Chapitre 23:

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Les jours défilaient et se ressemblaient tous, calmes et productifs. Calmes à la maison qui, débarrassée de la présence du bouclé, ressemblait à une petite maison de vacances au bord de mer sans le moindre soucis ni la moindre dispute. Une ligne continue et imperturbable de moments appréciables passés avec Mia à jardiner ou à jouer aux échecs sans la moindre perturbation. Et productifs au travail, où Niall et moi n'avions jamais avancé aussi vite. Les contrats s'enchaînaient, les affaires semblaient se résoudre presque d'elles même tant on avait la capacité de toujours poser le doigt pile au bon endroit, sur le détail qui nous faisait remporter l'affaire.

En somme, une longue vie calme et paisible, mais par dessus tout, bien trop ennuyante. ‌Les‌ ‌journées‌ ‌passaient‌ ‌et‌ se ‌ressembaient‌ ‌toutes.‌ ‌Je‌ ‌me‌ ‌levais ‌aux‌ ‌aurores‌, réveillé ‌par‌ ‌la‌ ‌sonnerie‌ insupportable d‌e‌ ‌mon‌ ‌réveil,‌ ‌déjeunait‌ ‌en‌ ‌compagnie‌ ‌de‌ ‌Mia,‌ ‌parfois‌ ‌Zayn‌ ‌losqu'il‌ ‌se‌ ‌balladait‌ ‌encore‌ ‌chez‌ ‌nous‌ ‌à‌ ‌des‌ ‌heures pas‌ ‌possible‌s, ‌puis‌ ‌filait‌ ‌au‌ ‌travail‌ ‌rejoindre‌ ‌mon‌ ‌associé‌ ‌Irlandais‌ ‌pour‌ ‌le‌ ‌reste‌ ‌de‌ ‌la‌ ‌journée.‌ ‌Il‌ ‌n'y‌ ‌avait‌ ‌pas‌ ‌tellement‌ ‌de‌ ‌détails‌ ‌sortant‌ ‌de‌ ‌l'ordinaire,‌ ‌d'action‌ ‌dans‌ mes‌ ‌journées.‌ Et j'étais incapable de dire si s'était positif ou sincèrement ennuyeux. Après avoir vécu tant de choses ces dernières années, à ne jamais pouvoir me poser, courant toujours ici et là sans même me sentir libre de contrôler ma vie, je devais reconnaître que celle que je menais sur Alizéa, calme, organisé et au milieu de l'amour de mes proches et de mon travail, il y avait quelque chose de sincèrement réconfortant. Mais d'un autre côté j'avais tellement été habitué à devoir gérer plus de choses que necessaire en même temps, à courir après tout et tout le monde, que j'avais du mal à me faire à nouveau train de vie qui, étonnamment, avait commencé à me déranger seulement ces deux dernières semaine. Je me retrouvais presque comme un homme amoureux de son travail se retrouvant à la retraite, obligé d'apprendre à s'occuper avec soi-même, il me manquait quelque chose. Et même si cela correspondait, je refusais de croire que c'était l'absence du bouclé qui créait cette impression en moi. Je pensais seulement que le fait qu'il n'était plus là pour m'embêter était un détail de plus de tout ce qui occupait mes journées avant et avait disparu, comme la goutte qui faisait déborder le vase, la préoccupation en moins qui avait rendu ma vie ennuyante. Mais il n'en était pas la cause entière, bien sûr que non.

-Tiens mon lapin, je t'ai fait une petite liste, souria Mia en arrivant vers moi, arrangeant le col de ma chemise du bout des doigts en déposant un baiser mouillé sur ma joue.

-Je suis assez grand pour faire des courses tout seul sans rien oublier tu sais? Demandais-je joueur en récupérant néanmoins le petit bloc note recouvert sur ses deux faces d'ingrédients en tout genre.

-Oui mais tu sais j'ai mes petites habitudes moi, souria t-elle, je serais toute perdue si je n'ai pas mon poivron jaune bien mûr ou mon radis noir.

-Ouais, dommage, ça nous éviterait d'en manger, grognais-je dans ma barbe, faisant tout de même pouffer Mia qui donna un petit coup joueur sur mon épaule avant de me pousser gentiment vers la porte de la maison, me pressant pour faire son marché pendant qu'elle accueillait la voisine Léa pour le thé.

Et, dans un dernier petit signe de la main sur le palier, elle referma la porte d'entrée derrière moi sans une once de culpabilité, me chassant de la maison, mon ridicule panier sous le bras, sa liste entre les mains. Je secouais la tête pour moi-même, pouffant de son côté caractériel avant de filer à travers le petit chemin de bord de mer vers la grande plage de l'île, le soleil haut dans le ciel tapant sur mes jambes nues recouvertes d'un short plutôt court, s'arrêtant au milieu de mes cuisses. Tenue que je n'avais pas sortit depuis un moment, mal à l'aise avec l'idée de quitter mes pantalons de travail. J'avais pourtant décidé de me laisser aller le week-end, passant de mes pantalons aux short en me rassurant par le seul fait de garder une chemise par dessus, pas totalement en tenu de travail ni entièrement en tenue estivale, un mixte des deux qui me faisait me sentir bien. Peu importe que tout le monde ici n'avait rien à faire de la tenue que je pouvais bien porter. Finalement, une grande respiration de l'odeur iodée et du sable chauffant lascivement sous le soleil suffit à me redonner le sourire alors que je remontais le chemin pavé, entendant déjà les éclats de voix des habitants de l'île et du marché, la petite odeur d'épices habituel venant chatouiller mes narines.

Alizéa - Larry (Terminé)Where stories live. Discover now