Chapitre 16 : Mauvais pressentiment

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J'attends toujours à l'infirmerie. J'ai insisté auprès de l'infirmière pour partir tout seul, mais elle n'a rien voulu entendre. Du coup, elle a appelé ma mère et je dois attendre qu'elle vienne me chercher en voiture.

Je devrais éviter de me plaindre, car au fond de moi je n'ai aucune envie de rentrer à la maison. Je ne sais pas comment je réagirais en voyant qu'il n'est plus là.

Je regarde l'écran de mon portable. J'ai déjà essayé de l'appeler trois fois mais, bien entendu, il ne me répond pas. Je crois même qu'il a éteint son téléphone car, pour mon dernier appel, je suis directement tombé sur la messagerie. Je veux juste de plus amples informations.

C'est vrai ça... Pourquoi ne veut-il plus me voir ? Qu'il déménage ne me dérange pas, mais ne plus se voir du tout... C'est extrême. Et aussi... Est-ce vrai qu'il ne m'aime pas ? Ça, je ne peux le croire. C'est bien trop dur.

Je suis retiré de mes pensées par l'infirmière qui passe la tête par la porte de la pièce.

— Jäger, votre mère est arrivée.

Je me lève, bien plus difficilement que je ne l'aurais cru. Je crois que mon corps n'a pas encore complètement récupéré. Maintenant je comprends la raison qui l'a poussé à ne pas me laisser partir seul. Je ne sais même pas si j'aurais réussi à atteindre l'arrêt de bus, au vu de mon état. Aussi, supporter un voyage dans ce transport aurait aussi été un vrai calvaire.

J'arrive dans le couloir ou je rejoins, amorphe, ma mère qui me regarde avec son éternel air inquiet. La pauvre, je lui en fais vraiment baver. Elle va finir par avoir des cheveux blancs à force. Quel fils je fais, moi ?

Je la dépasse sans dire un mot. Je l'entends ensuite remercier l'infirmière avant de me rejoindre. Je la remercie de ne pas chercher d'explications. Je n'ai vraiment pas envie de causer, je veux juste...

Qu'est-ce que je veux ?

Avant de monter dans la voiture de ma mère, je sors mon téléphone et m'appuie sur la portière. Je ne sais pas si ça sert véritablement à quelque chose, mais je veux tout de même essayer encore une fois. Je vais dans mes contacts et sélectionne Livaï avant de lancer l'appel et d'amener l'appareil à mon oreille.

Une sonnerie, puis deux et trois. La quatrième est interrompu en plein milieu.

[Vous êtes bien sur la messagerie de Livaï Ackerman, veuillez laisser un...]

Je raccroche en lâchant un long soupir, puis monte enfin dans le véhicule, où ma mère m'attend en silence. Le trajet jusqu'à la maison se fait également sans un bruit, même la radio — qui est d'habitude toujours allumée — n'émet aucun son. Pourtant je vois bien que ma mère veut l'allumer, mais elle semble avoir peur de faire le moindre mouvement de travers.

Elle s'inquiète pour moi. Je le sais. Elle veut sûrement que je me confie, mais je n'en ai pas du tout envie.

Je vois la maison par la fenêtre et une soudaine douleur vient serrer ma poitrine. Merde ! Ça ne va pas recommencer j'espère. J'ai le souffle court.

Si je passe le pas de la porte, il ne sera pas là. Ou alors... Peut-être suis-je en plein cauchemar et je vais me réveiller en rentrant à la maison. Pourquoi cette idée me paraît-elle complètement impossible ? Ce n'est pas faisable car, vu la douleur que je ressens, je me serais déjà réveillé depuis un bon moment. Enfin... Je pense.

J'ai l'impression que la voiture est arrêtée. Nous devons sûrement nous trouver dans l'allée du garage. Je n'arrive pas à me repérer dans l'espace, tout redevient flou et sombre.

Je sens une pression sur mon épaule. Est-ce maman ? Je tourne la tête dans sa direction. Elle est toujours là, elle semble complètement paniquée. Je crois qu'elle me parle, mais je ne parviens pas à entendre sa voix. Je crois que ça recommence.

Tu es à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant