Chapitre 8

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Nous avions assez vite fini notre conversation mais j'étais restée encore de longues minutes dans les vestiaires, le temps de me remettre un peu de mes émotions. D'un seul coup, je me relevai, comme montée sur ressorts, afin de retourner en salle où Minato gérait un service qui n'était pas le sien.

Quelle cruche j'étais tout de même, pourquoi avait-il fallu que je fasse cette foutue crise le dernier jour de ma période d'essai ? Sur mon lieu de travail en plus ! Je ne savais vraiment pas choisir mes moments.

Parcourir le petit couloir jaune ne m'avait jamais semblé si long et pourtant il ne devait pas y avoir plus de trois mètres à franchir mais j'étais perdue dans mes pensées, loin. Très loin en fait. Je ne cessai de tout remettre en question, par rapport à moi, cette crise tout à l'heure, la soirée, et même toutes les autres.

Mes pensées tournaient en boucle mais je ne savais pas comment les arrêter, je ne savais plus. J'avais voulu continuer le vol de la vie mais ne m'étais pas rendue compte que j'approchais trop du soleil et, tel Icar, j'avais brûlé mes ailes. Désormais je devais accepter les brûlures de mon dos.

Je me sentais aliénée dans mon propre corps, comme prisonnière de quelque chose de trop grand pour moi. Paradoxalement, mon enveloppe charnelle me semblait trop étroite pour mon esprit. Je faisais face à un trop plein d'émotion qui n'arrivait pas à s'exprimer. Un trop plein d'émotion que je devais enfermer. Je me sentais simple spectatrice d'un évènement important.

Ma décadence ?

Je secouai la tête pour me ressaisir avant de passer la porte ; j'avais déjà assez fichu le bazar ce soir, il était hors de question que je laisse encore ma faiblesse transparaitre, qu'importe qu'elle soit présente ou non. J'étais forte et je devais le montrer.

L'étais-je vraiment ?

En entrant dans la salle je m'étonnai, normalement je devais reprendre mon service mais tout était vide. Plus aucun clients aux tables ou au babyfoot. Je fis courir mon regard inquisiteur sur toute la salle en quête d'une explication. Rien de ce qui traversait mon esprit n'était plausible. Ce n'est que lorsqu'il se posa sur Minato, assis à une table du fond, que je compris.

Il avait fermé le Myôboku pour ce soir. A cause de moi.

Son visage trahissait une très grande inquiétude qui semblait se propager dans son corps entier. Sa jambe droite tressautait nerveusement et il se rongeait les ongles à un tel point que je crus qu'il allait se faire saigner.

C'était une véritable torture que de voir ce visage poupin terrassé par la peur, l'angoisse, que j'avais crée.

Je m'en voulais profondément d'avoir inquiéter tant de monde pour pas grand chose. Tout s'était déroulé dans ma tête, j'étais la seule fautive. Mais toutes ces sensations étaient si ancrées dans ma chair que par instant je doutais de l'aspect psychique de ma crise.

Le blond releva alors son doux faciès vers moi, sûrement alerté par le claquement de la porte, et si son visage trahis au début un sacré soulagement, il n'en fut plus rien par la suite. Ce dernier se ferma et je ne pus plus y lire quoique ce soit. Il me murmura alors, les sourcils froncés et la voix baissant d'une octave :

"Qu'est-ce que c'était tout ça Tsunade ?"

Un frisson me parcouru l'échine alors que la culpabilité se peignait sur mes traits. J'avais vraiment merdé. Je sentais, de là où j'étais, la colère qui camouflait la peur qu'il avait ressenti ce soir.

"Je ne sais pas, soufflai-je honnêtement. D'après Kushina c'était une crise d'angoisse."

Lorsque je prononçai le prénom de la rouquine j'eus l'incongru espoir qu'il allait se dérider mais il n'en fut rien du tout. C'était vraiment pire que ce que je ne pensais.

TSUNADE - L'histoire D'une VieDonde viven las historias. Descúbrelo ahora