Tu es à moi

Chapitre 1 : Retour

D'habitude je ne suis absolument pas matinal. Sortir de mon lit est une vraie épreuve me semblant insurmontable, mais aujourd'hui ce n'est pas le cas. Non. Aujourd'hui je ne peux pas me permettre d'être encore couché quand il franchira la porte de la maison. C'est d'ailleurs avec cette idée en tête que j'avais réglé, la veille, mon réveil à neuf heures pile. Cependant, ce n'est pas lui qui me réveilla, j'avais déjà les yeux grands ouverts et fixais le plafond quand ce dernier eut décidé de sonner. Maintenant, le pauvre appareil est par terre muet — peut-être que j'y suis allé un peu fort.

Je m'étire de tout mon long et saute sur mes pieds. Je ne pouvais qu'être heureux. J'allais le revoir après dix ans. Je me demande s'il a changé. Moi oui en tout cas, heureusement d'ailleurs.

J'avais dix ans quand il est parti à l'étranger. Je me souviens que j'avais tout fait pour ne pas pleurer en le regardant s'éloigner à l'aéroport, mais qu'une fois à la maison j'avais laissé toutes les larmes de mon corps couler pour mouiller mon oreiller. Je ne voulais pas qu'il parte, je souhaitais qu'il reste avec moi pour toujours, mais... Comme il le disait tout le temps : je n'étais qu'un gamin.

Aujourd'hui tout a changé, je ne suis plus un enfant timide et naïf. Cette fois-ci je vais tout faire pour le garder près de moi. Oui je sais que cette façon de voir les choses peut paraître égoïste, mais c'est plus fort que moi... Je ne veux plus jamais ressentir le trou qui s'est installé en moi le jour de son départ.

Je prends mes affaires soigneusement préparées sur mon bureau et cours en direction de la salle de bain. En passant devant ma mère — qui est sûrement venue me réveiller — je lui souffle un "bonjour" et m'enferme dans la salle d'eau. Je jette mes habits sur le premier objet venu, c'est-à-dire la machine à laver, puis m'arrête un instant devant le miroir juste au-dessus du lavabo.

À ma grande surprise, je n'ai pas de cernes, par contre mes cheveux sont complètement décoiffés. Bon ce n'est pas bien grave, une bonne douche et ce sera réglé. Je me désape rapidement, en même temps j'ai pris l'habitude de dormir seulement vêtu d'un boxer et d'un tee-shirt, donc ça ne peut qu'allait vite. Par contre, pour ce qui est de la douche...

J'entre dans la cabine, pointe le pommeau vers un coin et allume l'eau. Il faut attendre un petit moment pour que le liquide soit à la bonne température — je ne suis pas le genre de personnes qui aiment les douches froides dès le matin.

En voyant l'eau couler le long de mon corps, je ne peux m'empêcher de replonger dans mes souvenirs, même si à l'époque nous avions une baignoire.

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Je rigolais à gorge déployée tout en donnant de grands coups dans l'eau du bain, éclaboussant toute la pièce.

— Je t'ai déjà dit d'arrêter, Eren !

Fit une voix que je ne connaissais que trop bien.

Je me retournai alors pour voir la deuxième personne qui se trouvait dans la salle de bain et je rigolais. Je rigolais en voyant ses cheveux noir de jais complètement trempés. Je rigolais en voyant son tee-shirt gris noyé. Et je rigolais en voyant son visage perplexe ne sachant plus quoi faire pour calmer le petit démon que j'étais.

— ATTAQUE DE LA BOMBE !

J'avais crié en me levant soudainement, pour retomber aussitôt dans la baignoire.

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Maintenant que j'y repense. Que s'était-il passé après ça ? Il m'avait sûrement puni en me demandant — ou plutôt en m'ordonnant — de nettoyer tout le bazar que j'avais fait. Oui, pour ça il est vraiment tout l'inverse de moi. Je suis bordélique, quant à lui il est organisé, je dirais même maniaque. Enfin je dis ça mais... Est-ce qu'il est toujours comme ça ? Les gens changent en dix ans, il ne doit pas déroger à la règle.