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J'étais restée une bonne dizaine de minutes au téléphone avec Roano, à lui décrire mon entourage tout en essayant de ne pas céder à la panique. Je me rapprochai d'une des caméras de surveillance, dans le but de rester dans le champ de vision de la sécurité au cas où quelque chose se passerait mal.

- Marcos sera là dans moins de cinq minutes, dès que tu le verras tu lui passeras le téléphone ; reprit Roano après un moment de silence.

Sa voix semblait désormais plus calme et tout ce qui me venait en tête, était de l'interroger sur cette absence durant laquelle il m'a laissé sans nouvelle.

- Je suis surprise que tu n'aies pas perdu mon numéro ; dis je avec sarcasme, tout en continuant à guetter l'arrivée de Marcos le chef de la sécurité.

- Où veux-tu en venir ?

- Eh bien... Je constate que jusqu'à ce que tu apprennes que ta maison était en feu, je n'étais pas vraiment ta priorité.

- Layana...

- Non c'est tout à fait légitime, quand on pense au nombre de soucis que je t'apporte depuis que je suis ici. Mais vois-tu j'aurais préféré que tu me le dises très clairement au lieu de disparaître comme ça dans la nature; répliquai je.

- Layana tu es loin du compte ; reprit-il calmement.

- Loin du compte ! Comment je suis censée interpréter le fait que...

- Señorita García.

Je levai les yeux au ciel en remarquant Marcos qui venait d'arriver avec deux de ses collègues. Ce n'était pas tant le soulagement de les voir mais la frustration qui me poussa à cette réaction, il venait de m'interrompre alors que j'avais un moyen de pression sur Roano pour obtenir les réponses à mes questions.

- Tenez, il est au bout du fil.

Je lui passai mon portable, pendant qu'on m'escortait vers un véhicule tout terrain de couleur noire. Je fus installée à l'arrière et très vite Marcos revint avec mon portable.

- Señor Álvarez voulait se rassurer que vous êtes en sûreté ; commença-t-il.

- Où est-ce qu'on va?; demandai je alors que le véhicule se mettait en marche.

- Dans sa maison de campagne, il vous y attend.

Mon cœur rata un battement. En dépit du fait que j'étais en colère contre lui, je devais admettre qu'il m'avait affreusement manqué. Et je n'avais qu'une hâte, me lover dans ses bras peu importe s'il ne veut plus de moi, ou alors qu'il cherche une nouvelle fois à disparaître de ma vie, je le voulais, même si ce n'était que pour quelques minutes.

Le voyage n'avait pas été long grâce aux capacités épatantes du chauffeur qui nous avait conduit jusqu'au châlet comme si nous avions le diable à nos trousses. Après avoir passé les grilles de sécurité, il choisit enfin de donner au véhicule une allure raisonnable. En approche de la bâtisse qui respirait le luxe, je ne restai en admiration que devant l'homme qui faisait battre mon cœur. Rien que par sa présence en haut des marches, il avait réussi à me faire oublier la pénible journée que j'avais eu. Au moment où le véhicule s'immobilisa, il m'ouvrit la portière et me tira de ma place pour me serrer dans ses bras. J'aurais voulu le repousser, le frapper, le couvrir d'insultes, l'ignorer même, mais rien y faisait. Ce contact, j'en avais autant besoin que lui, voire bien plus.
Il ne prononça pas un mot après notre étreinte et me guida à l'intérieur de sa somptueuse maison jusqu'à une immense porte au premier étage.

- Excuse moi, je devrais te demander ton avis avant de... Je n'aimerais pas t'imposer quoique ce soit. Si tu souhaites avoir ta propre chambre, cela peut se...

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