Je n'avais pas réalisé qu'il était aussi tard lorsque j'observais le jour tomber au fur et à mesure que le 4X4 se frayait un chemin dans l'épaisseur de la jungle. Avoir été privée pendant aussi longtemps de montre et surtout de quelconque programme pour rythmer mes journées, j'avais perdu toute notion du temps, me guidant principalement avec le jour et la nuit.
César avait sûrement dû pressentir que nous allions très vite nous retrouver dans l'obscurité de la jungle, alors ce dernier m'avait pressé pour que je sorte de l'eau rapidement et que je me sèche en à peine quelques minutes.
Je n'avais pas eu d'autres choix que de le suivre.
Lorsque le véhicule avait démarré, je lui avais demandé si nous rentrions bien au baraquement principal de la colonie. César avait acquiescé l'air tranquille tandis qu'un sentiment étrange s'était emparé de moi-même.
Rentrais-je vraiment là-bas ?
Je n'étais partie que pendant quelques semaines, mais cela m'avait paru des siècles. La Communa m'avait fait connaître des sentiments insupportables et des situations où j'avais frôlée la mort plus d'une fois.
Je revenais à l'endroit zéro, celui qui m'avait accueilli les premiers instants de mon enlèvement. Je me savais différente, mais je l'ignorais à quel point.
Je me tournais vers César qui avait le regard rivé sur la route.
L'observant pensivement, je réalisais à quel point le jeu avait changé. Les cartes avaient été redistribuées, et même si la peur qu'il en ait toujours plus que moi résidait dans mon esprit, j'aimais croire que j'avais plus d'un tour dans mon sac.
J'avais un As. Un As de cœur.
J'étais tombée dans ce jeu. Mais je n'avais pas perdu toute ma clairvoyance, il ne m'avait pas, du moins totalement, bernée.
C'est avec cet espoir gravé dans mon esprit que je commençais progressivement à sommeiller, berçée par le rythme tranquille du 4X4. Il me semblait avoir dormi, du moins, je savais que pendant quelques instants, j'avais oublié que je me trouvais au fin fond de la jungle amazonienne et l'homme sur siège conducteur se révélait être le chef sombre et manipulateur d'une secte inconnue de tous.
Le retour à la réalité était parfois violent. C'était le cas ici, quand César me sortit hors de ma torpeur.
« Ila ? On est arrivés. »
Ne réagissant pas, du moins ne bougeant pas d'un centimètre, je sentis César s'approcher de moi et sa main caressa doucement l'ovale de mon visage. Du bout des doigts, il dessinait le long de ma mâchoire, descendant progressivement jusqu'à la naissance de mon cou. Je ne réagissais toujours pas. Quelque chose au fond de moi ne voulait pas ouvrir les yeux et avoir devant moi le paysage désolant du camp principal de la colonie.
La main de César continuait sa lente promenade avant que je ne ressente une vive sensation d'inconfort. J'ouvrais soudainement les yeux. César serrait mon cou, m'empêchant de respirer normalement par la même occasion.
Je ne voyais d'un œil extérieur. Lui et une jeune femme dans une voiture plongée dans l'obscurité. Lui ayant sa main posé sur son cou, comme s'il pouvait la briser en un seul mouvement de doigt. Lui la dominant sans qu'elle ne réagisse.
Pourquoi ne réagissais-je pas ? Pourquoi préférais-je me détacher de ma propre conscience pour ne pas avoir à regarder en face la noirceur de mes désirs ?
« J'ai cru que tu n'allais pas te réveiller » murmura César avec un sourire quasi pervers.
J'affichai un air de dégoût qu'il ignora. Brisant notre contact visuel, j'observais alors les baraquements que je peinais à discerner dans la nuit profonde. César lâcha mon cou et je pris une grande inspiration, profitant de l'air qui m'avait manqué pendant quelques secondes. Je n'arrivais pas à croire que j'étais de retour. J'entendis la porte de César s'ouvrir et je fis de même. L'air nocturne était plus frais qu'en journée et j'appréciais enfin un peu d'espace après avoir été enfermée dans la prison verte de la Communa.
VOUS LISEZ
Colonia
Romance"𝕿𝖚 𝖑𝖊 𝖘𝖆𝖎𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖘𝖎 𝖇𝖎𝖊𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖒𝖔𝖎, 𝖑𝖆 𝖋𝖗𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖈𝖗𝖊́𝖊 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖖𝖚𝖊. 𝕰𝖙 𝖈'𝖊𝖘𝖙 𝖊𝖝𝖆𝖈𝖙𝖊𝖒𝖊𝖓𝖙 𝖈𝖊 𝖉𝖔𝖓𝖙 𝖏'𝖆𝖎 𝖇𝖊𝖘𝖔𝖎𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖙𝖚 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖊𝖘." Ila a été forcée d'entrer dans un...