Chapitre 9 - Au bout du fil

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Publié le 28 février 2021

2300 mots

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Je m'étais levée difficilement, le matin de Noël. Mon corps était encore lourd de fatigue, et je ressentais un désir particulièrement vif de retourner sous la couette pour quelques heures. Le début des vacances n'avait pas suffi pour que je rattrape tout le retard de sommeil accumulé à la fin du semestre. Les partiels, le rendu d'une version corrigée de mon roman, et la préparation des fêtes de fin d'année, ça avait fait beaucoup. Bien sûr, je n'avais rien arrangé en allant à la fête de fin de partiel d'Olivia – on s'était bien amusé, mais ça avait ajouté une nuit blanche à tout le reste.

Un cri suraigu parvint jusqu'à ma chambre – ma nièce venait sans doute d'ouvrir son dernier cadeau. Je devais me faire une raison : on ne se levait jamais tard, le matin de Noël, surtout quand il y avait des enfants dans l'équation. Le chalet de mes grands-parents avait beau être grand et bien isolé, rien ne parvenait à contenir les exclamation ravies de la marmaille. Ce serait naïf d'espérer me rendormir maintenant.

Et puis, me rappelais-je en m'extirpant lentement du lit, les adultes attendaient que tout le monde soit présent pour ouvrir leurs propres paquets. Ce ne serait sans doute pas charitable de les faire patienter jusqu'à midi.

Je pris le temps d'ouvrir les volets et de contempler le paysage alpin. Il ne neigerait pas ce matin : le ciel était dégagé, et le soleil, quoique encore bas, faisait déjà scintiller le reliquat de neige piégé sur les sapins. Au loin, le paysage était dominé par la silhouette vertigineuse des montagnes. J'adorais cette vue, qui me donnait des envies de grand air. Nous irions sans doute faire quelques heures de ski dans l'après-midi, mais pour le moment je devais me contenter d'admirer le cadre.

Je refermai la fenêtre quand la fraîcheur de l'air commença à me faire frissonner, et je parcourus ma chambre du regard, maintenant qu'elle était baignée de lumière matinale. Elle était très agréable, avec ses murs crème, ses poutres en bois apparent, et sa décoration rustique. Tout le mobilier était fait de bois brut, du lit Queen size à l'armoire ouvragée, en passant par la coiffeuse sur laquelle trônait mon ordinateur. Je fixai l'objet un moment, tiraillée par des désirs contradictoires. Est-ce que je prenais cinq minutes pour consulter mes mails ? Ça ne me retiendrait sans doute pas longtemps, de toute façon, et la tentation était... forte.

D'un autre côté, je m'étais promis de ne pas ouvrir ma messagerie plus d'une fois par jour, et je l'avais longuement parcourue hier soir.

Je me rappelai rapidement pourquoi je m'étais fixé cette règle – si je m'écoutais, je consultais mes mails toutes les cinq minutes, et ça me rendait folle. Littéralement. Parce qu'évidemment, la réponse que j'espérais n'arrivait jamais. Ce n'était pas évident de se faire une raison.

Me détournant de l'ordinateur, j'enfilai un long cardigan bordeaux, dont la couleur s'harmonisait parfaitement avec les détails de mon pyjama en soie. La tradition voulait qu'on se retrouve tous en pyjama, le matin de Noël, mais je n'allais pas me négliger pour autant. Je passai un rapide coup de brosse dans mes cheveux, avant de glisser mon téléphone dans la poche de mon cardigan et de descendre. Il y aurait sans doute de la matière pour alimenter mon compte Instagram, ce matin.

Quand je rejoignis le salon, les enfants avaient déjà disparu dans une véritable mer de papier cadeau. De temps à autre, on les voyait émerger en riant, un jouet à la main, avant de repartir à l'assaut de leur montagne de cadeaux. Leurs parents les regardaient se déchaîner avec l'air satisfait de soldats qui ont été gratifiés d'une trêve de vingt-quatre heures. J'adorais les enfants, mais j'étais quand même soulagée de ne pas en avoir sous mon propre toit. Ça avait l'air de tenir du sport extrême.

Piégée par la nerd [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant