Prologue

4.4K 259 50
                                    

Prologue

— Rends-le moi !

C'était encore une de leurs nombreuses disputes. On avait l'habitude, dans la ville.

— Avance, j'te le passe.

S'il y avait Amaliah, il y avait Sultan. Et s'il y avait Sultan, il y avait Amaliah.

— Arrête de reculer !

C'était au mois de mai. Les beaux jours arrivaient et la fin des cours avec. Pour eux, c'était aussi la fin du collège.

— Avance plus vite.

Amaliah passait ses journées dehors pour ne pas penser à sa rentrée en seconde.

— Tu m'énerves !

Et Sultan passait ses journées dehors pour traîner avec les plus grands. Dès qu'il apercevait Amaliah, il les laissait en disant qu'il reviendrait. Ce n'était jamais le cas. Ils disparaissaient tous les deux et seuls eux savaient ce qui se passait ensuite.

— Ta p'tite taille là.

J'étais par ma fenêtre ce jour-là. Je me souviens que mon frère m'a demandé d'aller jeter les poubelles et que j'ai fait la sourde. Je voulais continuer à les écouter. J'habitais au deuxième alors des fois, quand ils étaient assez proches, j'arrivais à les entendre parler. Des fois, j'en apprenais plus sur eux grâce à mon frère.

— J'abandonne, je rentre chez moi.

Il avait trois ans de plus qu'eux et connaissait bien Sultan. « C'est un bon. » disait-il, et je savais qu'il était sincère. Pour son anniversaire, il lui avait donné des sous. En les espionnant j'ai su qu'il lui avait acheté un collier avec. Ils étaient mignons, tous les deux.

— Reviens là !

Je n'étais pas la seule à le penser, je le sais. J'entendais certains gars le dire aussi. Surtout mon frère, mais pas que. Sultan était beau garçon, avait l'âge de parler à toutes les filles et pourtant il n'avait que le nom d'Amaliah à la bouche. Alors que tout le monde en pinçait pour sa copine, Inès.

— Non.

J'aurai tellement aimé lui parler, peut-être juste un bonjour, mais mon frère m'a toujours dit qu'on finit par couper la langue de ceux qui parlent trop alors moi, je ne disais rien.

— Grosse flemmarde va. 

Mon frère m'a mis une claque sur la tête. Quand je me suis retournée, il tenait le sac poubelle plein dans ses mains. Je l'ai attrapé et je suis descendue. Ils n'étaient plus là. C'est la dernière fois que je les ai vu tous les deux.

UdaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant