Partie 1 - Chapitre 23

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Encore déboussolée par ma solitude inattendue, je déambulais sans but parmi les installations de la Communa.

Il n'y avait aucun charbon ardent dans le four à bois, l'enclos des poules était fermé et seul le bruit incessant de la faure troublait ce tableau sauvage.

Revenant sur mes pas pour me rapprocher de la maison principale, mon regard fut attiré par plusieurs objets présents sur la table de la terrasse. Je ne les avais pas aperçu plus tôt, trop occupée à ma contemplation d'une paix enfin obtenue.

Les sourcils froncés, je me rapprochai rapidement de la structure en bois abimée et tachée par le temps et l'humidité perpétuelle. Ce n'est qu'une fois suffisamment proche que je discernais les objets rangés de façon droite, sans qu'aucun d'eux ne dérive de sa route.

Il y avait une montre et à gauche, un carnet, un stylo et un livre avec une couverture d'une couleur bleue roi.

Par réflexe, j'attrapai le livre et lu le titre.

Surveiller et punir de Michel Foucault.

Un sourire mauvais se dessina sur mon visage.

Il n'y avait qu'un homme comme César pour me donner ce livre alors que j'étais précisément prisonnière de sa secte.

Je le reposai sur la table et passa à l'examen du carnet. Il était en somme d'une simplicité peu étonnante. D'une enveloppe noire, la couverture était un peu rêche. Alors que j'ouvrais ce second présent pour vérifier si les feuilles étaient vierges ou striées de lignes, mon regard s'arrêta sur le mot écrit en première page.

Ila,

J'ignore les raisons qui t'ont poussé à agir de la façon dont tu l'as faite.

Nana, Maria, Yeison et moi avons quitté la Communa le temps que tu reprennes tes esprits.

Je t'ai laissé quelques objets, qui, je suppose, t'avaient cruellement manqué ces derniers jours.

Maria a laissé plusieurs repas dans la cuisine.

Je te laisse 24h seule. Demain midi, je viendrais te chercher.

Tâche de ne pas faire de bêtises beauté.

En attendant de te voir très vite.

César.

Ainsi s'expliquait le désert de la Communa.

Presque sans âme, j'arrachais la feuille où César avait gravé ses mots et la pliait en boule. La jetant sur le côté, je décidais de m'éloigner quelques minutes de ce message.

J'aurais préféré mentir plutôt que d'avouer que j'étais troublée.

Il m'offrait un cadeau inestimable. 24H de semi-liberté. C'aurait été trop beau de revenir à la civilisation pour quelques heures mais je bénéficiais déjà d'un privilège dont j'avais perdu l'espoir de revivre un jour.

J'ignorais ce qu'il allait se passer une fois les 24h consommées. Allait-il me ramener à la colonie ? Avait-il décidé de me laisser définitivement à la Communa ?

J'espère que mon accès de rage lui avait fait comprendre que j'étais incapable de rester saine mentalement ici quelques jours de plus. Quitte à retourner à la colonie et affronter de nouveau cette rivalité féminine exacerbée, la Communa avait révélée des parties de moi que je n'aurais jamais souhaité connaître.

La colonie était comme une cour des lions. Mais j'avais réussi pendant suffisamment longtemps à ne pas avoir été déchirée par ces fauves. Je pouvais survivre un peu plus longtemps.

ColoniaWhere stories live. Discover now