Chapitre 12

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Mes jambes commençaient à doucement s'engourdir. Ça faisait dix minutes que j'étais assise sur le canapé gris du docteur Hatake et je n'avais toujours pas prononcé le moindre mot. Je n'osais pas non plus esquisser le moindre geste de peur d'attirer son attention.

Oh, je savais bien que c'était inutile et que toute son attention était concentrée sur moi, mais j'avais besoin de me complaire dans mes illusions. J'étais moins effrayée ainsi.

Depuis le début de la séance, Sakumo m'avait proposé plusieurs fois de prendre une boisson, offre que j'avais déclinée. A présent je le regrettais un peu, ma gorge était plus sèche que le Sahara et j'aurais bien apprécié l'hydrater un minimum. J'avais peur que le moindre mot ne la déchire de par en par.

Il était assis sur un fauteuil en bois, matelassé de deux petites parties grises sur les accoudoirs et deux grandes pour le dossier ainsi que le siège. Les pieds, eux, se terminaient par un petit bout de métal doré.

Tout ici puait le raffinement à plein nez, passant des rideaux blancs bien droits, aux tableaux suspendus contre les murs gris, au simple tisonnier qui rappelait les moulures du plafond. Cet endroit semblait véritablement hors du temps c'était assez incroyable. Les secondes étaient plus longues que les jours et les heures plus courtes que les minutes. Rien n'avait de sens. Ni la raison de ma venue, ni le psychologue face à moi.

Un journal entre les mains, il ne me prêtait aucune attention, enfin seulement en apparence. De temps à autre je sentais une œillade légèrement insistante que je fuyais avant de le fixer à mon tour jusqu'au coup d'œil suivant.

C'était un jeu qui pouvait durer longtemps mais je m'y complaisais, ainsi j'avais l'espoir d'en finir au plus vite.

« Ai-je encore une trace de feutre sur la joue ? » me questionna-t-il en changeant de page.

Je le regardai un peu perdue, voilà qu'il parlait après une dizaine de minutes de silence pour me dire une phrase des plus incongrues. Je ne comprenais pas qui était cet homme, je n'arrivais pas à le cerner. Ça me perturbait beaucoup.

« Mon fils, Kakashi, aime me dessiner sur le visage quand je dors, expliqua-t-il en levant la tête. A voir votre air perdu ça n'a pas dû être le cas aujourd'hui.

- Non, en effet. » répondis-je simplement avant que le silence ne reprenne ses droits et ses yeux son journal.

Je commençai à me demander ce qu'il avait de si génial ce psychologue, il ne parlait pas ou seulement pour des futilités. Quoique, ça m'arrangeait bien.

Sakumo Hatake. J'avais fait quelques recherches sur lui avant de venir, histoire de ne pas trop être en terrain inconnu. Il avait un master en psychologie, obtenu à vingt quatre ans, puis il avait travaillé quelques années à l'hôpital publique de la ville avant de se mettre à son compte. Marié depuis bientôt dix ans, il avait avec sa femme un petit garçon de six ans, Kakashi Hatake.

Rien de bien intéressant sinon que tous ses patients semblaient relativement guéris et satisfaits à la fin de leur thérapie. Comment pouvaient-ils avancer s'il ne parlait jamais ?

Le plic ploc de la pluie troubla le silence et un frisson d'appréhension m'envahit. Je n'étais pas plus couverte contre la pluie que ce matin, le retour promettait. Le léger tremblement qui m'avait agitée n'avait pas échappé à l'œil scrutateur de Sakumo.

Sans me demander quoique ce soit, il se leva et alluma un feu dans la cheminée derrière moi. Aussitôt, une odeur typiquement hivernale m'envahit les narines et la pièce prit une teinte plus tamisée. Un vent de chaleur se dégageait, quant à lui, dans mon dos. Tout cela permit à l'ambiance de se réchauffer malgré la pluie qui tombait à l'extérieur.

TSUNADE - L'histoire D'une VieWhere stories live. Discover now