Chapitre 56:

1.1K 83 69
                                    

Mes jambes étaient lourdes, effroyablement lourdes,  presque autant que l'était ma tête prête à exploser alors que je me  jetais littéralement sur le canapé du salon, encore mes chaussures au  pied, ce qui allait sûrement faire grogner Harry en répétant que ce  n'est pas bien dur de laisser ses chaussures dans l'entrée en rentrant,  mais honnêtement, je crois que j'aimais trop l'entendre grogner, ça m'influençait dans mes bêtises.

Alors dans un soupir las, montant mes mains à mon visage pour l'y enfermer, je rampais vers le haut du canapé, exprimant une nouvelle fois mon  mécontentement dans un grognement sourd. La journée avait été interminable, on avait croulé sous la chaleur impitoyable de l'été sur Alizéa, sous les dossiers aussi, et sous les jérémiades de Niall surtout, qui ne savait réellement pas souffrir en silence, mais je ne pouvais pas le blâmer. J'avais laissé échapper  des soupirs toutes les minutes, inlassablement, et sans doute que ce tic avait alimenté malgré moi les plaintes du blond qui partageait mon bureau, mais personne ne pourrait le prouver. En attendant, je me contentais de fermer les yeux, me tournant sur le dos,  mon bras tombant dans le vide, pendant lâchement et misérablement contre le cuir du canapé, les rires venus de la cuisine apaisant légèrement mon cœur autant qu'ils réchauffaient la maison. Bien qu'honnêtement il n'y avait pas besoin de plus de chaleur si j'avais mon mot à dire.

Mais je me contentais de ne rien dire et attendre, écoutant sans la voir la partie de carte qui se jouait entre mes deux colocataires dans la pièce d'à côté, j'écoutais Harry marmonner combien Mia avait trop de chance,  grognant sûrement le nez planté dans ses cartes, mauvais joueur comme il l'était toujours, n'arrivant qu'à faire rire plus encore Mia à chaque  fois. J'aimais les entendre rire, j'aimais entendre  de loin les brides de leur complicité, ça me faisait me sentir chez moi, bien plus que ce canapé étrangement confortable ou cette odeur de produits ménagers au Monoï dont Harry abusait.  Non, rien ne me rassurait plus que leurs voix amusées, leurs  taquineries qui volaient avec acidité d'une pièce à l'autre, mais  toujours autant enrobées de douceur, ça, c'était réellement revigorant, exactement ce dont j'avais besoin. Alors dans un petit souffle pour me redonner du courage, je fermais fort les yeux quelques secondes, récoltant un dernier instant de calme avant de me relever comme je le pouvais de l'assise de ce canapé, roulant sur le côté pour retrouver le sol de carrelage qui avait au moins pour qualité de m'offrir un peu de fraîcheur alors que je me traînais presque  littéralement jusqu'à la cuisine, m'élançant sur une des chaises tirées  autour de la table sans même un "bonjour".

J'avais  étendu mon corps sur la première chaise qui m'était tombée sous la  main, proche d'Harry, me laissant l'occasion de jeter un coup d'oeil à son jeu et de comprendre pourquoi tant de ruminements  sur son manque de chance avant que Mia ne place tranquillement sa main  sur la mienne traînant sur la table, la serrant doucement, ayant deviné  sans mal la fatigue qui rongeait mon corps.

Nos  vacances en Espagne remontaient à longtemps dans mon esprit, une  éternité sûrement, bien qu'en réalité elles ne datent que de deux  petites semaines seulement, et pourtant, le si peu de repos que j'avais  réussi à emmagasiner s'était véritablement envolé en quelques jours  seulement. Les vacances, c'était agréable, mais le travail ruinait vraiment tout.  Heureusement que j'étais tombé amoureux de mon métier, parce que je  n'aurais certainement pas su tenir autrement, mais c'était peut-être  pour ça que c'était si dur, parce que j'en voulais toujours plus, que je  me tuais au travail au lieu de lever le pied. Mais je refusais de faire les choses à moitié, et s'il fallait que j'en paye les conséquences en fin de journée, il semblait bien que ça allait durer ainsi un certain moment.

-Fatigué?  Demanda Mia d'une voix douce en abattant ses cartes, achevant de faire  comprendre à Harry sa défaite, redoublant ses grognements alors que je  me laissais glisser simplement sur la table, abattant ma tête sur le  bois de cette dernière, entre mes bras croisés, acquiesçant dans un  gémissement plaintif qui ne fit que rire doucement cette dernière.

Alizéa - Larry (Terminé)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang