𝐋'𝐢𝐯𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧

Hors-série (Le livreur)

CHAPITRE 33.1

Après que la petite dame l'ait laissé sur le pas de la porte pour monter récupérer en vitesse son argent afin de le payer, le jeune livreur se dit qu'elle devait probablement être mariée à un célèbre producteur de films ou être la fille d'un riche homme d'affaires ayant tout réussi dans la vie. Une riche héritière ? En tout cas, avec ses traits fins et délicats, et sa chevelure bouclée lui donnant des airs sauvages, elle était de loin la plus belle femme que la vie lui avait permis de voir. Elle était encore plus belle que Kylie Jenner, compara-t-il. Celui qui aura la chance de la marier ferait mieux de la choyer jusqu'à la fin de sa vie et de tout faire afin de ne pas ternir ce magnifique diamant.

Lorsqu'elle lui avait ouvert la porte, tout avait été digne d'un des films de Steven Spielberg. Sous un ciel clair et parsemé d'étoiles, sa beauté l'avait frappé en plein cœur. L'odeur de jasmin qu'elle dégageait avait fait naître en lui un sentiment grisant d'aventure, bouleversant un peu plus ses sens. En un claquement de doigts, ses bonnes résolutions et son bon sens s'étaient envolés, lui qui s'était promis de ne jamais coucher avec les clientes qu'il devait livrer.

Mais au vu de sa grande richesse et de sa beauté, elle devait côtoyer des hommes célèbres et surtout... Des hommes dont la fortune serait plus haute que toute une vie de salaire. Il n'y avait aucun risque qu'elle accepte un dîner aux chandelles même dans l'un des restaurant les plus chers et côtoyés de la ville avec lui.

Il devait se faire à l'idée. Jamais il ne pourrait avoir une aussi belle femme à présenter à ses parents. Soudain miné par ses propres pensées, l'homme décida de jeter un coup d'œil à l'intérieur. Cette vaste demeure était à l'image du propriétaire, observa-t-il. Tout était raffinée, moderne et luxueux. Quelque chose dont il ne pourra, encore une fois, jamais se payer au cours de sa misérable vie, se dit-il en soupirant longuement.

Voyant que la petite dame ne revenait toujours pas, curieux, il décida quand même de jeter un rapide coup d'œil à l'intérieur de la maison. Si l'extérieur était aussi bien entretenu et beau, digne d'un parc royal, l'intérieur devait l'être également, voire encore plus ! Il s'imagina un magnifique mobilier, avec des vases hors de prix, ou encore d'immenses tableaux contemporains de grands artistes provenant du monde entier.

Passant la tête à travers l'encadrement de la porte, il avala difficilement sa salive lorsque son regard rencontra quelque chose d'inhabituel. En effet, deux hommes, dont un jeune adolescent, étaient tous les trois assis sur un grand canapé en train de nettoyer des armes sur une petite table.

Cigarette en bouche, des verres remplis d'un liquide ambré, ils discutaient sans faire attention à lui. Du moins, ça, c'était avant qu'il ne croise le regard effrayant de l'un d'eux. Sans doute, la petite exclamation de peur qui lui avait échappé, avait attiré leur attention.

Juste ciel, il allait mourir avant même d'avoir eu sa première fois avec une femme. Mais quel idiot ! Pourquoi s'était-il senti obligé de regarder à l'intérieur ? Maintenant, ces mafieux connaissaient tous son visage et pouvaient à tout moment venir le zigouiller même si le FBI se portait volontaire pour le cacher. La mafia finira toujours par le retrouver où qu'il aille.

L'homme aux iris verts ne dit rien, se contentant simplement de regarder derrière lui d'un air las. Il ne le regardait même pas, il devait le voir comme un vulgaire insecte sans menace, essaya-t-il de se persuader. Figé sur place et incapable de réagir, une voix provenant de derrière lui le fit sursauter.

— Excusez-moi, j'aimerais entrer.

Tournant lentement la tête, il découvrit avec horreur, un autre homme plus petit que lui, vêtu tout de noir en train d'essuyer une paire de lunettes à l'aide d'un mouchoir immaculé. Son attention fut toutefois interpellée par les éclaboussures de sang sur son visage et ses vêtements. Lorsqu'il remit ses lunettes, il lui sourit sans joie.