Chapitre 23

105 8 1
                                    

- Tu as l'air complètement différente. Dit le juge Matelo.

- Merci ? Dis-je sans savoir si c'était quelque chose de positif ou non.

- Tu peux le prendre comme un compliment. Sourit-il. Tu vois la première fois que je t'ai vu, tu étais complètement perdue, mais en même tant, tu avais forgé une carapace autour de toi. Ça me semblait impossible de te faire entendre raison et comment dire que je ne pouvais pas laisser ton acte impuni. J'espérais tellement que cet endroit t'aide à revenir sur les bons choix parce que je sentais au fond de moi que tu n'étais pas bien méchante, juste une enfant perdue parce qu'elle a grandit trop vite dans le monde des adultes.

- Comment vous pouvez savoir tout ça en me regardant ?

- J'ai vu des centaines de jeunes, tous différents les uns des autres dans leur histoire passée, mais une chose les rassemblaient, la solitude. Je me suis dit que ce serait mieux pour toi et plus saint pour ta santé mentale de te mettre ici avec d'autres personnes dans le même cas pour que tu puisses te sentir entourée. Je pense que tu vas mieux maintenant ?

- Je pense que j'ai encore beaucoup de chemin à faire pour que je puisse me dire que tout ça est désormais derrière moi, mais je me sens déjà tellement mieux, plus en paix avec moi-même. J'ai toujours su que brûler une banque n'a jamais été la plus brillante de mes idées, mais je pensais qu'à ce moment je n'avais aucun autre moyen.

- Tu nous a d'ailleurs jamais expliqué tes réelles motivations qui t'ont poussé à passer à l'acte, veux-tu en parler ?

- Je ne pense pas être prête pour ça maintenant. J'en ai déjà parlé un peu avec une personne que j'estime être de confiance mais...

- Ne t'en fais pas, tant que tu as su trouver quelqu'un ça me suffit. J'aimerais savoir qu'est-ce ça t'a apporté cet endroit ?

- Je ne fume plus, j'ai deux nouvelles amies extraordinaires et j'apprends à de nouveau faire confiance à autrui.

- Tu as bien évolué Willow, je suis fière de toi. Je pense que beaucoup de personnes le sont également. Sourit-il. Si je rendais un jugement disant que tu peux à nouveau sortir, que ferais-tu ?

- Je ne pense pas vouloir retourner chez mes parents, j'ai peur de m'enfermer et que tout recommence. Je ne dis pas que je ne garderais pas contact avec eux mais plus sous le même toit, ce serait trop lourd, trop différent.

- Comme tu n'es pas encore majeure, je pourrais te permettre la possibilité d'émancipation avec aide de l'état jusqu'à ce que tu termines tes études. Répond le juge.

- C'est vrai ? Je demande avec une lueur d'espoir.

- Oui, mais tu dois promettre que tu ne fera plus de bêtises aussi grosses.

- Promis.

- Je vais voir ce que je peux faire alors. Termine le juge.

- Merci infiniment ! Souris-je de toutes mes dents.

- Tu sais quel est le souvenir que tu m'as laissé et qui restera pendant longtemps encore ?

- Non.

- C'est ta blague avec mon nom de famille.

- Et oh matelot, hissez la grande voile ? Demande-je.

- Oui, celle-là. Elle n'est pas vraiment très drôle mais elle était tellement inattendue que ça m'a donné envie de rire. Heureusement, que je me suis retenue. Dit-il avec les yeux rieurs. Le juge se lève et avant de quitter la salle dans laquelle on était installé, il se retourne et me sourit franchement.

- Tu as dû tombé sur les bonnes personnes pour partir d'ici en un mois. Il quitte la salle me laissant seule avec moi-même.

C'est vrai, j'ai eu Evans, Louis, Nowëla, Jeanne et même, Camil qui m'ont aidé à leur manière. Je sais que je vais garder une marque profonde de leur passage dans mon cœur et j'espère que je vais également rester en contact avec certains. Je sors à mon tour de la pièce, qui était d'ailleurs l'une des salles des visites du mercredi, et je me rend dans la salle de jeux. Là où mes amies sont censées être.

Je les vois toutes les deux en pleine partie de billard quand Jeanne se met à prendre le bâton pour essayer de frapper Nowëla. Parfois, je me dis qui lui manque une case, mais elle me fait rire quand elle réagit excessivement. Je m'approche le sourire aux lèvres.

- Alors encore perdue ? Dis-je à l'encontre de Jeanne.

-  Tu aurais dû être là, elle triche ! Râle-elle telle une enfant.

- Comment ça s'est passé ? Interrompt mon autre amie.

- Je vais pouvoir sortir dans quelques jours. Il doit rendre son jugement et puis, voilà.

- Tu vas nous quitter alors ? Demande Jeanne avec la moue toute triste.

- Ce n'est que pour un court instant, on se retrouvera après.

- Je vous fait remarquer que je vais rester un mois ici toute seule ! Sanglote Jeanne.

- Je viendrais vous voir pendant les visites et si je n'y arrive pas, je vous passerais des coups de téléphone.

- Tu le promets ? Demande Nowëla.

- Promis. 

The Delinquents (Ancienne Version) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant