Tu es à moi

Chapitre 14 : Incompréhension

Je m'installe dans l'amphi accompagné d'Armin et, à mon grand désarroi, nous sommes ensuite rejoints par Jean, Conny et Hitch. Ces trois là n'arrêtent pas depuis ce matin. Il fallait bien s'y attendre, ils n'en ratent pas une. Alors quand ils m'ont vu arrivé au bahut avec un sourire s'étirant d'une oreille à l'autre, ils ne se sont pas fait prier pour me poser tout un tas de questions. Enfin je l'ai peut-être cherché, je fais la gueule en permanence alors, quand ce n'est pas le cas, je peux comprendre que ça paraisse louche.

Je regarde mon portable en ignorant une énième remarque du trio de rigolos. Je suis dans mes messages, plus précisément dans la conversation entre Livaï et moi. Le dernier message date d'il y a deux jours, quand nous sommes allés au bowling. Je veux lui dire que je voudrais lui parler, mettre les choses au clair comme je l'avais prévu hier. Bien sûr, il a fallu que j'oublie et aille me coucher directement après le repas, et ce matin Livaï était déjà parti quand je me suis réveillé. Je n'arrive pas à lui envoyer un message. Qu'est-ce qui se passera si, une fois devant lui, je ne sais pas quoi lui dire ? J'aurais l'air de quoi...?

Jusque là je n'ai pas eu de mal à lui dire que je l'aime, et quand j'ai remarqué que c'était réciproque j'étais aux anges. Mais officialiser la chose c'est plus compliqué, du moins c'est l'impression que j'ai.

Je repense à la phrase qu'avait prononcée Livaï : "Mets-toi à ma place, c'est compliqué.". Je crois comprendre où il voulait en venir. Je pense qu'il a peur de la réaction que pourraient avoir mes vieux, et cette crainte est justifiée. Je n'y avais pas prêté attention jusqu'à maintenant, mais j'ai moi aussi une certaine appréhension là-dessus. Si on finit par sortir ensemble, il faudra bien mettre au courant mes parents un jour ou l'autre. C'est ça qui me bloque en ce moment, c'est pour ça que je n'arrive même pas à envoyer un foutu message !

Je suis coincé. Quelle va être la prochaine étape ? Je dirige mon regard vers les grandes fenêtres qui laisse la lumière envahir l'amphi. Le cours a déjà commencé, mais je n'ai clairement pas la tête à ça, en plus ce n'est pas une matière bien importante. Je préfère contempler le magnifique ciel bleu parsemé de petits nuages. Franchement, c'est une torture d'être enfermé alors qu'il fait si beau...

Mon attention est soudainement redirigée vers mon portable. Je viens de recevoir un message. De qui ?

Je manque de m'étouffer en voyant le nom de l'expéditeur. C'est Livaï. J'affiche la notification. Il me demande à quelle heure je finis. Je regarde rapidement mon emploi du temps. Je suis en train de participer — si je puis dire — à mon dernier cours. Je regarde l'heure, il ne me reste que trois quarts d'heure à tenir. Je lui réponds et, presque instantanément après l'envoi de mon message, il me répond un simple OK.

Ce n'est pas sympa ça !

Maintenant je vais être impatient et le temps va me paraître deux fois plus long. Qu'est-ce qu'il veut ? Pourquoi me poser cette question ? Ça doit bien être la première fois depuis qu'il est revenu, en temps normal mon emploi du temps ne l'intéresse pas le moins du monde. Je ne suis pas non plus idiot, je sais que ça a un rapport avec ce qui s'est passé hier, mais je ne peux m'empêcher de me poser toute une ribambelle de questions.

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— Bon week-end !

Me dit Armin qui s'éloigne en me faisant signe.

— Ouais, bon week-end à toi aussi !

Je reste un instant, le regard posé sur mon meilleur ami qui part pour un autre cours. Franchement, je ne sais pas comment il fait pour avoir autant d'heures et une vie à côté. Moi je fais déjà le minimum et mes journées se résument à : métro, boulot, dodo comme on dit. Ou alors c'est juste que je n'arrive pas à gérer mon temps.