California One

Enigme [VC]

- A quelle heure est l'avion Stan ?

- Décollage prévu à dix heure trente-cinq et arrivée prévue à quinze heures cinquante-quatre heure locale.

- Vous êtes sûr de votre décodage du message ?

- Il n'y a qu'une seule Sin City dans le monde vous ne croyez pas ?

- Oui et c'est Vegas...

- Voilà ! Vous êtes rassuré Lieutenant ? Bon on arrive à l'aéroport. Vous êtes habillé sobrement aujourd'hui !

Le Chicanos devenu expert parisien opta pour une tenue de voyage légère et facile à porter : un pantalon blanc et une chemise violette à fleurs blanches.

- Je n'ai que ça dans mon sac et n'en rajoutez pas ! Déjà que mon nouveau pote le miroir à la jactance surdéveloppée m'a encore bien énervé ce matin, vous n'allez pas vous y mettre. Promis, j'ai compris, je ferai des efforts en rentrant.

Ils entrèrent dans le terminal 2 de Roissy peu fréquenté en ce jour de semaine. Stan vit au loin une silhouette qui lui était familière. Un tantinet surpris tout de même, il se dirigea vers elle :

- Tu as reçu mon message de ce matin à ce que je vois ! dit le français en s'approchant.

- Oui, vous ne rentrez pas à la maison finalement ?

- Non, Arnaud m'a envoyé un message hier. C'est vraiment super que tu viennes car tu vas pouvoir nous aider à terminer de le décoder.

- Qui te dit que je viens ?

- Tu ne serais pas là à nous attendre sinon, non ?

- Ah ces hommes, toujours sûrs d'eux alors qu'ils ne connaissent rien à la complexité des femmes. Mais tu as raison, je viens, dit Isabelle qui finalement décida d'accompagner les joyeux lurons dans leur quête de vérité sur l'affaire Mallet... Et, aussi, sur leur vie personnelle.

- Toujours très élégant comme à votre habitude lieutenant ! poursuivit-elle.

- Bonjour Isabelle, content de vous revoir... marmonna le mexicain.

L'avion prit son envol et comme à l'aller, Mendes faillit décrocher les accoudoirs.

- Montre-moi ce message Stan, dit la quadra maquillée de manière élégante.

Stan lui tendit les quelques mots écrits sur un papier à entête du Moulin Rouge utilisé pour ne pas oublier le texte du sms à la sortie du célèbre cabaret.

- Vous ne vous êtes pas embêtés hier soir à ce que je vois ! Cela vous a plu lieutenant ?

Mendes fit un signe d'acquiescement de la tête avec un sourire rare chez lui.

- Arnaud était au courant de ce que vous veniez chercher ici, right ?

- Oui, il devait continuer à explorer l'ordinateur d'Alain, répondit Stan à Isabelle.

- Donc, ta protégée c'est cette IA, Phoebe ?

- J'en suis arrivé à la même déduction répondit le français heureux de voir que la jeune femme en arrivait à une conclusion semblable.

- Sin City, vous le savez déjà, c'est Vegas. Par contre, la suite s'obscurcit. Tu sais qui peut être ce Kennedy dont il parle ? questionna la belle brune pulpeuse ne manquant pas de faire respirer son parfum à son ami français.

- J'ai une piste. Tu ne connais pas très bien Arnaud mais après son départ d'Alice Corp., il a fréquenté la scène underground du hacking.

- Tu as raison, je ne l'ai croisé qu'une seule fois chez mon père avec toi d'ailleurs. Il travaillait encore avec vous à cette époque. Par la suite, j'ai dû voir son nom une ou deux fois dans la presse pour des affaires de piratages de grosses entreprises pour une cause dont je ne me souviens plus le nom.

- Leur groupe s'appelle "Helter Skelter", mais Arnaud s'est rangé depuis deux ou trois ans.

- "Helter Skelter"... ce sont des résurgences de Charles Manson ? questionna la française avec une grimace de dégoût.

- Oui ce n'est pas très original. Et le sens est proche de celui déduit du morceau des Beatles par le tueur en série. Pour eux c'est un appel au soulèvement qu'ils veulent provoquer avec leurs outils informatiques.

- C'est un peu différent de Manson : lui, pensa que la chanson des Beatles annonçait un soulèvement à venir et il s'enfuit dans le désert avec ses poules pour monter sa communauté de dépravés... précisa Mendes qui était attentif pour une fois.

- Oui vous avez raison lieutenant, quelle culture criminelle, je suis impressionné ! répondit le cocu voyageur.

- C'est un peu mon métier... Même si cela ne saute pas aux yeux en voyant mes chemises, bougonna le Chicanos.

Un café Monsieur ? interrompit le chariot autonome qui eut soudainement un petit mouvement de recul apeuré en retrouvant la reconnaissance faciale de Mendès dans la base de données centrale des clients de la compagnie.

- Oui Médor ! S'il te plaît... N'aies pas peur, tu vois je suis gentil ! répondit le vieux garçon faisant un sourire malicieux aux deux autres.

Mendes poursuivit :

- Si c'est bien cela, il ne va pas être facile de se faire accepter et de pénétrer dans leur environnement. Surtout pour moi en tant que policier.

- Oui vous avez raison lieutenant, il ne faudra rien laisser paraître sur votre identité.

La belle française n'arrêtait pas de tortiller le bout de papier dans tous les sens en réfléchissant. Cueillie par un soubresaut subit, elle prit à nouveau la parole :

- C'est clair maintenant !

- Comment ça ? répondit le français.

- Voyons Stan ! C'est logique ! Tu t'y connais en IA aussi bien que moi non ?

- La preuve que non, on dirait.

- Votre programme-source, seul, ne vous sert à rien. Cette Phoebe sera revenue à l'état d'embryon lorsque vous allez la régénérer. Il faut lui redonner les moyens d'apprendre et de se développer. Arnaud, en étudiant le PC d'Alain, a retrouvé des indices sur l'architecture et le concept de Phoebe. Il a dû en déduire que les serveurs de ces anciens potes pouvaient offrir un espace propice à son développement.

D'où la phrase :

" Chez lui, la piscine est assez profonde pour instruire ta nouvelle protégée."

- Bravo Isabelle ! Ru as bien fait de nous rejoindre.

- La petite vous a mis une belle tôle là on dirait... N'est-ce pas Martin ? chuchota le mexicain à l'oreille de Stan pour le chambrer et venger gentiment des blagues sur les chemises.

Stan ne releva pas et poursuivit :

- Reste à décoder le lieu du rendez-vous...

" Appelle-moi lorsque tu seras dans la rue à la voie lactée

virtuelle"

Mendes montra alors l'écran tactile de dix-sept pouces incrusté dans le dos du siège devant lui. Une vidéo commerciale reprenait tous les lieux à voir à Vegas.

- Oui Lieutenant ? répondit la femme au blinders. Vous voulez continuer votre tour du monde touristique à Vegas ?

Il la fixa droit dans les yeux avec ses deux petites pupilles noires pour bien lui rappeler qu'il ne fallait pas aller trop loin et que, de retour aux Etats-Unis, le représentant de la loi, c'était lui.

La française comprit tout de suite le message et poursuivit :

- Vous avez vu un indice ?

- Regardez bien dit Mendes en montrant une photo de Fremont Street apparaissant sur l'écran.

- Bon sang, mais c'est bien-sûr ! s'écria Stan. Lieutenant, vous êtes le meilleur !