Chapitre 8

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Trois-cent-quatre-vingt-huit. C'est le nombre de « BIP » stridents que j'ai compté depuis que j'ai conscience qu'ils sont là. Je pourrais chialer et dire qu'ils sont insupportables, mais pour être bien honnête, les compter m'amène une sorte de sérénité et cela m'empêche d'être concentrée sur la douleur qui me tambourine le crâne depuis le début de ces trois-cent-quatre-vingt-huit « BIP ». 

Au début, il n'y avait que le mal. Puis, j'ai commencé à sentir le bout de mes doigts et une de mes mains, mon bras, etc. D'ailleurs, c'est super bizarre parce que j'ai l'impression que ma main est enfermée à l'intérieur de quelque chose. C'est une pression douce, étonnamment réconfortante. J'entends aussi des choses. Peut-être des voix ? Parfois les sons sont plus flagrants, plus proches, mais à d'autres moments, ils semblent aussi faibles que les chuchotis du vent. 

La lumière est aveuglante, même derrière mes paupières closes. Je sais que je pourrais les ouvrir, mais chaque fois que je pense le faire, des images me reviennent en tête. Des images qui me terrifient. 

Quatre-cent-soixante-neuf. Les sons se sont transformés en voix. Quelques unes que je ne réussis pas à identifier. D'autres, me semblent plus claires, plus proches. Connues. Celle qui revient le plus souvent est celle que j'entends la plus clairement. Dès qu'elle flotte jusqu'à mes oreilles, les images disparaissent, les « BIP » semblent plus lointains et mon corps semble plus vivant. 

Vivant. Je suis vivante ? Il me semble que oui. Le tambourinement dans mon crâne s'est un peu apaisé et j'arrive même à m'entendre respirer. 

Cinq-cent-douze. La voix chuchote un nom, mon nom. Attirée comme un aimant, j'ouvre subitement les yeux, sortie de ma torpeur. Je les referme aussi vite, la lumière m'a aveuglée. J'entends une exclamation, comme quoi mon retour à la réalité n'a pas été sans spectateurs. J'ouvre à nouveau, plus lentement, les yeux en les clignant plusieurs fois, jusqu'à ce qu'ils se soient adaptés. 

La première chose qui retient mon attention, c'est l'immense bouquet de ballons à l'autre bout de la pièce directement en face de moi. Les mélanges de bleus, de verts et de jaunes, mes couleurs préférées, m'apportent un certain calme et je ne peux m'empêcher de sourire en les voyant.  

Un bruit, un petit rire en fait, attire mon attention et je tourne lentement ma tête vers la source, mon cou me fait vachement mal, un grand sourire m'accueille et des yeux embués de larmes. La version miniature de mon meilleur ami prend ma main et dépose un léger baiser sur mes doigts, avant de s'empresser d'essuyer ses yeux, trahissant son émotion.

- Max ? 

Le son de ma propre voix me fait tressaillir, elle faible et un peu rocailleuse. La réaction de Max est complètement différente alors qu'il m'offre un sourire encore plus grand.

- Emy la mini ! Tu nous a fait toute une peur. Comment tu te sens ? me demande mon ami et beau-frère en me jetant soudainement un coup d'œil inquiet.

Je prends conscience des autres sources de chaleur dans la pièce. Mon frère est debout derrière Max, les deux mains sur ses épaules, le corps penché vers nous. Ses yeux sont rouges et les cernes sous ses yeux sont flagrantes. Je tourne la tête vers la droite et je remarque Jordan et Rosa, assis sur des chaises en plastique qui m'observent prudemment, un soulagement reconnaissable sur leur traits. 

Je prends soudainement conscience de mon propre corps. Mon bras gauche est en écharpe et essayer de la bouger m'arrache une grimace de douleur. Lorsque je contracte les muscles de mon front, la douleur y est plus saisissante. Au même moment, une infirmière entre dans la chambre, j'en déduis que je suis à l'hôpital. Elle m'explique que mon bras s'est disloqué de mon épaule et que je devrai rester ainsi pendant quelques semaines pour permettre la bonne guérison des tissus. J'ai également souffert d'une hémorragie au front et qu'il a fallu huit points de suture pour refermer la plaie. J'ai aussi subi une commotion cérébrale au moment de la chute ce qui m'avoir occasionné une perte de mémoire. Ils souhaitent passer quelques tests, mais que si tout va bien, je pourrai rentrer à la maison dans quelques jours. 

Virginity Game III [VF] Et Après ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant