Chapitre 6 - Conflagrations

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Publié le 21 février 2021

1201 mots

***

À la seconde où j'avais franchi le seuil de la villa de mon grand-père, je n'avais plus eu qu'une idée en tête : foncer chez Cassandra et lui faire regretter ses indiscrétions. J'avais prétendu que Bertrand m'avait invitée à dîner, et j'ai filé sur le campus, le cœur tambourinant dans ma poitrine.

Pour être parfaitement honnête, ce n'était pas seulement la colère qui me donnait l'impression d'être une bombe sur le point d'exploser. Des impulsions contradictoires bouillonnaient en moi, et je me sentais... bizarre. Mes doigts pianotaient frénétiquement sur le rebord de la vitre, tandis que le visage de Cassandra dansait devant mes yeux. Elle n'avait pas évoqué mon roman par inadvertance, j'en étais sûre. C'était un message pour moi, une pure provocation. J'étais loin de comprendre son manège, mais j'avais décidé de ne plus laisser d'ambiguïté planer.

J'ai remercié mon chauffeur brièvement, en lui disant qu'il n'était pas nécessaire de m'attendre, et j'ai gravi les marches de la résidence universitaire quatre à quatre. La chambre de Cassandra n'avait pas été difficile à trouver, en lisant attentivement les plaques des boîtes aux lettres.

Sans perdre un instant de plus, je frappai plusieurs coups énervés contre la porte, en espérant que Cassy n'était pas partie crapahuter je ne sais où. Pour ce que j'en savais, elle était peut être en train de bidouiller l'ordinateur d'un mafieux local et d'optimiser un système de paris illégaux. J'étais presque sûre que Bertrand n'avait pas inventé son histoire de combats underground de chiens galeux. Même s'il avait pris un étrange plaisir à voir mon expression horrifiée.

La porte de Cassandra s'ouvrit brutalement, coupant court à mes divagations. Elle posa un regard ahuri sur moi, tout en déposant le sac de sport qu'elle tenait à la main. Manifestement, elle s'apprêtait à sortir. Elle portait un sweat-shirt bien trop grand pour elle et un de ces pantalons de yoga si moulant qu'il épousait ses formes comme une seconde peau. Je déglutis en redirigeant mon regard vers son visage – pour une fois, elle n'était pas maquillée, ce qui me permit d'admirer les longs cils noirs qui encadraient ses yeux.

« Salut Ambre, fit-elle après un silence étonné. Je sais pas pourquoi tu es là, mais j'ai un cours de yoga dans un quart d'heure, alors...

– Oublie le yoga, fis-je en la poussant à l'intérieur. On doit parler. »

Sa voix avait fonctionné comme un choc électrique, me rappelant pourquoi j'avais accouru comme une furie jusque dans sa résidence. J'étais même censée être énervée.

Étrangement, Cassy ne protesta pas. Elle me laissa rentrer, ferma soigneusement sa porte d'un tour de clés, et se tourna finalement vers moi, un sourire au coin de lèvres.

« Alors, Ambre Delacroix, on avait trop envie de me voir ? Fit-elle d'une voix moqueuse.

– Qu'est-ce que tu as dit à mon oncle, exactement ? Fis-je de but en blanc. »

Elle haussa un sourcil, tout en s'adossant contre son bureau.

« Je ne sais pas à quoi tu penses, mais je parle beaucoup à ton oncle, vu que je travaille pour son service. La dernière chose que je lui ai dite, c'était qu'il fallait rattraper le retard de mise à jour des systèmes d'exploitation du service. Je ne vois pas ce qui te dérangerait là-dedans, parce que c'est vraiment une précaution de base.

– Non! Je me fiche de tes trucs de nerd, je veux savoir ce que tu lui as dit sur moi !

– Rien de particulier, je me contente de répondre à ses questions quand la conversation s'y prête. Il t'aime beaucoup, je crois...

Piégée par la nerd [terminé]Where stories live. Discover now