Chapitre quatre

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IV

 Mon maquillage avait coulé, je sanglotais contre le torse d’Harry, son tee-shirt de marque était recouvert de mascara mais il disait s’en fiche royalement. Le jeune homme caressait mon dos à l’aide de sa grande main. Il embrassait le haut de ma tête et me murmurait des choses réconfortantes.

 Les médecins passaient d’une chambre à l’autre, paniqués ou souriant. On pouvait entendre les pleurs, les cris et parfois des soupirs de soulagement mais c’était bien trop rare pour que je ne m’en aperçoive. Je relevai subitement la tête en reconnaissant les chaussures du médecin.

  Il était assez grand et avait une barbe bien plus que naissante. Il portait un horrible ensemble bleu ciel et des lunettes fluo. Son badge indiquait son nom et sa profession « Dc.Kaven ; cancérologue ».

« ça ne veut rien dire » me répétais-je. Ses deux mains tenaient une feuille, un support et un stylo. Il ne souriait pas, il baissait la tête à chaque fois qu’Harry posait la fameuse question « Comment va-t-elle ? »

 Je n’arrivais plus à répondre au médecin qui me bombardait de questions sur ma génitrice. Mes yeux étaient fermés et mes deux mains sur mon visage, je n’arrivais plus à penser ni à entendre.

-Dégagez ! Hurla Harry en se levant violement

 Le médecin se recula de quelques pas puis quitta le couloir. Harry me releva et me serra dans ses bras. Il me berça quelques minutes en essayant de me calmer mais en vain

-Calmes-toi Grace, dit-il en m’embrassant

-Il..Il était cancérologue Harry, ma mère est… non, je peux pas…j’y arrive pas! hurlai-je

  Le jeune homme ferma les yeux il essuya mes larmes en déposa ses lèvres sur mon front. Mes pleurs commencèrent à cesser, je n’avais plus de force

-Mademoiselle Julian ? demanda une infirmière

  Je me retournai en essuyant mes larmes et m’approchai de la dame. Elle me demanda à Harry et moi de la suivre jusqu’à la chambre de ma mère. Je n’osais pas toucher le poignée, je m’étais reculer subitement,

-Elle est réveillée

  Je fus soudainement soulagée. Ma main tourna le bouton puis je poussais la porte. Je regardais timidement à l’intérieur et me mordis nerveusement la lèvre inférieure en voyant ma génitrice branchée à pas loin de trois machines.

  Elle était assise sur son lit d’hôpital et souriait malgré sa fatigue qui se faisait voir à cause de ses énormes cernes sous les yeux et son teint blanc comme neige. J’accourais à ses côtés et pris sa main, elle était complétement gelée.

-Tu n’es pas revenue pour m’annoncer tes fiançailles hein ?

-J’ai le cancer, mais ça se soigne très vite

  Elle ment comme elle respire.

-Alors pourquoi ne l’es-tu déjà pas ? dis-je en baissant la tête

-Je suis un cas plus compliqué, je suis arrivé à un stade du cancer où tu te sens mourir petit à petit mais avec les chimiothérapies et tous leurs médicaments qu’ils me font avaler ça devrait passer

-Ce n’est pas un simple rhume ou une grippe maman ! On parle d’un cancer ! Pourquoi tu ne nous l’a pas dit ? Depuis quand le sais-tu et papa il le sait ?

-Je ne voulais pas perturbé tes vacances, ta rentrée et toutes ses choses importantes à tes yeux. Papa la sait oui, depuis que je l’ai moi-même appris, c’était peu de temps avant ton concours deux jours je dirais, ils me l’ont détectés et depuis les six derniers mois, mon cancer c’est avéré être plus coriace que n’importe lesquels, mais tu sais comme ta mère est perspicace et têtue, je me battrais jusqu’à mon dernier souffle, parce que j’ai envie d’assister à ta remise de diplôme, à ton mariage, elle regarda Harry et sourit niaisement, je levai les yeux au ciel et l’ordonnai de continuer. Et à la naissance de tes enfants, crois-moi la dernière chose que des parents veulent est de mourir avant d’avoir vu leurs enfants comblés par le bonheur.

Désillusion (Tome 2) ll h.sWhere stories live. Discover now