Alizéa - Larry (Terminé)

Chapitre 10:

Le soleil filtrait doucement à travers les rideaux rouges à brodures dorées de mon ami, empochés avec aisance durant l'une des nombreuses mises en enchère des objets fétiches de Damon Raymond, l'un des plus riche héritier de la ville, décédé l'an dernier. Il les avait eu pour une bouchée de pain après s'être battu contre un motard qui tenait certainement à en faire cadeau à sa compagne du moment et une vieille femme phobique des microbes qui s'était vite retirée de la course après avoir remarqué que son voisin, victime d'un virus, n'avait pas pour habitude de mettre sa main devant sa bouche lorsqu'il toussait. La femme avait directement quitté la pièce une mine horrifiée sur le visage et son petit mouchoir de poche sur la bouche comme pour faire barrière avec les microbes présents dans la pièce, laissant sans y réfléchir son dû à Liam qui empochait de magnifiques rideaux à un prix dérisoire.

Depuis, à chaque fois que je dormais dans cette pièce, j'en venais à la même conclusion, quel pouvait-être l'intérêt d'avoir des rideaux aussi épais si c'était pour ne jamais penser à les fermer entièrement. J'étais constamment réveillé par les rayons de soleil filtrant à travers ces derniers, caressant sans retenue mon visage de leur chaleur ce qui ne semblait pourtant ne jamais déranger Liam. Celui-ci dormait encore à côté de moi, un bras au dessus de la tête et l'autre caché sous la couette, la bouche entrouverte dans une moue suggestive.

Je me levai alors difficilement, grognant dans une voix grave et peu réveillée mon mécontentement avant de fermer d'un coup sec les fameux rideaux, ignorant le fait que mon réveil brutal laissait une tâche noire apparaître dans ma vision tandis que ma tête me tournait, rejoignant le lit au plus vite. Je m'y laissai tomber dans un soupir de confort, m'enfouissant une nouvelle fois dans la grosse couverture de satin beige, laissant Liam enrouler un bras autour de mon bassin dans son sommeil, parfaitement habitué à l'omniprésence de ce dernier lorsqu'il dormait, incapable de rester loin de la personne qui partageait son lit, peu importe qui cela pu être. Cela expliquait sans doute le fait qu'il ai continué à dormir avec une peluche jusqu'à la fin de ses années lycée, le brun n'avait jamais été rassuré la nuit, pour une raison obscure qu'il ne connaissait pas lui-même. Ça faisait partit de lui, une autre facette de son improbable personnalité qui faisait de lui un ami attentionné. Je le laissai finalement ronfler deux trois fois dans mon oreille avant de le repousser plus ou moins gentiment, me retournant pour faire face au mur l'air de rien.

-T'es chiant, grommela mon meilleur ami en gigotant dans le lit, se passant la main sur le visage avant de se tourner une nouvelle fois vers moi. Tu m'as réveillé.

-Et toi tu m'as pris pour ta poupée gonflable, je déteste qu'on me ronfle dans l'oreille.

-Tu parles, tu te prives pas pour me le faire sans arrêt, rouspéta t-il en retirant la couette de sur nos deux corps me faisant d'autant plus rouspéter.

-La faute à qui si tu me sers contre toi comme une moule accrochée à son rocher.

-Personne t'as demandé de dormir dans mon lit, je commence à me poser des questions, t'es sûr d'être vraiment hétéro?

-Ta gueule, grommelais-je en replaçant la couverture sur mes épaules, fermant une nouvelle fois les yeux prêt à finir ma nuit bien que mon réveil s'apprêtait à sonner d'une seconde à l'autre.

Je sentis une nouvelle fois Liam se rapprocher, glissant ses deux bras autour de mon buste avant de se coller à mon dos dans une étreinte on ne peut plus amicale. Liam avait toujours été extrêmement tactile, mais c'était sa façon à lui de me faire comprendre qu'il tenait à moi, ce qui ne me dérangeais pas non plus, disons que ce n'était pas ma femme de ménage qui allait me donner de l'attention. Alors un peu de douceur de temps en temps ça m'aidait à me rappeler qu'au moins une personne sur cette foutu terre tenait au moins assez à moi pour supporter ma mauvaise humeur constante.