Désillusion (Tome 2) ll h.s

Chapitre neuf

IX

  Je souris à la caissière et pris mes sacs en papier remplient de courses plus inutiles les unes que les autres. Nous venions de rentrer d'Italie, le frigo a été vidé et l'appartement squatté par quelques-uns de nos amis, mais bien heureusement tout avait été remis en place.

  Harry m'avait déposé devant le supermarché du coin en s'excusant, car il devait lui aussi aller régler certaines choses.

  Notre voyage dans la ville antique a été une semaine de pure détente. Nous avions visité les catacombes de Rome, la merveilleuse Chapelle Sixtine, en passant par une soirée à la Fontaine de Trevis –où, par ailleurs, nous nous sommes fait arrêter, car nous y avons fait un bain de minuit, ce qui m'a beaucoup fait rire-.

  Après une petite nuit en détention, nous avons terminé nos visites par le Panthéon et le célèbre Colisée de Rome.

  Les deux jours suivants furent d'une chaleur insoutenable, nos projets furent donc annulés. La chaleur n'était agréable qu'à partir de minuit ou une heure du matin. Nous avions passé nos journées au lit, à se faire livrer toutes sortes de spécialités du pays.

  Pendant cette semaine romantique, nos téléphones étaient coupés, laissés dans notre table de chevet à Manchester. Malgré la tentation, nous n'avions pas résisté à nous engueuler pour des broutilles et à en faire part à nos meilleurs amis par cabine téléphonique.

  J'étais épuisée et le décalage horaire d'une heure n'en est absolument pas la cause.

  J'ouvris la porte de l'appartement et déposais les courses. J'ai besoin d'un café. Je pris rapidement mon téléphone dans ma table de chevet et ne pris pas le temps de ranger les sacs. Je sortis à toute vitesse du loft pour me rendre au café du coin.

  L'Europe et les vacances me manquent déjà. Après de longues minutes d'attente, mon double expresso arriva enfin, le serveur me fit l'un de ses plus beaux sourires, auquel je répondis par mon sourire des plus hypocrite.

  Je bus une gorgée et repris peu à peu des forces. Quand je réouvris mes yeux, je crus m'étouffer en voyant Jamie, s'asseoir à une table. Elle paraissait différente, méfiante, elle scrutait chaque personne autour d'elle. Arrivé à moi, elle fit les gros yeux en soupirant.

  Je me levai de ma chaise, laissant mon café refroidit. Mes jambes courraient presque vers elle. Je voulais la réduire en miette.

-Grace, dit-elle en me saluant
-Epargnes-moi tes gestes de politesse remplis d'hypocrisie Jamie.
-Je vois

  Elle retira ses gants et les déposa sur le bout de sa table dans un calme absolu.

-Qu'est-ce que tu fous à Manchester ? lui demandai-je en m'asseyant devant elle
-Je venais vous rendre visite, ça fait trois mois qu'on ne s'est pas vus.
-Niall ne veut pas te voir, d'ailleurs personne ne le veut
-Écoutes, j'ai réglé mes comptes, enfin ceux de mes parents. Je me suis exilé à l'autre bout du monde, et j'ai tout fait pour me faire oublier, mais tu continues à me détester, pourquoi ?
-Tu es une menteuse manipulatrice et hypocrite en bonus, voilà tout, dis-je froidement
-Tu veux vraiment parler de mensonges et de manipulations ? Grace, tu te mens à toi et tu mens à Harry sur tes sentiments, tu le manipules pour avoir ce que toi, tu veux
-Et d'après toi, je veux quoi ?

-De la reconnaissance, tu veux que quelqu'un t'aime, tu veux que quelqu'un te complimente et te tienne compagnie parce que tu en as horriblement besoin, sans ça, tu tombes dans l'oubli, crois-moi, sans Harry, tu n'es rien, et pourtant sans toi, il est tellement plus.
Elle se leva de son siège en finissant sa boisson et déposa la note sur la table.
...
-À Manchester ? Je la pensais en Chine ou en Australie ? dit Zayn surprit
-Je l'ai croisée dans le café...
-Elle t'a dit quelque chose ? me questionne Niall
« Sans Harry, tu n'es rien et pourtant sans toi, il est tellement plus. » Je secouais la tête en me souvenant de ses paroles blessantes.
-Elle ne m'a rien dit, mentis-je. Simplement qu'elle avait réglé ses comptes

-Je veux la voir, dit Niall en regardant le vide
- Oublie cette idée sur le champ, lui ordonnai-je
-Je veux la voir, répéta-t-il en insistant
Il se leva et commença à s'habiller pour sortir, le blond était bel et bien décider à passer le pas de la porte.
-Niall, si tu fais ça, je la dénonce, lançai-je le refroidissant directement
Tout le monde avait les yeux rivés sur moi, Harry leva les yeux au ciel et soupira que ce n'était pas la solution.
-Fais ça Grace et tu ne me reverras plus jamais
-Je préfère ça que de la voir te détruire!
-Je n'ai jamais osé te juger ! haussa-t-il du ton. Alors ne le fait pas avec moi !
-Je ne te juge pas ! Je la juge elle
-Je l'aime bordel ! hurla Niall, il était au bord des larmes, ses mains et ses jambes tremblaient.
-Tu aimes l'ancienne Jamie pas celle-ci !
-Ah oui? Tu sais quoi? J'aimais seulement l'ancienne Grace!
Il claqua brutalement la porte.
...
-Tu as envie d'en parler ? me demanda Harry en collant son torse à mon dos.
-Oui, dis-je la voix étouffée par mon oreiller
-Il l'aime, et tu devrais commencer à faire de même
-OK, je ne veux plus en parler, soupirai-je en m'éloignant de lui
Il ricana puis m'embrassa la joue.
-Il l'aime aveuglement, soupirai-je
-Je t'aime aussi aveuglement
-Oui, mais moi, je ne suis pas une garce prétentieuse, Harry
-Bah...
-Quoi ?!
J'allumai brutalement la lumière de ma lampe de chevet et le regardai. Il explosa soudainement de rire, jusqu'aux larmes.
-Que tu es un idiot, ris-je en l'étouffant avec son oreiller
-Aller, éteins la lumière et dors, on se réveille tous les deux tôt demain
-Et pourquoi ?
-Les cadeaux de noël, tu sais cette fête familiale où on doit faire semblant d'être dans la plus merveilleuse et parfaite famille qui resplendisse de beauté et d'Harmonie
-Que tu es aimant de ta famille, ris-je
Il rit à son tour puis m'embrassa le bout du nez
-Bonne nuit, dit-il en éteignant la lumière
...