Chapitre 22

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- Ma petite croquette ? Demande Nowëla assise à une table de la cafétéria. Elle est accompagnée de Jeanne et elles semblent m'attendre pour commencer à manger le repas du soir.

- Ça ne vas pas ? Pose Jeanne.

- Si, ça va aller. Je réponds avec cette envie de pleurer encore et encore.

- Allez, vient-là. Dit Nowëla.

Je m'installe à leur côté et pose ma tête sur la table comme si le ciel m'était tombé sur la tête.

- Si tu nous dis pas, on serait pas t'aider. Tente Jeanne.

- J'ai l'impression que rien ne va. Il y a Evans qui part, Louis qui m'annonce qu'il m'aime et pleins d'autres trucs.

- On ne peut pas te forcer à tout nous dire mais dit-toi que si ça te fait autant mal, c'est qu'il y a une raison. Tu ne pourras pas cacher éternellement ta souffrance et c'est normal qu'un moment donné elle sorte d'une manière ou d'une autre. Nowëla dicte ses paroles telle une vraie psychologue. C'est dans ce genre de moment qu'on sait que parfois, les amis sot les meilleurs conseillers qu'on pourrait avoir.

- Nono, je l'aime tellement.

- Qui ? Coupe soudain Jeanne perdue.

- Je sais ma puce mais il faut que tu lui dises avant que ça ne soit trop tard.

- Et voilà, je suis toujours la dernière au courant, je l'avais dit. Se plaint Jeanne.

- Ce n'est pas le moment, toi ! Nowëla sermonne gentiment celle qui râle et ensuite, se concentre de nouveau sur moi. 

- C'est déjà trop tard. Je cache ma tête dans mes bras. Je me sens tellement pitoyable à ce moment, tellement faible. J'ai l'impression d'être une loque capable de rien.

- Pourquoi ?

- Il est partit.

- Comment ça ?

- Il a dit qu'il ne pouvait pas travailler ici avec moi, que ça allait nous attirer des problèmes. Explique-je.

- C'est un éducateur, alors ? Demande gentiment Nowëla.

- Ouais, tu trouves ça mal ?

- Bien sûr que non, l'amour n'a jamais eu d'âge, c'est l'âme qui aime.

- Oui, mais il y a des limites. Réplique Jeanne. Imaginez une jeune fille de 12 ans et un homme de 40 ans.

- Ça, c'est de la pédophilie. Explique Nowëla avant de me poser une question. Vous avez combien d'années de différences ?

- 4 ans.

- Ce n'est rien du tout ! S'exprime Jeanne.

- Ouais, j'enmerde tellement cette société qui gâche l'amour entre deux personnes à cause du milieu professionnel. C'est débile. S'énerve à son tour mon autre amie.

- Les filles, dans tout les cas ce n'est même plus son milieu professionnel qui nous empêcherait de sortir ensemble puisque de toute manière, il ne travaille plus ici.

- Peut-être, mais tu sais c'est encore plus compliqué que ça. Il y a encore sûrement des papiers à faire et il devrait attendre quelques temps avant de prendre contact avec toi. Sinon les autres pourraient avoir des doutes et là, ça finirait mal.

- Tu as raison Nono. Dis-je.

- Comment tu sais tout ça ? Demande Jeanne surprise.

- J'ai déjà eu une relation avec l'un de mes professeurs.

- Raconte ! Crit Jeanne en manque de potin. Je vous jure, en dehors des cours, elle est complètement folle cette fille, mais je l'adore tellement. Je les adore toutes les deux ! Je pense que j'ai, enfin, trouvé des personnes qui étaient dignes de confiance et j'espère que quand on sera à l'extérieur des murs, on continuera à se voir.

- Les filles ? Je coupe Nowëla dans son récit ce qui me vaut un regard noir de Jeanne qui voulait la suite de son histoire.

- Combien de temps vous restez encore ici ?

- Ça fait déjà un an que je suis ici et il me reste l'histoire d'un mois. Répond Nowëla.

- Et moi, il m'en reste deux. Dit à son tour mon autre amie. Et toi ?

- Le juge ne m'a pas vraiment mit de temps, il a juste dit que je devais me remettre sur le droit chemin.

- Demande à ton éducateur. Me conseille Jeanne. Peut-être que lui, il en sait plus ? J'hoche la tête montrant que je le ferai. On décide d'aller chercher notre repas au comptoir, en espérant qu'il ne soit pas trop tard.

Une fois dans ma chambre, je me demande si mon nouvel éducateur viendra comme Evans faire un rapport sur la journée. En ce qui le concerne, il est beaucoup moins pot de colle que mon ancien éducateur. Et peut-être est-ce pour ça que je me suis attachée à lui ?

Voyant qu'il reste une heure avant la fermeture des lampes, je décide d'aller trouver moi-même mon éducateur. Je cherche pendant pas mal de temps et je tombe sur cette femme détestable qui avait fait croire que j'avais fumé dans l'enceinte de l'école. J'espérais tellement ne plus la croiser, celle-là mais Dieu en décidé autrement. J'en profite alors pour lui demander où se trouve le bureau de Carl Mickaël.

Je toque à la porte et attend une réponse qui ne tarde pas à venir.

- Que me faut le plaisir de te voir ? Demande Carl.

- Je me demandais combien de temps je devais rester ici ?

- Tu t'ennuis déjà parmi nous ? Demande-t-il en souriant.

- Non, ce n'est pas ça.

- Ne t'en fait pas, je comprends. Je devais d'ailleurs te dire que dans trois jours, le juge qui avait plaidé ta sentence viendra voir comment tu te développes dans cet environnement. Il décidera à ce moment-là si tu peux sortir ou non. Cependant, je pense personnellement que tu vas pouvoir le faire puisque tu as fait d'énorme progrès et je ne vois pas pourquoi, on te garderait ici encore plus longtemps. Il faut aussi que tu saches, que chaque semaine, un rapport a lieu sur chaque incarcéré. Ce qui veut dire qu'au bout d'un mois, 4 rapports ont déjà été effectués à ton sujet.

- C'est comme ça que je juge a décidé qu'il fallait qu'il vienne me voir pour en faire les constatations lui-même.

- Oui, c'est ça. Comme il te connaissait avant tout ça, il va directement savoir si tu as vraiment évolué ou si c'est seulement une image.

- Je vois. Merci d'avoir répondu à mes questions.

The Delinquents (Ancienne Version) Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt