Revivre

9 - Mon fils, ma bataille.

Avertissement: Langage grossier toujours...

Florent pose les clés sur la console de l'entrée, il ricane tout seul depuis vingt minutes en fait, trop content de sa riposte face à l'adversaire. « Secrétaire particulier », c'est ça oui ! Plutôt se couper les couilles oui !

L'air ahuri de Pascal lui revient et il secoue la tête, ce mec est vraiment incroyable et si prétentieux. Franchement venir lui mettre la misère à son travail, impossible de laisser un tel acte impuni !

Il n'a aucun scrupules, de toute manière le homard c'est très bon n'est-ce pas ? Et encore, l'autre n'a pas encore reçu la facture du garage ! Florent roule des épaules, amusé, une heure de son temps va coûter très cher au beau prof, minimum 100 balles ! Cette blague va lui revenir chère, il y veille personnellement.

Heureux, il débarque dans le salon et constate que sa mère est déjà là. Comme tous les samedis, la dame rend visite à son fils chéri et lui amène un bon petit plat qu'ils partagent, il ne manquerait ce moment pour rien au monde !

Lucas est présent aussi bien sûr, c'est lui qui fait le taxi pour sa mamie adorée. Assis sur le canapé et plongé dans son téléphone, il souffle un vague bonjour à son père sans lever la tête. Ce dernier lui lance un regard noir, soufflant fortement en se passant la main dans les cheveux.

Le regard aiguisé, Irène s'adresse à son fils.

-Toi qui rentre tout content et ton fils qui fait la tête, c'est étrange tout cela Flo!

La vieille dame reste très perspicace pour son âge, trop au goût de son fils ainé.

-Oui j'ai eu une bonne nouvelle au garage, quant à Lucas, il nous fait une crise d'adolescence à retardement, tout simplement !

Pas dupe, sa mère ne répond pas mais son regard ne présage rien de bon, femme et mère de militaire, elle a un flair infaillible.

-Bon, on passe à table ? Florent s'enfuit vers le salon.

Pas question de subir un interrogatoire maternel complet le ventre vide !

***

Le repas était délicieux, comme d'habitude ! Sa mère est un vrai cordon bleu, il ne se lassera jamais de sa blanquette de veau. Il l'admire, à 76 ans, elle n'a rien perdu de sa vivacité et ses yeux pétillent toujours autant de malice.

Assise sur le fauteuil, la matriarche discute avec Lucas, ils parlent de Noël et des vacances à venir. Florent va passer ses fêtes avec elle bien sûr, et avec son frère, Philippe son cadet de cinq ans. Ce dernier est marié et très amoureux de sa petite Sabrina qui lui a donné quatre enfants ! Brave homme, ou suicidaire...

Florent a une petite famille, très soudée à la suite de la mort de leur père en 1983 lors de la guerre du Liban. Ils sont devenus pupilles de la nation et leur mère une vraie mère poule ! Refusant de se remarier, elle a consacré sa vie à ses deux amours : ses fils.

Mère célibataire et militante féministe avant l'heure, elle est très amusée de voir que son petit-fils marche dans ses pas en bousculant lui aussi les codes, à sa façon.

-Alors lulu ? Toujours pas de charmant jeune homme à l'horizon ? Demande t'elle taquine.

Lui jetant un regard, Lucas rougit subitement et bégaye.

-Je...suis très timide mamie, tu le sais bien. Florent s'étouffe quasiment à ces mots.

-Tiens c'est une sacrée nouvelle ça ! Ne peut s'empêcher de riposter aussitôt le père.