𝐋'𝐢𝐯𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧

Chapitre 20

Une heure plus tard, après avoir couché le petit paon dans son lit et lui avoir raconté une histoire sur l'une de ses nombreuses missions avant qu'il n'entre dans la mafia, Stanislas revint dans la chambre où dormait paisiblement sa jeune amante malade. D'un air satisfait, il la contempla longuement tout en jouant avec l'une de ses mèches bouclées. Elle ne se réveilla pas lorsque, du bout des doigts, il effleura ses lèvres puis sa joue. Elle fronça des sourcils dans son sommeil comme si un mauvais rêve venait perturber son sommeil avant de soupirer. Son regard s'arrêta quelques instants sur la petite cicatrice légèrement visible sur son arcade droite. À la vue de cette dernière, le coup de fil de Morgan Johnson lui revint subitement en mémoire.

Son visage s'assombrit et une rage profonde l'envahit soudainement. D'après lui, Leonnid, le cadet de la famille Ivanov, avait à plusieurs reprises, déjà tenté de s'en prendre à la vie de Dénarys. Heureusement, ses tentatives avaient à chaque fois toutes plus ou moins échouées et il n'avait jamais pu obtenir ce qu'il voulait.

Peu de temps après qu'elle eut remporté le fameux procès pour les empêcher d'avoir la garde de Franklin, Leonnid avait une nouvelle fois essayé d'attenter à sa vie en provoquant un accident de la route. Ce minable avait, durant une nuit, desserré les freins de sa voiture. Les dégâts ne furent que minime, car elle ne roulait pas si vite, mais... D'après son oncle, le mécanicien qui s'est chargé de remettre en état sa voiture lui avait dit de manière assez déroutée : « Si elle avait roulé à plus grande vitesse, elle n'aurait pas pu s'arrêter et donc éviter le choc frontal avec la voiture qui venait en face. Surtout sur une chaussée aussi glissante et abîmée. » L'homme avait même certifié qu'il s'agissait d'un vrai miracle qu'elle ait pu s'en sortir indemne, elle et Franklin.

Indemne ? Cette petite cicatrice résultant d'un point de suture à peine visible sur son arcade sourcillèrent gauche était la preuve qu'elle ne s'en était pas sortie indemne, se dit-il rageusement.

— Le plus déchirant dans tout ça, c'est que ma pauvre nièce pense encore que c'est de sa faute, avait alors grogné le lieutenant Général à l'autre bout du fil. Mais d'après mes avocats, il n'y avait pas assez de preuve pour l'inculper...

— Une questions me taraude l'esprit depuis le début. Il me semble que vous étiez en Amérique au moment des faits...

Laissant sa phrase en suspense, le général avait de suite compris où il voulait en venir et n'avait pas tardé à s'expliquer. Bien qu'il ne pensait pas cet homme capable de le tromper afin qu'il fasse le sale travail à sa place, il n'était pas non plus sûr de ses intentions. Étant donné sa position au sein de l'armée, s'en prendre directement à une famille russe le mettrait dans une situation plus que fâcheuse.

— Ravil, le mécanicien qui s'est occupé des réparations, était un ami de longue de date de Sofia et de mon frère. Il m'a de suite contacté après avoir constaté que les freins avaient été desserrés pour m'en faire part. Par la suite, j'ai mené ma petite enquête de mon côté et j'en suis arrivé à cette conclusion.

Leonnid Ivanov, si ce bâtard avait bel et bien quelque chose à voir avec l'accident ce jour-là, alors il ne paierait rien pour attendre ! Morgan avait ensuite repris sur un ton plus grave :

— Maria Ivanova, méfiez-vous d'elle. Cette bonne femme a plus de ressources que vous ne le pensiez. Elle n'a pas besoin de se salir les mains pour arriver à ses fins. Beaucoup de rumeurs circulent à son sujet en Russie, notamment le fait qu'elle aurait elle-même organisé le meurtre de son père il y a vingt ans.

Voilà donc à quel genre d'adversaire il allait avoir affaire, avait-il pensé à ce moment-là. Grand-mère Ivanova était le genre de personne suffisamment intelligente pour ne rien tenter de stupide et d'attendre patiemment le bon moment avant de passer à l'acte. Peu importe le temps que cela prendra, elle parviendrait à ses fins. Un vrai renard !