Partie 1 - Chapitre 20

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Je me réveillais le lendemain trempée de la tête au pied. L'humidité et la rosée du matin ne m'aidaient pas. C'était sans compter la sueur qui émanait de mon corps. Mon t-shirt blanc était devenu complètement transparent, adhérant à mon torse comme une seconde peau. Alors, avec dégoût, je tentais de le décoller et d'aérer par la même occasion les parcelles trempées de mon être.

J'avais été réveillée par la lumière du jour, mais impossible pour moi d'estimer l'heure qu'il était actuellement. Le soleil brillait suffisamment pour supposer que nous étions en pleine matinée.

Je n'avais aucune idée de quoi faire. J'étais affamée et affaiblie malgré mon sommeil de plomb.

Je me levais difficilement, et, après avoir détendu mes bras et mes jambes, je me décidais à marcher approximativement dans la même direction que la veille. J'ignorais jusqu'où cette mascarade allait me mener mais j'espérais au fond de moi tomber d'un moment à l'autre sur un quelconque signe de vie humaine.

Mes pas se succédaient, au même rythme que les heures défilaient. Et même si j'avais perdu la notion du temps, je savais que depuis que j'avais quitté la minuscule clairière dans laquelle j'avais dormi, il s'était écoulé plusieurs heures. J'avançais sans me concentrer sur mes pas, je m'approchais dangereusement du stade de zombie.

J'avais l'impression de marcher dans un désert, immensément aride et dépeuplé. La seule différence ici était cette ambiance assourdissante et ces couleurs vives dans un damné camaïeu de vert.

Je sentais que mes pas se faisaient de plus en plus faibles. Mon corps commençait à lâcher progressivement, à cause de la faim, de la soif et de l'insoutenable incertitude. Je n'avais même plus de chemin précis en tête, j'avançais machinalement une jambe après l'autre. M'arrêter signifiait abandonner. Et abandonner, ici, signifiait l'abandon de tout espoir de survie.

Mon esprit devenait brumeux. Mes pensées de la veille s'entremêlaient avec ce besoin irrépressible et incohérent de voir César. Je me détestais d'être aussi faible. Psychologiquement ou physiquement parlant, cette foutue colonie m'avait poussée à bout.

Chaque enjambée était de plus en plus difficile. Je fronçais les sourcils. Ma vue devenait trouble. J'avais l'impression d'avoir un peu trop négligé mes forces restantes.

Peut-être aurais-je dû me reposer un peu plus.

Mais j'étais incapable de rester mobile plus de quelques minutes dans un endroit fixe dans cette jungle, qui plus les heures passaient, plus me semblaient menaçante.

Sans surveiller mes pas, je trébuchais sur une écorce qui dépassait et brutalement, je me retrouvais projetée au sol.

Mais, malgré la violence du choc, ma chute ne suffit pas à remettre mes esprits en place.

Au contact du sol, je me sentais incapable de me relever. J'avais épuisé mes dernières forces. Je n'avais pas mangé depuis la veille et ma bouche était desséchée tant je manquais cruellement d'eau potable et fraîche.

Comme ma peau, la terre était recouverte de cette fine particule d'humidité. La matière marron adhérait à ma peau et mes cheveux mais je ne me préoccupais même plus de la saleté. Je voulais juste m'endormir, fermer les yeux pour des siècles et espérer qu'à mon réveil, je serais loin de cette jungle.

Et, alors que j'avais pertinemment conscience que mes espérances étaient vaines, mes yeux se fermaient et perdant totalement le contrôle de mon corps, je m'effondrais dans un profond sommeil.

Des bribes de voix d'hommes vinrent troubler ma léthargie.

J'ignorais comment mon esprit avait réussi à réanimer les cellules endormies de mon cerveau. L'instinct de survie, je suppose.

ColoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant