Chapitre 17

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Lundi, 7h, on me caresse les cheveux.

- Allez ma Nono, tu dois te lever, tu vas être en retard.

- Non papa je veux encore dormiiiiiir, dis-je en me cachant sous ma couette.

- Ton réveil sonne depuis un quart d'heure, tu vas être en retard pour ton premier jour...

- Pas grave je chercherai un autre travail.

Quand Julien essaye de me lever, ce n'est pas comme quand c'est Ben. Il est beaucoup plus doux et moins bruyant, et du coup, carrément moins efficace.

- EMMA ! hurle-t-il.

- Ahhhhhhhh mais qu'est-ce que c'est que ce bruit, mes oreilles saignent, je vais déjà devoir poser un jour de maladie avant même d'avoir commencé, dis-je en ponctuant ma tirade de quelques gémissements d'agonie.

- Tu te lèves ou je dis à Emma de taper plus fort sur les casseroles, dit-il alors que le bruit se rapproche.

- Vous avez gagné, je me lève, mais je vous préviens, si du fait de ma ponctualité extrême, je suis élue employée du mois, vous me devrez une soirée de tournée. Traitresse, j'ajoute en regardant Emma qui se tient désormais dans l'embrasure de ma porte.

8h25, je suis devant l'entrée de mon nouveau travail. Pour faire bonne impression, j'ai mis une petite robe noire près du corps, mes cheveux sont relevés en une simple queue de cheval et bien sur j'ai opté pour des chaussures plates.

Je me dirige vers l'accueil, c'est toujours la même blondasse que la dernière fois derrière le comptoir. Cette fois elle me toise 2 bonnes minutes avec son air qui me dit « toi ma cocotte, t'as rien à faire ici ». Eh bien grognasse je ne suis pas une poule mais par contre toi tu as une tête de chèvre. Finalement, elle m'indique de me rendre au bureau du directeur des ressources humaines, soit au même endroit que lors de mon entretien.

La porte est ouverte, je toque quand même.

- Entrez

- Bonjour, dis-je en entrant.

- Bonjour Mademoiselle Dupin, prête à commencer ?

- Non.

- Non ?!

- Non. La conversation promet d'être intéressante me dis-je alors.

- Et pourquoi non ? Vous êtes bien ici pour prendre vos fonctions d'assistante ?

- Tout à fait Monsieur Dallars, mais je suppose qu'avant de commencer il faudra me montrer mon bureau et me briefer sur le travail à effectuer.

- Rémi, appelez-moi Rémi. Venez, je vais vous faire visiter et vous indiquer les tâches qui vous incomberont. Marie, dit-il à la fille du bureau jouxtant le sien, je vais faire visiter le bâtiment à Noémie, c'est la nouvelle assistante Alex, si quelqu'un me demande, dites-lui de repasser dans 1 heure.

Marie est l'assistante de Rémi, c'est écrit sur la porte de son bureau. Elle est blonde, environ mon âge, elle a l'air sympa et son regard est plein de compassion. De la compassion ??? Euuhhhh mais pourquoi ? Dans quoi me suis-je encore fourrée ?

Rémi me fait donc visiter les locaux comme convenu, il me présente à plusieurs collègues, je ne retiens plus les prénoms, il y en a bien trop. Par contre on en parle du fait que les femmes sont toutes blondes ? A croire qu'il n'y a que ça dans cette boîte... je vais probablement mettre la police de la discrimination sur le coup. Je ne vois pas d'autre possibilité qu'une discrimination en faveur des blondes pour expliquer ce fait. Seulement 10% de la population française est blonde, alors comment ils font pour n'avoir que des blondes parmi leurs salariées. Est-ce que du coup avec mes cheveux châtains, je suis le vilain petit canard qui les sauvera d'une grosse amande ?

Nous arrivons finalement à mon bureau. Et quand je dis mon bureau, je veux vraiment dire mon bureau, ma table de travail, mon écritoire ... Je n'ai pas de pièce attitrée, mon espace de travail se situe au niveau d'une sorte de palier, passage obligatoire entre l'ascenseur et le bureau (la pièce pour lui) du big boss. Il va falloir que je sois sage et travailleuse, car on peut vite se faire gauler quand on a pignon sur rue, ou sur ascenseur dans le cas présent. Zut, crotte, flûte.

- Voilà, dit Rémi en sortant un énorme classeur prêt à déborder. Vous trouverez ici tout ce qu'il faut pour devenir l'assistante parfaite d'Alex Miller.
Là, une liste de numéros de téléphone à retenir. Plus vite vous l'aurez mémorisée, plus vite Alex vous lâchera sur ce point.
D'ailleurs, en parlant d'Alex, il est actuellement en déplacement à Londres jusqu'à mercredi prochain, ce qui vous laisse une semaine et demie d'avance pour commencer votre travail de mémorisation, vous familiariser avec les directives et remettre un peu d'ordre. La dernière assistante était une vraie catastrophe.

Alex. Je suppose qu'à force, l'image d'Alex Berges arrêtera de venir à moi quand on parlera de mon nouveau patron.

- Merci, dis-je en essayant de me redonner une contenance.

- Avec Marie, nous prenons notre pause à midi et demi, vous mangez avec nous ?

- Avec plaisir, dis-je en lui souriant.

- On viendra vous chercher à votre bureau, à tout à l'heure.

Les portes de l'ascenseur se referment sur le DRH et je commence à feuilleter l'énorme classeur qu'il m'a laissé. Effectivement, tout est en bordel. Je sais que j'adore le bordel, mais pas à ce point, d'autant que mon bazar à moi, il est organisé. Là j'ai l'impression qu'il y a eu une perquisition, tout est sans dessus-dessous et surtout rien n'est placé logiquement. Je décide donc de commencer à remettre de l'ordre, tout en mémorisant mes premiers numéros. Il y en a 178 en tout.

- Coucou, me dit Marie qui sort de l'ascenseur.

Je peux voir la stupeur dans ses yeux quand elle voit que niveau rangement, c'est encore pire qu'avant. Mais je ne connais que cette technique pour ranger. On en met d'abord encore plus partout puis tout à coup tout est nickel.

- Coucou, vous avez besoin de quelque chose ?

- Non il est midi et demi, je viens te chercher pour manger. On se tutoie hein ?

- Déjà, pétaradou, je n'ai pas vu le temps passer, ok pour se tutoyer.

Nous rejoignons Rémi dans le hall d'accueil et partons déjeuner. Tout se passe bien jusqu'à ce que ...

- Nonnnnnn pitié je ne pourrais pas partir sans goûter à ce fondant au chocolat. Je l'ai vu dans l'assiette du voisin, oui là, regardez, et vous voulez m'en priver ? J'ai un corps à entretenir, pitiéééééééé, j'implore à nouveau.

- Noémie on va être en retard, me dit Marie

- Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? je commence à réciter Le Cid (de Corneille), vous savez la fameuse tirade de Don Diègue, depuis que je l'ai apprise au collège, elle est restée gravée dans ma mémoire, un don et une malédiction cette mémoire, mais pour la prochaine semaine je compte bien la mettre à profit pour apprendre les 178 numéros de téléphone du gros classeur.

- D'accord, d'accord, d'accord, me dit Rémi au bout du 7ème vers.

- Merci chef, vous êtes le meilleur.

Putain de BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant