Chapitre 43

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PDV Alex

« Ce qu'il s'est passé à Londres reste à Londres monsieur Miller. »

Au moins ça a le mérite d'être clair. En même temps, c'était une énorme erreur. D'abord c'est mon assistante, niveau réputation, prud'hommes, ... je risque gros. Et puis c'est Noémie Dupin. Ce n'est donc pas plus mal comme ça. Mais pourquoi alors ça me dérange autant ?

J'ai vu Estelle samedi. Enfin, vu est un bien grand mot, je dirais plutôt aperçu. Elle est vraiment inintéressante, j'ai prétexté une migraine et je suis parti avant même qu'elle ait eu le temps d'enlever sa veste. Je devais ensuite voir Clémence dimanche mais j'ai prétexté un repas de famille, et comme je n'aime pas mentir, je suis vraiment allé rendre une petite visite à mon grand-père à l'EHPAD. Il ne m'a pas reconnu. Ça me fait toujours mal au cœur de voir ce qu'Alzheimer a fait de ce si grand homme.

J'ai aussi vu Rémi. Il a passé une super semaine en mon absence ! Samedi il m'a trainé en boîte, où il a chopé de la bimbo bien refaite. Et moi, je suis parti dès que j'ai pu, aucune des 4 filles qui me tournaient autour n'ayant trouvé grâce à mes yeux.

En gros, un bon week-end de merde. Je suis donc content d'être au travail. A 8h29, ça frappe à ma porte.

- Entrez.

- Bonjour monsieur Miller, votre café, me dit Noémie sans même me regarder.

J'avoue que mon amour propre en prend un coup, elle ne se donne même pas la peine de me faire son trop grand sourire habituel. Alors je décide de ne pas répondre. Je m'attends à une remarque mais elle n'en fait rien, elle reprend simplement le café et ressort.

Non mais elle plaisante là ! J'appuie sur l'interphone.

- Noémie, dans mon bureau, avec mon café !

- Un problème monsieur Miller ? dit-elle en entrant à nouveau, avec son stupide sourire qui me nargue.

- Mon café.

- Oui ?

- Donnez-moi mon café.

- S'il vous plaît !

- Même s'il ne vous plaît pas, posez-moi mon café sur mon bureau, MAINTENANT !

- Monsieur Miller, je crains que ce ne soit impossible.

- Et pourquoi donc ?

- Quand vous criez, ça me fait peur et je n'arrive plus à bouger. Si toutefois vous daigniez me saluer, et me demander poliment votre café, je suis sûre que tout s'arrangerait et qu'il serait sur votre bureau en moins de temps qu'il ne vous en faut pour dégainer.

Ses joues s'empourprent.

- Je croyais qu'on avait dit que ce qu'il s'était passé à Londres restait à Londres ?

- Je, euh, je parlais de dégainer verbalement, je n'avais pas réfléchi au double sens jusqu'à ce que je m'entende le dire. Je, euuhhh, je reviens.

Elle sort presque en courant et revient aussi vite, en toquant à la porte. Je m'attends à ce qu'elle entre mais elle n'en fait rien. Elle me fait tourner en bourrique. PUTAIN ! Elle n'est pas là depuis 5 minutes que je suis déjà tendu.

- Qu'est-ce que vous attendez, entrez ! dis-je sèchement.

- Bonjour monsieur Miller, votre café, dit-elle avec son putain de sourire.

- Re-bonjour, merci pour le café.

- Techniquement, la seule ici qui peut dire re-bonjour c'est moi, puisque vous n'aviez rien dit tout à l'heure.

- BONJOUR, c'est bon ?

- Je ne sais pas monsieur je n'aime pas le café !

Elle le fait exprès. Elle veut ma peau.

- Quel est le problème ?

- Aucun problème monsieur. Avez-vous besoin de moi pour autre chose ?

- Non, vous pouvez aller travailler. Restez près de moi aujourd'hui, en d'autres termes : pas trop de pauses. Nous avons accumulé du retard sur les dossiers courants et je risque d'avoir souvent besoin de vous.

- Bien monsieur.

Je dois aller me changer les idées, elle m'a trop énervé. J'avale mon café et je vais voir Rémi.

Le reste de la semaine est identique. J'ai parfois l'impression d'avoir rêvé ce qu'il s'est passé à Londres. La Noémie douce, vulnérable, dans mon lit, mais il me reste quelques griffures pour être sûr que c'est arrivé. En fait, la seule chose qui n'a pas changé par rapport à Londres, c'est qu'elle est toujours aussi bandante. Quand je la regarde, j'ai parfois du mal à me contenir, et c'est encore pire quand elle me fait tourner en bourrique. Dans ces moments-là, j'ai juste envie de la plaquer sur mon bureau et de la faire hurler mon nom.

J'en suis donc à une semaine de douches froides et 85 bornes parcourues. Je traine donc Rémi à la salle de sport. A peine entré, Rémi repère des connaissances et va les saluer. Je lui suis.

- Salut, vous allez bien ?

- Super et toi ? répond une jolie brune.

- Impeccable ! Je vous présente Alex, le grand patron !

- Ohhh c'est donc vous le patron de Noémie ? Je suis Emma, enchantée !

- Enchanté, oui, je suis le patron de Rémi et Noémie. Les deux garçons qui l'accompagnent me regardent un peu en biais, il doit me manquer une info. Et donc comment connaissez-vous Rémi ?

- Noémie nous l'avait présenté au club l'autre soir et on l'a revu la semaine dernière à la salle !

- Du coup vous poussez ? me dit le blond.

- Oui ! Vous êtes Ben c'est ça ? Dis-je en me rappelant que c'est lui qui est venu la voir après l'incident Portier.

- Tout à fait ! Je suppose que Noémie a déjà dû se plaindre une bonne centaine de fois de moi ?! dit-il amusé.

- Un millier serait plus juste, je lui réponds sur le ton de la plaisanterie !

Nous commençons à faire notre séance de sport à côté d'eux. Plus le temps passe, plus les garçons, Ben et Julien, se détendent et rigolent avec moi. Emma m'explique qu'ils sont très protecteurs avec Noémie. Je ne comprends par pourquoi, c'est plutôt moi qu'il faudrait protéger de Noémie. Tout le monde éclate de rire. A la fin de la séance, nous nous rendons aux vestiaires. Ben en profite pour me dire deux mots.

- Elle est fragile au fond, ne lui fais plus de mal, ou réellement je te casserai la figure, aussi sympa que tu puisses être.

- C'est plutôt elle qui semble vouloir me blesser, sans que je ne comprenne pourquoi. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça, je ne le connais pas et il est ami avec elle.

- Elle essaye juste de se protéger, tu as probablement changé et grandi, mais ce que tu lui as fait à l'époque, elle a eu du mal à s'en remettre, je ne suis même pas sûr qu'elle s'en est vraiment complètement remise.
Enfin bref, et sinon, la prochaine fois, je ne te laisserai pas me battre !

On a fait un concours stupide de qui soulèverait le plus de poids, et j'ai gagné ! Ce qui va me coûter une séance chez l'ostéopathe.

Putain de BossWo Geschichten leben. Entdecke jetzt