J'avais senti le moteur démarrer mais c'était l'unique souvenir qu'il me restait depuis que Yeison et Maria m'avaient retrouvé. J'avais dû retomber dans les gouffres de l'inconscient une fois mon corps déposé sur la banquette arrière du 4X4. La douceur et la fraîcheur du cuir avaient été les dernières sensations que j'avais pu savourer avec un soulagement non dissimulé d'avoir retrouvé des visages familiers.
Au terme d'un sommeil qui m'avait semblé mille ans, je sentis mon corps se réveiller avec lenteur à l'entente de bruits de pas.
« Tu sais que tu aurais pu y rester. Je n'arrive toujours pas à croire que tu aies survécu plus de vingt-quatre heures dans cette jungle ».
A l'entente de la voix sèche de Yeison, mes yeux s'entrouvrirent légèrement. Devant lui, je ne pouvais pas faire semblant d'être encore endormie.
Clignant des yeux légèrement pour effacer les petits points blancs qui cachaient ma vue, j'en profitais pour observer le lieu dans lequel je me trouvais. J'étais dans la chambre spartiate que j'occupais depuis que j'étais arrivée à la Communa.
Je me redressais et me retrouvai assise en tailleur sur mon lit. Yeison me faisait face, assis sur un des antiques fauteuils qui occupait la pièce.
« Tu vas m'expliquer pourquoi on t'a retrouvé avec un 4x4 flambant neuf en plein milieu de la jungle ? ».
Il avait une mine soucieuse. Cela suffit pour me mettre la puce à l'oreille. Il valait peut être mieux pour moi que j'omette mon altercation avec les deux hommes. Quelque chose me disait que Yeison connaissait ledit Térence qu'ils avaient mentionné.
« Je l'ai trouvé vide, avec la clef sur le moteur en plein milieu d'une clairière », répondis-je l'air neutre.
J'avais adopté un ton calme. Évitant soigneusement son regard, j'espérais que mon mensonge l'avait convaincu.
Il soupira longuement.
« Tu réalises la chance que tu as eu ? Si les propriétaires du 4x4 t'avaient retrouvé, César m'aurait étripé parce que sa poupée ne serait plus de ce monde ».
A l'évocation de son nom, mon visage se ferma et mon regard s'échappa sur le côté, pour être soudainement captivé par la fenêtre à ma droite.
Ce fut à ce moment-là que Nana entra dans la pièce. J'avais peu eu l'occasion de me rapprocher d'elle. La plupart du temps, elle était dehors, en train d'assister Yeison dans ses tâches.
Yeison se leva et se dirigea vers la porte de sortie. Sur le pas de la porte, il se retourna vers moi.
« Maria s'en veut terriblement. Tu devrais avoir une discussion avec elle ».
La dureté de son regard me fit comprendre que ce n'était pas une suggestion, mais plutôt un ordre. J'imaginais que les mots que j'avais eu à l'égard de sa sœur avaient sûrement bouleversé le trio. Ma colère m'avait dépassé et, malgré la haine que j'entretenais pour ces complices de ma captivité à l'intérieur de la secte, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine pitié pour Maria.
« Comment va-t-elle ? » demandai-je à Nana qui était restée en retrait depuis qu'elle était entrée.
Cette dernière resta silencieuse quelques secondes, et sembla me sonder.
« Elle était remuée, mais surtout inquiète à l'idée de t'imaginer seule dans la jungle. Tes mots ont été durs, mais c'était un mal pour un bien. Elle oublie trop souvent que la colonie a des côtés assez inhumains. »
Je hochais la tête, soulagée par les mots de Nana.
« Tiens, il faut que tu manges. Tu dois à tout prix retrouver des forces », me dit-elle en me tendant un plat de maïs et de riz noir que je n'avais pas aperçu au premier abord.
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Colonia
Romance"𝕿𝖚 𝖑𝖊 𝖘𝖆𝖎𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖘𝖎 𝖇𝖎𝖊𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖒𝖔𝖎, 𝖑𝖆 𝖋𝖗𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖈𝖗𝖊́𝖊 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖖𝖚𝖊. 𝕰𝖙 𝖈'𝖊𝖘𝖙 𝖊𝖝𝖆𝖈𝖙𝖊𝖒𝖊𝖓𝖙 𝖈𝖊 𝖉𝖔𝖓𝖙 𝖏'𝖆𝖎 𝖇𝖊𝖘𝖔𝖎𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖙𝖚 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖊𝖘." Ila a été forcée d'entrer dans un...