Chapitre 23

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La petite entrevue entre Stanislas et le politicien s'éternisait. Assise sur l'une des chaises hautes de l'îlot central, la jeune femme mangeait les tacos restants du midi, perdu dans ses pensées.

— Cela fait plus d'une heure maintenant qu'il discute enfermé dans cette pièce. Je me demande de quoi ils peuvent bien parler pour que ça prenne autant de temps.

Dénarys posa sa tête dans la paume de sa main et soupira longuement d'ennui. Portant son taco à peine entamé à sa bouche pour tromper son ennui, une pensée lui vint subitement en tête. Avec toute cette agitation liée à la présence du Sénateur, il était impossible pour lui de savoir ou de contrôler le moindre de ses faits et gestes, pensa-t-elle en souriant. Elle pouvait alors discrètement emprunter l'une de ses voitures et sortir de la propriété sans se faire voir !

Abandonnant son taco dans son assiette, celle que le sniper surnommait sa tigresse blonde, monta les marches d'escalier par quatre et se rendit dans leur chambre. Après avoir troqué sa robe pour une tenue beaucoup plus confortable, la jeune femme vérifia une dernière fois son frère qui dormait et en profita pour lui caresser les cheveux. Il dormait sur le ventre et semblait encore profondément endormi. Il était rare de le voir faire la sieste, lui, qui est toujours si actif, se dit-elle.

Puis, elle attrapa ses sandales et descendit sur la pointe des pieds l'escalier en marbre. Un grand sourire vint étirer ses lèvres, en ne voyant personne monter la garde. Sauf qu'au moment où elle posait la main sur la poignée de la porte, une voix grave et suave, qu'elle reconnut aussitôt, résonna derrière elle, l'empêchant de faire tout mouvement :

— Je peux savoir où tu vas ?

Dénarys se pinça les lèvres et se maudit de ne pas être passé par la porte menant directement au garage. Elle sentait les battements de son cœur s'accélérer et une boule d'appréhension lui nouer le ventre. La jeune femme ferma les yeux, prit une grande respiration, et se tourna vers lui, prête à affronter son amant.

— Faire quelques courses dans une supérette pas loin d'ici. Je profiterais de ce temps pour prendre un peu l'air aussi.

Le sniper russe se tenait debout derrière elle. Mains dans les poches, il avait penché la tête sur le côté et la fixait de son regard perçant. Il portait un costume entièrement noir, probablement fait sur-mesure, qui devait valoir des centaines de milliers de dollars. Parfaitement peignés, ses cheveux avaient été tirés à l'arrière de sa tête, ne laissant que quelques mèches tomber devant ses yeux, accentuant par la même occasion son côté dominateur. Stanislas arborait cet air dominant et supérieur. Les yeux plissés, il la fixait sans bouger. Son visage arborait une expression impassible, il était difficile de savoir à quoi il pensait exactement.

— Pourquoi ne pas demander à l'un de mes hommes de main de le faire ? Aurais-tu oublié ce qui s'est passé ce matin ? Rappela-t-il d'une voix ferme.

— Je fais encore ce que je veux, contra la belle blonde en se braquant presque immédiatement. Je ne suis pas ta prisonnière Stanislas.

D'une main, elle le vit desserrer sa cravate en soufflant. Il s'avança ensuite vers elle d'un pas lent, réduisant la distance qui les séparait et attrapa son menton pour plonger son regard dans le sien.

— Ce n'est pas le cas et tu le sais très bien, déclara-t-il sur un ton étonnamment calme. Alors, pourquoi partir comme une voleuse ? Aurais-tu quelque chose à me cacher ?

— Non, bien sûr que non ! S'écria-t-elle. Stanislas... Je...

— Je ne te priverai jamais de ta liberté, je ne suis pas ce genre d'homme égoïste qui pense qu'une femme se doit d'être toujours à la maison à l'attendre patiemment. Mais dans ton état actuel, je ne veux pas prendre le risque qu'il ne t'arrive quelque chose.

𝐋'𝐢𝐯𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧Where stories live. Discover now