45 - Oh, think twice, 'cause it's another day for you and me in Paradise...

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Raquel...

La fatigue avait dû m'agripper dans ses méandres car je me réveillais quelques heures plus tard, sur mon lit. Paula était dans mes bras. Je la serrai davantage pour m'assurer de la réalité. Non, je ne rêvais pas... Je ne rêvais plus... Je ne me souvenais pas du cauchemar que je venais de faire mais je frissonnai toujours et j'étais en nage... J'inspirai un bon coup et décidai de me lever sans faire de bruit.

Je regardai les alentours et remarquai que rien n'avait changé, la luminosité était simplement moins importante à l'extérieur. Combien de temps j'avais dormi ? Et surtout que s'était-il passé ? Je ne me rappelais même pas être venue me coucher... Je sortis doucement de la cabine. Le silence plombait les cales alors que l'atmosphère n'était pas sereine... Je fronçai des sourcils et regardai en direction de la trappe, plus loin. Les évènements me revinrent et mon cœur rata un battement quand je vis l'homme assis, le dos légèrement courbé, fixant le mur d'en face. Sa main droite bougeait frénétiquement. Il semblait nerveux comme à son habitude. Je levai les yeux au ciel face à cette scène. Comment un même homme pouvait-il à la fois être impartial, distant, froid voire intouchable alors qu'en réalité il était simplement aussi vulnérable que chacun d'entre nous ? Oh non, je n'avais pas pitié évidemment, loin de là. Il méritait de vivre son propre Enfer en se torturant pour les actes qu'il avait commis. Au moins, il regrettait. Mais cela ne pourrait jamais ramener ma mère à la vie.

Je m'appuyai légèrement contre la porte qui grinça. Il leva immédiatement les yeux et ils croisèrent les miens. Les siens représentaient le mélange parfait du soulagement, de l'angoisse et de la culpabilité. J'omis la première constatation et me concentrai sur les deux autres, plus douloureuses et compliquées à digérer pour lui. Je souris intérieurement. Il souffrait et j'en étais ravie. Pourtant, une petite voix me rappela la réalisation de la veille. Alors, je le fusillai du regard et claquai la porte en rentrant. Paula se réveilla en sursaut et me demanda ce qui se passait. Je la rassurai en la priant de rassembler ses affaires. Je devais rester sur le qui-vive.

Quelques temps plus tard, nous avions tout rangé et j'avais évité par le silence les nombreuses questions de Paula. Mon esprit concentré sur le plan que je mettais en place, j'attendais patiemment. Au bout d'un moment, plus rien ne bougeait, je jetais un œil par le hublot. Nous étions arrêtés. Je souris. L'instant fatidique arrivait et j'en étais presque excitée. Je pris Paula par la main, les bagages de l'autre et je l'emmenai en dehors de la cabine. Cependant, j'entendis au loin quelqu'un crier « Profesor ». Mon cœur s'arrêta deux secondes. Nous avaient-ils retrouvés ? La panique me gagna et je tendis davantage l'oreille. Rien. Je ne percevais plus de voix ou alors des chuchotements au loin mais impossible de distinguer les interlocuteurs ou les paroles.

Cependant, il fallait que je réagisse. Et s'ils nous avaient trouvés ? Et si la police nous attendait ? Et si ma fille allait m'être arrachée comme ça pour vivre avec son père ? Je partirais directement en prison sans passer par la case départ... Je ne la reverrais jamais... Cette pensée me fit trembler de la tête aux pieds. Je devais prendre les devants et la protéger, nous protéger contre mes ex-collègues, contre l'homme qui me perturbait profondément et qui avait mis ma vie sans dessus-dessous. Et enfin contre Alberto... Alors, j'incitai ma fille à faire demi-tour. Une fois dans la cabine, je lui dis de se cacher et malgré certaines protestations, elle obtempéra. Je déposai les affaires que je portais dans les mains puis rebroussai chemin. Je refermai la porte discrètement et rejoignis de la même manière la trappe. Je m'attendais à être aveuglée par des gyrophares ou à apercevoir des hommes et des femmes en uniforme sur le port mais rien... Je n'osais pas m'approcher du bord, ainsi une grande partie m'était cachée. Je ne voyais plus le Professeur et j'en étais soulagée. J'allais rapidement vérifier si Coral se trouvait toujours aux commandes. Elle ne l'était plus, le bateau était simplement vide de leur présence. Je savais ce qui me restait à faire...

La casa de papel // Et si... (Serquel)Where stories live. Discover now