne vers l'emplacement où j'avais mis le serre-tête. Pour éviter de dire une bêtise, j'attends de voir quelle va être sa prochaine réaction. Après quelques secondes, il pointe du doigt mes cheveux et je porte ma main vers l'endroit qu'il indique. Je sens un bout de plastique, je prends le morceau et je le roule sous mes doigts. Je reconnais le crissement caractéristique, je retire le morceau brillant de plastique.

— C'est un bout de guirlande qui a dû tomber quand je jouais avec le chat. Je l'avais enroulé autour des bois et je... commencé-je à expliquer avant de m'interrompre.

Mes joues me brûlent de honte, je dois être rouge comme une écrevisse. Alexandre s'est rendu compte mon embarras mais ne me fait aucune remarque là-dessus, je suis également contente qu'il ne me demande pas de terminer ce que j'allais dire. Cela m'évite de passer pour une idiote. Il prend une brève respiration avant de me dire :

— Je suis venu voir si tu étais toujours partante pour m'apprendre à comprendre la magie de Noël pour que je puisse être un parrain et un tonton parfait avec ma nièce et le bébé à venir.

Je reste un instant, interdite, je pensais qu'il aurait renoncé à cette idiotie. Je passe ma main dans mes cheveux, comme à chaque fois que je ne sais pas quoi dire, je finis par lui demander :

— Je pensais que tu allais mettre cette idée à la trappe en disant qu'elle est stupide, que Noël est stupide, enfin les banalités que tu sors d'habitude. En quoi puis-je t'aider pour améliorer ta perception des fêtes de fin d'année ?

Il hausse les épaules.

— Je ne sais pas. C'est toi la spécialiste.

Je soupire, on n'ira pas loin à ce rythme-là. J'essaie d'éclaircir ce qu'il recherche.

— Qu'est-ce que tu veux apprendre ? Je peux t'aider à faire un joli sapin ou à bien emballer les cadeaux. Si tu veux, je peux te raconter quelques légendes pour que je puisse les raconter en retour à Emma et au futur bébé de Laura.

Il secoue la tête, je désespère, je n'ai pas envie de passer le reste de ma journée de libre à essayer de lui expliquer comment fonctionne la vie. Je m'installe plus confortablement sur mon canapé avant de lui dire :

— Aide-moi Alexandre, on ne va pas se sortir de ce pétrin comme ça. D'ailleurs tu n'es pas obligé de m'accompagner à Colmar ni de faire des choses que tu n'apprécies pas seulement pour faire enrager ta sœur.

Voyant qu'il reste impassible, j'ajoute :

— Explique-moi déjà pourquoi tu es là. Je n'aurais pas été surprise que tu ne viennes pas et si tu regardes bien ma tenue, je ne me serais habillée comme ça si je savais que quelqu'un venait me voir, lui dis-je en montrant de la main ma tenue.

Il suit des yeux ma main et je le vois les descendre jusqu'à mes chevilles. Il finit par reprendre contenance avant de me répondre :

— Je croyais que tu assumais de porter ces pulls ringards.

Je reprends une gorgée de café en cherchant comment je pourrais lui expliquer ma passion pour les vêtements de Noël. Je repose ma tasse puis je choisis d'ironiser :

— Ces pulls redeviennent à la mode, je suis juste en avance sur le temps et si on rajoute le fait qu'ils tiennent chaud par moins vingt-cinq quand on m'envoie faire un reportage sur les pistes de skis ou en Petite Sibérie pour raconter et rapporter pour la énième fois la parole des habitants de Mouthe du jour où il y a fait le plus froid en France. Ses fameux moins quarante-deux degrés où même l'essence gelait, qu'il était impossible de prendre sa voiture et que l'épaisseur de la glace des deux lacs était suffisamment épaisse pour que l'on puisse faire du patin à glace dessus. Ça, c'est la principale raison pour laquelle je les mets en hiver, la deuxième, c'est que ça me rappelle que Noël approche et la dernière, c'est devenu ma marque de fabrique, Pauline Michel se doit d'avoir un pull de ce genre le quinze novembre passé, autant pour le public que pour mes employeurs. Ça ajoute à ma crédibilité. Je les assume complètement, c'est juste que je connais les principes de mode de base et que normalement en public, les seuls jours où tu as le droit de ressembler à un sapin de Noël c'est justement le jour de Noël.

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