Chapitre 10 - L'inéluctable catastrophe ?

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Publié le 2 mars 2021

2280 mots

*

Je faisais les cent pas depuis cinq bonne minutes maintenant. J'avais les mains moites, le cœur battant, et la gorge serrée.

Mes doutes avaient émergé sur le chemin du campus. J'étais en robe de soirée, et j'avais demandé au chauffeur de me déposer au pied de la résidence – il était un peu tard pour envisager de faire demi-tour. Mais plus il se rapprochait, plus j'étais effrayée par ce moment que j'avais attendu toute la semaine. Une part de moi n'avait plus du tout envie d'aller au gala.

J'avais décidé de prendre un petit moment pour me calmer, avant de frapper à la porte de Cassy. Faire des exercices de respirations, relativiser, ce genre de truc. Mais à la place, j'élaborais des scenarii de plus en plus angoissants : et si Cassy avait prévu de me poser un lapin, histoire de se moquer de moi un bon coup ? Ou pire, si elle attendait ce moment pour me dire qu'il y avait eu un malentendu ? Que nous étions quittes maintenant qu'elle avait obtenu son stage, et que, euh... nous avions couché ensemble. Ça avait l'air un peu délirant, mais après tout, je ne savais jamais à quoi m'attendre avec elle.

Je n'étais pas sereine, vraiment pas. Je ne pouvais pas m'empêcher d'anticiper la prochaine catastrophe.

« Si tu continues à tourner comme ça, tu vas creuser un sillon ! » fit une voix moqueuse.

Je sursautai : Cassy me regardait, hilare, depuis l'embrasure de sa porte.

« Tu m'as entendu arriver ? Demandai-je piteusement.

– Yep, et j'ai fini par me demander pourquoi tu n'avais pas essayé d'entrer.

– Je ne voulais pas avoir trop d'avance, mentis-je. On avait dit 19h30, et il est seulement...

– Dix-neuf heures vingt-huit, rit-elle en consultant sa montre. Voilà une avance absolument inconvenante. »

Elle m'adressa un sourire presque dépourvu de malice, et elle me fit signe d'entrer.

« Je prends mon manteau et mon sac, et je suis prête à partir. »

Pas de catastrophe pour le moment, c'était bon signe. J'attendis en silence pendant qu'elle rassemblait toute une collection d'objets incongrus à mettre dans son sac – je comprenais pour le paquet de mouchoirs, et sa bombe lacrymogène pouvait potentiellement se révéler utile, mais un tire-bouchon ? Quand elle ajouta une lampe-torche à tout ça, il devint affreusement difficile de rester silencieuse.

Sauf que je ne tenais pas à engendrer la prochaine catastrophe si vite – je préférai me distraire en détaillant sa tenue. Cassy portait une très jolie robe vert sapin, pourvue d'un jupon qui lui donnait beaucoup d'ampleur. Associée à des chaussures cirées et un collier ras du cou, sa tenue était absolument ravissante.

Elle releva brusquement la tête, l'air troublé. Ses joues avaient repris la teinte rosée que j'adorais.

« Quoi ?

– Pourquoi tu me regardes comme ça ? Fit-elle. Tu me fixes comme si j'étais... Enfin c'est... perturbant.

– J'admirais ta tenue, dis-je en souriant. Et je me demandais si tu survivrais une soirée entière sans tes collants déchirés. »

Elle se rapprocha avec une moue amusée.

« Je peux encore me changer, si tu préfères, fit-elle en battant des cils. J'ai dans mes placards un body en vinyle absolument ravissant.

– Ce serait tellement dommage d'apparaître en public dans une tenue correcte.

– Ne me contrarie pas, la bourgeoise, ou je garde ton cadeau de Noël ! »

Piégée par la nerd [terminé]Where stories live. Discover now