Chapitre vingt

852 80 209
                                    




Romance criminelle





Aucun message de Sultan. Je souffle un bon coup, qu'est-ce qui m'a pris de lui piquer une crise basée sur l'absence de regards ? Je devrais garder en tête qu'il a même pas dû se rendre compte que je me suis sentie ignorée. Il ne ressent pas les choses de la même manière que moi et pourtant, ça m'a tellement vexé.

─ J'ai un de ces mal de tête.

─ Tu doseras sur la boisson la prochaine fois.

─ Il n'y aura pas de prochaine fois.

─ Ravie de l'entendre.

─ Tu es déjà prête ? Il est quelle heure ?

─ T'as le temps, j'ai juste mal dormi. Il est à peine 6h.

─ Purée c'est incroyable. Normalement je me lève à 6h parce qu'il y a le trajet, là je peux sortir de mon lit dans une heure et demi !

Je laisse Fanta dormir et pour prendre un petit-déjeuner. Je salue une dame âgée dans l'ascenseur et nous nous retrouvons à une table d'écart dans le restaurant de l'hôtel. Elle pose un livre qu'elle manque d'oublier en partant. J'arrive à lire le titre lorsqu'elle passe près de moi tout en me faisant un de ces sourires complices. Les hommes et leurs regrets.

─ La place est libre ?

─ Bonjour Ji-yong. Je vous en prie.

C'est fou comme on peut tomber dès le matin sur des personnes que l'on a pas envie de voir. Et encore moins à cette heure.

─ On peut se tutoyer ?

─ Je ne préfère pas.

Il ne manquerait plus que ça. Après tout, nous ne nous connaissons pas. Je ne veux pas qu'il pense que l'on est amis, qu'on peut le devenir, ou qu'on peut devenir plus qu'amis.

─ C'est votre copain, c'est ça ? Vous êtes bien matinale.

Voilà. Je pense que ce qui me dérange, c'est sa curiosité. Toujours ce besoin de montrer qu'il sait.

─ Je vous retourne la remarque.

─ J'ai un nouveau poste, community manager. Je me forme seul alors j'aime me lever tôt et avoir plus de temps dans la journée.

Un serveur prend sa commande, un simple café sans sucre.

─ Qu'est-ce qui vous passionne dans la vie ? Laissez-moi deviner, la cuisine ?

Je m'arrête de croquer dans mon pain au chocolat. Il a dit quoi ? J'arrive à peine à peine à supporter les remarques de Sultan alors si des inconnus s'y mettent...

─ Je ne sais pas comment le prendre.

─ Aucun rapport avec le fait que vous soyez une femme. Vous êtes une femme ?

Je fronce les sourcils avant de me remettre à manger. Excellente question.

─ Je crois.

─ Bien. C'est juste que vous semblez aimer les travaux manuels. Peut-être les origamis ?

─ Toujours pas. J'aime les langues.

─ Vous êtes étudiante ?

─ C'est ça, en LEA.

─ Troisième année ?

─ Première.

─ Vous paraissez plus âgée.

─ Ca ne se dit pas. Encore moins à une femme.

─ Je vous prie de m'excuser.

─ De même. Il est l'heure pour moi d'y aller. Bonne journée.

UdaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant