Chapitre 4 (11) : ...rursus ad somnia

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Je reste figée. Est-ce un aveu ? Difficile, à dire, même elle ne semble pas sûre des mots qu'elle prononce. Mais en l'absence d'autre piste....

- Tu....as conscience que cela fait de toi la suspecte numéro une ? N'est-ce pas ?

Elle acquiesce lentement, mais son regard demeure perdu. Lunaire. Les autres ont entendu son demi aveu. Tous regardent à présent la fratrie de loin.

- Je sais pas trop en fait....je sais juste qu'on m'a dit une fois....il y a....très longtemps...qu'une gentille petite fille elle disait la vérité. Et ben la vérité c'est que je sais pas ce que je faisais hier soir.

La même logique qu'avec Sukina ne peut s'appliquer. A ce moment, j'avais fait remarquer que la seule règle de ce jeu était qu'on ne pouvait se constituer coupable à partir du moment où on l'était. Mais face à moi, cette petite fille....ne le sait même pas. Elle ne sait pas....ce qu'elle a pu faire. Et ses paroles me reviennent. L'assurance dans sa voix quand elle a déclaré qu'elle pourrait tester ses théories avec sa canne. L'objet, qu'elle serre encore maintenant avec ses petits doigts fins. Kagari vient se placer devant elle pour la soustraire de mon regard, et lance avec une certaine véhémence :

- Hop hop hop ! Écoute, la scénariste, c'est pas du tout une preuve de quoique ce soit, donc t'as pas intérêt à la soupçonner pour ça.

- Tu as une...preuve qu'elle n'a pas commis ce crime ?

Son visage se contracte. Il est en colère. Mais il ne me fait pas peur. J'ai promis de venger Sour. Et s'il s'agit de Kezelyu, alors je serai sans pitié. C'est ce qu'implique ce rôle de malheur qu'on a voulu me refiler, non ?

- J'en ai pas.

Sa voix a claqué comme un fouet, me figeant sur place. Il poursuit en croisant les bras :

- J'ai pas de preuves. On s'est endormis tous les deux, et quand jme suis réveillé une demi heure plus tard elle était pas là. Jl'ai cherchée partout, mais aucune trace d'elle. Je l'ai retrouvée ce matin au réfectoire.

Ainsi même Kagari n'est pas resté avec elle. Je détourne le regard en soupirant.

- Je suis désolée Kagari mais....en attendant qu'on ait plus d'éléments, il va falloir enfermer Kezelyu quelque part.

- T'es pas sérieuse ?!

Il détache son escabeau de son dos, et un instant j'ai peur qu'il n'essaye de me frapper avec. Mais il se contente de le poser au sol, avant de grimper  dessus pour se retrouver à ma hauteur. Son sourire est teinté d'incrédulité.

- Tu toucheras pas à un seul de ses cheveux, scénariste. J'ai eu tort de te faire confiance. Elle est pas coupable.

- Tu n'as rien pour le prouver !

Mon ton est monté plus haut que je ne le voulais. Mais l'Architecte est loin d'être intimidé.Autour de nous, les autres s'approchent petit à petit. Sukina a laissé tomber le corps du corbeau, et tresse tranquillement une corde.

- Ptêtre bien, et t'as aucune preuve pour l'accuser ! Pourquoi ce serait pas toi la tueuse d'abord ?

- Ça ne me plaît pas, Kagari, mais écoute...

- Nan, toi tu écoutes. Tu ouvres graaand tes esgourdes ! Tu lui tombes dessus, comme ça, alors qu'elle a ses propres difficultés ! Elle est pas coupable, elle en serait pas capable !

- Parce que tu es bon juge des gens, peut-être ? Tu as pris un meurtrier pour ton père !

Je me fige. Ces mots....Sont-ils vraiment sortis de ma bouche ? Kagari semble presque...déstabilisé par ce coup bas. Il cligne des yeux, plusieurs fois, sans se départir de son sourire. Alors qu'il lève la main, Kezelyu vient poser sa main sur sa cheville.

Danganronpa : L'Enfer AquatiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant