Chapitre 34

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Mon site web n'est pas encore comme je l'espérais, alors pour l'instant, je me concentre sur la prospection commerciale, et sur la création slash les croquis des objets du quotidien que je commercialiserai en ligne.

Maintenant que je n'ai plus de travail, j'ai assez de temps libre devant moi pour passer mes journées sur ce projet. Pour ne pas perdre la tête à rester seule, je visite aussi un atelier d'artisanat d'art quotidiennement. Il est géré par un homme de la quarantaine. Hormis quelques cheveux blancs, on lui donne difficilement son âge.

Je me lave les mains et vais ensuite prendre mon sac à main à ma place. Je juge ma confection en céramique d'un œil critique. Aujourd'hui, le thème était « libère ton esprit », et j'ai confectionné une œuvre très abstraite que je ne pourrais nommer. Le rendu est intéressant.

— Tu es toujours à la recherche d'un atelier pour tes projets ?

Je me tourne vers Tom, le propriétaire du lieu.

— Oui, toujours, réponds-je en posant mon œuvre sur la table.

— La personne qui louait mon local au-dessus va déménager, tu pourrais prendre sa place. Le prix est très abordable, tu veux le voir ?

— Oh... oui, oui, bien sûr !

Nous montons donc à l'étage. Le cœur battant, je suis Tom dans l'escalier étroit. Arrivés à la porte, il sort un trousseau de clés et ouvre le local.

— Voilà, c'est ici.

La lumière naturelle inonde l'espace grâce à de grandes fenêtres qui offrent une vue dégagée sur le parc en face. L'atelier est doté d'un style industriel qui le rend vieux. Les murs ne sont pas peints, et les tuyaux que l'on peut apercevoir à l'intérieur sont rouillés. Pourtant, je trouve l'ensemble paisible. Je fais quelques pas à l'intérieur, mes doigts effleurant distraitement les surfaces propres et lisses.

— C'est parfait, murmuré-je presque pour moi-même. C'est exactement ce dont j'avais besoin.

Tom sourit en voyant mon enthousiasme.

— Tu penses pouvoir t'y installer rapidement ?

Je consulte ma montre, sentant une pression de stress grimper. Je dois partir maintenant si je veux avoir une chance de tomber sur Monica.

— Peut-on gérer les détails de location plus tard ? Je dois me rendre quelque part.

— Oui, évidemment.

Un élégant écusson gris aux écritures esthétiques arbore le nom du lieu en lettres blanches : BROM CLOTHES. Je paie ma course et descends du taxi, sur cette rue piétonne éclairée par le coucher de soleil. À l'intérieur, Monica est en train de faire des squats qui m'ont l'air de lui être pénible.

Je m'introduis dans la boutique et une sonnette délicate annonce mon arrivée. Accroupie près de la caisse, Monica me remarque aussitôt et se relève difficilement de ses squats, la respiration saccadée. Elle prend une inspiration en se tenant le bas du dos pour se remettre de ses exercices.

— Une assistante ne peut pas s'offrir le luxe de s'acheter quoique ce soit ici.

— Je sais qu'Isaac n'est pas le père de ton enfant, déclaré-je de but en blanc.

Elle rit nerveusement et fait le tour de sa caisse pour s'assoir sur un tabouret. Je m'avance.

— Sors de ma boutique.

— Tu l'aimes, et tu veux détruire sa trainée d'assistante, c'est bien ça ? (Ses sourcils frétillent.)

Elle regagne une posture debout et combative.

HeliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant