Chapitre vingt-et-un

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Qui vole un oeuf...



─ Comment vous sentez-vous ?

Je mets plusieurs secondes à réaliser que je ne suis ni à l'hôtel, ni sur le canapé de la salle de pause et encore moins dans ma chambre. La lumière tape sur mon visage et me donne mal à la tête. Je plaque ma main sur mon front d'un geste vif, comme si ça pouvait faire partir la douleur d'un seul coup. Quelqu'un se penche au dessus de moi.

─ Tout va bien ?

  Je reconnais le visage de cet homme grand à la peau foncée sans savoir où est-ce que je l'ai croisé. Un voisin ? Un ami de Sultan ? Un camarade d'université ? Impossible de m'en souvenir. Je me redresse lentement, observant cette pièce bien éclairée. Un large bureau gris, un portant de la même couleur et une plante près de la fenêtre.

─ Où est-ce que je suis ?

─ Chez moi. J'ai failli vous écraser tout à l'heure et vous vous êtes évanouie.

Je fronce les sourcils. J'ai fait quoi ? La première chose qui me vient en tête est de prévenir Sultan que je vais bien mais les derniers évènements me reviennent vite en mémoire. Je vois Fanta, énervée que j'ai pris ce sac mais aussi ma mère, tout aussi énervée qui me hurle de lire cet article. Madame ! Je m'en souviens maintenant. J'ai tourné la tête et en voyant la voiture foncer droit vers moi, j'ai paniqué. Plus rien ensuite.

─ Vous allez bien ?

─ Oui, je réponds trop vite. Très bien. Merci, dis-je en quittant le lit. Où sont mes chaussures ?

─ Juste ici, dit-il en les ramassant. Laissez-moi vous raccompagner, ajoute-t-il en me les tendant.

─ Ca ira, merci beaucoup.

─ Allons, vous avez refusé mon invitation au restaurant et maintenant ça ?

Il me faut plusieurs secondes pour me souvenir de lui. Secondes durant lesquelles je le fixe,  analysant chaque détail de son visage. Grand. Noir. Sourcils épais. Lèvres de taille moyenne. Nez arrondi. Le londonien. Il tend sa main vers moi en m'offrant son plus beau sourire.

─ Jaro Michel. Ravi de vous revoir, bien que j'aurai préféré que ce soit autrement.

SULTAN, 13 juillet 2021

─ Eh je t'ai pas dit ?

Je tire une taffe tout en me snappant. J'enregistre sans publier, Ama me tuerait si elle savait que je ne fumais pas que la chicha. Je l'enregistre même dans My eyes only histoire d'être sûr que personne ne trouvera ce Snap. 

─ Y'a des rumeurs sur Lamine.

Je pousse un soupir en tournant la tête vers Ibra. Qu'est-ce qu'il peut me les casser.

─ Commence même pas à me parler de ce fils de.

─ Non sah écoute.

─ Je t'ai dit quoi Ibrah ? Je m'en bats les couilles de sa vie moi.

─ Fais attention quand même.

─ Ca doit être ça, je dis en riant. Le jour où j'te dis qu'il me fait peur tire-moi une balle c'est mieux.

─ Vas-y toi tu dis des trucs de ouf.

─ Bref c'est bon va derrière. Ama va arriver.

Une dizaine de minutes plus tard, je la vois. Elle a attaché ses cheveux et a mit des créoles géantes. Je me souviens qu'elle les kiffait quand on était encore au lycée. Son maquillage est discret, c'est une dinguerie comment elle est belle. Toujours son air sérieux mais pas méchant, un regard sincère et des lèvres qui rendent fou. Je peux pas m'empêcher de jeter un coup d'oeil à Ibrah mais il la calcule pas du tout, il est sur son téléphone.

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