Putain de Boss

Chapitre 5

- Jusqu'où iriez-vous pour Miller and Co ?

Non Nono ne réponds pas si vite, tu le sais on tourne 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Julien te le répète tout le temps. Allez, je vais commencer à tourner, ma langue bien sûr. Mais voilà mes lèvres qui s'ouvrent avant même que je n'aie le temps de commencer, un son commence à sortir, NONNNNNNNNNNNNNN, mayday mayday, tous les radars sont en rouge, je vais dire une bêtise.

- J'irais jusqu'au bout du monde, je me ferais teindre en blonde...

Edith Piaf ... Décidément c'est plutôt à n'oubliez pas les paroles que j'aurais dû candidater. Si seulement je chantais juste.

Et là mes joues deviennent toutes rouges, mon interlocuteur ouvre la bouche mais rien n'en sort et ses deux acolytes sourient, ils sont en fait bien vivants. Foutue pour foutue je poursuis.

- Dans la mesure où vous cherchez un développement à l'international, je suppose que je serais amenée à voyager. Quant aux cheveux, j'ai remarqué qu'il manquait un peu de jaune à ma chevelure pour me fondre dans le décor de la salle d'attente tout à l'heure. Je m'arrêterai toutefois à cela dans la mesure où ma taille ne me permettrait pas de décrocher la lune.

Silence. Encore. Décidément...

- Merci Mademoiselle Dupin, nous vous donnerons une réponse dans l'après-midi.

Je n'attends pas mon reste et détalle plus vite qu'une lapine (féminisme quand tu nous tiens). Je rentre à l'appart, 45 longues minutes de transports en commun plus tard. Mais quelle conne, c'était le poste parfait, comment j'ai pu foirer autant ?

Heureusement, Ju et Emma sont au travail. Je n'aurais pas supporté l'interrogatoire en règle qu'ils m'auraient fait subir. En plus j'avais oublié de cacher le bottin avant de partir ce matin. Ben est sûrement en train de roupiller, il est 10h15, après une garde et un concert de Noémie Dion à 7h du matin, il devait être crevé. Je décide de tenter ma chance, entre dans sa chambre. Il est bien en train de dormir, à poil et par-dessus la couette comme d'habitude. J'enlève mes chaussures, ma veste, ma jupe et ma blouse, et je m'installe dans son lit, sous la couette. Il vient alors se coller à moi, passant son bras par-dessus mon flanc pour laisser reposer sa main sur mon ventre. Il dort encore et moi, je me mets enfin à pleurer, puis je finis par m'endormir sous sa protection.

5 heures plus tard, mon téléphone nous réveille avec moultes vibrations. Numéro inconnu, je suis dans le coltar, c'est quoi ce numéro ? Je décroche, tentant de ne pas paraître endormie.

- Allo ?

- Mademoiselle Dupin ?

- Oui ?

Bordel mais c'est qui ????? J'allume et Ben grimace.

- Rémi Dallars, félicitations vous commencez dans 2 semaines, 8h30, le lundi.

Fin de la conversation. J'ai eu le job. Les blondasses ont vraiment dû être encore plus stupides qu'elles ne le paraissaient vu ma prestation anarchique.

Ben a entendu à travers le combiné, il s'apprête à me féliciter en me sautant dessus quand il voit mes yeux rouges et bouffis. Avec mon meilleur ami Thomas, Ben est celui qui me connaît le mieux. Il sait. Il sait que quelque chose ne va pas. Il ne sait pas quoi, mais il sait qu'il y a un grain de sable dans la machine, anguille sous roche, une couille dans le pâté, bref quelque part entre mardi matin et mardi soir quelque chose a merdé. Il sait aussi que je lui en parlerai quand je serai prête. Alors il ne me brusque pas, me prend dans ses bras, me caresse les cheveux et me chuchote doucement « ça va aller ».

Comment j'en suis arrivée là ? Voilà l'objet de cette histoire. Ça et la suite ...