PROBLÈMES , kaz brekker

i. ai-je votre attention?

CHAPITRE UN

KAZ BREKKER N'AVAIT PAS BESOIN de raison - mais quelqu'un venait de lui en donner une.

Il l'avait à peine remarqué au début. Quelques kruge ici et là, une main chanceuse à la table de poker, un pari bien placé, rien de plus que les habituelles affaires sournoises qui se déroulaient entre les murs dépravés du Crow Club. Il fallait s'y attendre, les habitants de Ketterdam devaient croire qu'ils avaient une chance contre toute attente.

Mais personne n'a vraiment gagné à moins qu'il ne l'ait contraint. Il remplissait les poches des hommes avides avec un sourire, prêt à voir l'argent revenir dans les siennes quelques instants plus tard. Les hommes étaient prévisibles, tout comme leur cupidité.

Alors, quand quelqu'un a commencé à quitter le Crow Club avec les poches plus lourdes qu'elles ne l'étaient en entrant, Brekker l'a remarqué.

Surtout quand quelqu'un lui avait volé dix mille kruge.

Il avait passé sa main à travers une fenêtre lorsque Jesper lui avait annoncé la nouvelle, il pouvait encore imaginer le rire moqueur de Per Haskell lorsqu'ils avaient appris pourquoi son protégé avait franchi le seuil de sa porte, berçant la blessure de la rage enfantine qui avait désespérément besoin d'être soignée. 

"Quelqu'un a finalement été plus malin que toi, Dirtyhands. Je n'ai jamais pensé que je verrais ce jour."

Étrangement, le vieil homme n'était plus la chose la plus ennuyeuse dans sa vie. Non, cette position était réservée au mort qui avait le culot, le fiel, l'audace de supposer qu'ils pouvaient le voler et s'en sortir.

La punition habituelle à Ketterdam pour les voleurs était l'ablation rapide de leurs mains, mais Kaz avait quelque chose de différent en tête pour son voleur. Peut-être prendrait-il quelque chose de plus précieux, comme la tête. Il l'accrocherait au mur pour rappeler à tous les autres idiots qui voudraient se moquer des Dregs.

Depuis qu'il avait appris la nouvelle, il était d'une humeur massacrante. Même le Spectre n'avait pas osé s'attarder sur son balcon, ni dans l'ombre lorsqu'il arpentait les quais de Fifth Harbour, s'imaginant noyer son voleur dans les profondeurs troubles de l'eau.

C'était Pekka Rollins. C'était forcément lui. Peut-être était-ce la vengeance du vieil homme pour ses nombreuses tentatives réussies ainsi que de s'attaquer lentement à tout ce qui était cher à son adversaire. C'était pour le moins décevant, car dix mille kruge n'étaient rien comparés aux dommages que Kaz et les Dregs avaient infligés au soi-disant empire de Rollins. C'était ridicule mais cela ne faisait aucune différence pour lui. Il tuerait quand même le voleur, peu importe qui il était.

Trouver le voleur serait le défi. Son réseau d'informations était nouveau, faible au mieux et Inej ne pouvait couvrir qu'une partie du terrain en une nuit. Même le Spectre était lié par quelque chose d'aussi trivial que le temps. Il devait donc espérer un miracle, prier pour que la pauvre âme malheureuse achète un bateau, une montre ou tout autre luxe qui alerterait les Dregs et scellerait son destin de mort.

Peut-être qu'il achèterait une épée. Cela éviterait à Kaz d'avoir à ensanglanter la sienne. 

Dès le matin, il a décidé de payer les marchands. Aucune transaction n'aura lieu à Ketterdam sans qu'il en soit informé.