CHAPITRE 26

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Je n'ai pourtant pas encore prévenu ma tante que j'avais accepté le poste. Alors que fout-il ici ?  Et surtout, comment sait-il que je me trouve dans cette chambre précisément ?

Afin d'éviter de déranger les voisins d'Alphonse, je décide de descendre plutôt que de brailler à travers la fenêtre. Je sais que je n'ai pas le droit d'aller dehors, mais maintenant que je fais partie du personnel, Hermès peut bien fermer les yeux si je sors pour demander à mon voisin ce qui lui prend de venir ici au beau milieu de la nuit, pas vrai ?

Une fois en bas des escaliers, la porte d'entrée est déjà ouverte. Elle ne l'est jamais. Il n'a quand même pas eu l'inconscience de rentrer par lui-même à l'intérieur ?

Cependant, je devine deux voix discuter à travers l'embrasure de la porte. En y glissant mon nez discrètement, je reconnais Hermès. Elle discute avec Noah.

Et merde.

— Si tu es venu voir Alphonse, il dort. Notre dernière mission a été une boucherie et ça lui a demandé beaucoup d'énergie.

— Merde...

— Merde parce que tes camarades ont faillit tous mourir, ou merde parce qu'Alphonse ne peut pas te rendre service ?

— Les deux. Je ne suis pas un enculé à ce point Hermès.

— Tout dépend du corps que tu occupes. Cette fois-ci tu as l'air d'être tombé sur un jeune homme bien élevé. Bien que les humains bien éduqués frappent à la porte et non au carreau en pleine nuit.

Du corps qu'il occupe ? Comment ça ?

— Ce n'est pas comme si la moitié du refuge ne dormait pas. Que s'est-il passé ?

— Un démon du feu.

Noah fronce les sourcils.

— Il n'y en a pas dans ce monde, contre-t-il.

— C'est bien ça le problème. Il ne devrait pas y en avoir.

— Alors ça veut dire que...

— Qu'il y a bel et bien une porte qui relie Velanium à la Terre, oui.

Soudain, le visage de Noah semble s'illuminer. Comme si le fait qu'un passage entre le monde des humains et des démons était porteur d'espoir.

— Ça ne sert à rien de tirer cette tête d'imbécile heureux. La porte marche dans un sens mais peut-être pas dans l'autre. Et crois-moi que si on découvre l'emplacement de cette porte, on fera tout pour qu'elle se referme.

— Mais je ne peux pas rester dans cette situation là ! J'en ai marre de voir mes corps mourir les uns après les autres, de voir les gens qui m'entourent être triste de la disparition de leur père, leur frère, leur fils. Marre de devoir tout recommencer à zéro et de ne pas pouvoir lier des relations plus stables.

— Les résidents du refuge ne te suffisent pas ?

— Moi, j'aime les humains, contrairement à vous.

— Oh, le petit prince aime les humains, vraiment ? C'est pas ce qu'on en avait déduit en vu de ton comportement avec les humaines.

— J'ai rencontré de bonnes personnes. Une en particulier. Et je sais que...qu'elle est différente.

— Oublie-la. Tu ne pourras jamais être avec elle, et tu le sais parfaitement.

— Mais elle ne m'oubliera pas.

— Tu es vachement prétentieux. Retourne dans ton foyer actuel, il se fait tard et Alphonse ne t'accueillera pas avant plusieurs jours encore.

Mais Noah reste planté dans l'allée.

— Quoi ? T'es venu pour autre chose ?

— La fille que vous avez emmener, elle est où ?

J'entends Hermès glousser.

— Derrière-moi.

Noah lève les yeux dans ma direction. Son visage se flétrit instantanément. J'aurai bien pris mes jambes à mon coup, mais mon corps refuse de réagir.

— Elle va rester chez nous encore quelque temps. Ne t'inquiètes pas, elle n'ira pas en prison.

— Alors, tu es vraiment un démon ? demande Noah, désemparé.

— Et toi, qui es-tu Noah ? lui rétorqué-je, un ton accusateur dans la voix.

Il se fige, et baisse les yeux vers le sol.

— Il ne peut pas te le dire. Où son corps va mourir plus vite que prévu, répond Hermès à sa place.

— Plus vite que prévu ...? Ce qui veut dire ...?

Noah recule, se précipite vers le portail et disparaît dans la nuit.

— Noah ! je hurle en courant à sa suite avant d'être arrêté par le bras d'Hermès.

— N'oublie pas que tu ne peux pas sortir. C'est déjà bien gentil de ma part de t'avoir laissé prendre part à la conversation.

— Depuis quand sais-tu que je suis là ?

— Depuis que tu t'es levé de ton lit.

— Alors tu as fait exprès de laisser la porte ouverte ?

— Je savais qu'il ne venait pas que pour Alphonse. La nana qui lui fait briller les yeux, c'est toi. Vous avez baisé ensemble, je l'ai senti lorsqu'on est venu te chercher.  Mais lâche-le ou tu finiras par souffrir avec lui. Cet homme est maudit, et il le sera sûrement jusqu'à ce que le dernier humain sur Terre ne pousse son dernier souffle.

Hermès me pousse à l'intérieur et prend soin de bien fermer la porte d'entrée derrière nous.

DIAMOND SCHOOL TOME 2Where stories live. Discover now