Chapitre 23 _ Dimanche 23 décembre (2/2)

1.7K 192 3
                                    


En arrivant chez moi, je claque la porte et pousse un cri libérateur. Alexandre, dont j'avais oublié la présence, vient me voir, soucieux.

— Tu as un problème, Pauline ?

— Ma sœur ! Comme j'aimerais lui rabattre son caquet !

Il est décontenancé par ma réaction.

— Tu es en colère parce que tes parents sont partis la rejoindre ? tente-t-il de trouver une explication.

— Non ! hurlé-je. Elle et ma mère ont voulu me faire une « surprise » et cette chère Léa a débarqué ce matin à l'aéroport avec toute sa famille. En gros, ça fait presque un mois que je m'arrache les cheveux parce que je devais être seul pour Noël. Un mois ! Mon père a dit qu'il n'était pas d'accord et ma mère et ma frangine ont trouvé ça « drôle » de ne rien me dire. J'en ai marre d'être prise pour une conne ! Et je n'ai rien le droit de dire, sinon on va me traiter d'ingrate alors qu'elle ne va pas se gêner pour me parler comme si elle me faisait une fleur.

D'un coup, ma colère retombe et je suis vidée. Sans réfléchir, je m'avance et enserre Alexandre de mes bras. Il se tend un instant, avant de me caresser les cheveux. Les larmes me montent aux yeux, un sentiment de bien-être m'envahit. Dans un soupir, je lui dis :

— Tu m'as manqué.

Ses mains arrêtent un instant de me caresser les cheveux et je sens sa respiration perturbée. Je ne prends pas le risque de le regarder, je ne veux pas rompre le moment de plénitude que je ressens contre lui. Puis ses mains reprennent leur place et recommencent ce qu'elles faisaient. Notre moment d'intimité est interrompu par un feulement dans la cuisine et Jiminy traverse l'entrée en courant pour se réfugier à l'étage. Owen, le responsable, arrive tout guilleret et aboie après le félin qui lui est inaccessible. Je m'écarte d'Alexandre pour prendre le petit voyou et j'échange un regard complice avec le frère de Laura.

Au moment où il allait me dire quelque chose, quelqu'un frappe et ma famille entre sans attendre. Je repose Owen qui s'enfuit en voyant l'agitation. Je prends les affaires de tout le monde et les range sur mon porte-manteau mural. Mon père et ma mère salue Alexandre qui profite de la cohue pour rentrer chez lui. Quelques secondes après son départ, mon chiot émet un gémissement plaintif. Je me dépêche d'aller voir ce qui ne va pas et découvre mes neveux qui l'encerclent. Je comprends très vite leur intention.

— Tommy ! Jay ! Il ne veut pas jouer avec vous. Vous lui faites peur. C'est un bébé, il n'a pas l'habitude de voir autant de personnes qu'il ne connaît pas.

Mon explication semble les calmer et ils observent. Je leur conseille de s'écarter pour qu'Owen se sente moins oppressé. Malheureusement, ma sœur ne peut s'empêcher de venir mettre son grain de sel.

— C'est un chiot. Il faut bien qu'il voit des enfants pour s'habituer à eux, me dit-elle contrariée.

Avec le plus de retenue possible, je tente de lui faire comprendre autrement.

— Quand tu es sortie de la maternité, tu laissais des inconnus prendre tes fils dans leurs bras et leur tirer les oreilles ?

— Ça n'a rien à voir ! On ne peut pas comparer un chien avec un enfant ! Arrête tes bêtises !

Ma mère intervient.

— Écoutez Tata Pauline, les garçons, c'est un bébé, il ne vous connait pas encore. Peut-être qu'après vous avoir vu toute la semaine, il voudra jouer avec vous.

Ma sœur se renfrogne, sa façon à elle d'admettre la défaite. Mon beau-frère renchérit et Léa me fusille une nouvelle fois du regard.

— Je suis d'accord avec Pauline, dit-il en se penchant vers eux avec son accent québécois. Les enfants, il faut le laisser tranquille. C'est un bébé comme votre cousine. Vous vous souvenez, Tata Sidonie vous a dit de ne pas faire de bruits pour ne pas réveiller votre cousine et de ne pas faire de gestes brusques pour ne pas lui faire peur. C'est pareil avec les bébés chiens, il faut le laisser venir à vous et il faut être doux avec.

Mes neveux acquiescent en écoutant leur père et je le remercie d'un sourire. Owen en profite pour se cacher sous le canapé. Je fais visiter à Léa et Eddy ma maison, quand nous revenons, Tommy et Jay regardent mon sapin avec de grands yeux ronds.

— Il est trop beau, ton sapin, Tata Pauline.

— Vous avez vu son petit sapin sur le bar ? leur demande mon père.

Ils secouent la tête et mon père aider d'Eddy les porte pour les mettre à la même hauteur que mon bar et leur montrer mon calendrier de Noël. Je leur explique pourquoi je le fais et demande à Jay de piocher une décoration. Il attrape la petite étoile avec laquelle je jouais à son âge. Je rêvais que je me transformais en Starla et les Joyaux Magiques et que je sauvais le monde. Je lui explique mon système de placement et il décide de l'accrocher dans la partie haute du sapin. Quand il a terminé sa mission, il prend son frère par la manche et l'entraîne pour jouer avec lui. J'avais oublié que des garçons jouaient souvent à grands renforts de cris et de bagarres.

Ma sœur finit sa conversation avec ma mère et me demande :

— Au fait, Pauline, qui est la personne qui était chez toi avant que l'on arrive ?

Ma mère lui répond :

— C'est Alexandre, le frère de Laura. C'est son petit ami.

Je lève les yeux au ciel en entendant le qualificatif qu'emploie ma mère.

— Maman, plus personne ne parle de petit ami à mon âge.

— Vous êtes ensembles, c'est un moyen comme un autre de l'annoncer, je n'allais pas dire que c'était ton compagnon, c'est récent entre vous deux.

Léa me regarde un peu bizarrement et me dit :

— Finalement, tu as trouvé quelqu'un, c'est bien pour toi.

Je suis surprise par sa remarque, puis elle enchaîne :

— On va pouvoir mieux le connaître demain soir.

J'ouvre grand les yeux.

— Comment ça ? Vous allez chez Laura pour le réveillon ?

— Non, on mange chez toi ! C'est bien ce que tu voulais ?

Je reste un instant bouche bée, avant de lui répondre :

— C'est pas possible, j'ai rien de prévu ! Je ne peux pas vous accueillir, ça va me coûter une fortune de payer la viande sans l'avoir réservée et il me faut d'autres assiettes. Je n'avais pas prévu ! Comme vous ne deviez pas venir, j'en ai profité pour racheter un nouveau ballon d'eau chaude.

Ma mère me coupe dans mon élan.

— Ne t'inquiète pas ! C'est nous qui allons régler les frais, tu en profiteras pour t'acheter un beau service, c'est le cadeau de ta grand-mère. J'ai vu avec Laura et toute sa famille viendra manger avec nous. Elle a déjà réservé que ce vous aviez prévu pour le réveillon, mais avec six personnes de plus.

Mon cerveau se bloque à nouveau en essayant d'assimiler cette nouvelle information. J'essaye de bafouiller une réponse, mais Tommy m'interrompt et nous disant qu'il a faim. Nous décidons de partir trouver un restaurant pour nous accueillir ce midi.

Toute la magie de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant