Partie 55

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Bismillah

« 3 mai. »

On est le 3 mai, putain cette date elle est gravé, c'est le premier 3 mai que je passe loin des miens, le premier 3 mai que j'suis pas à ses côtés. J'suis resté seul toute la journée, dans mon coin. Même en bas dans l'jardin, j'étais posé contre la grille. J'calculais personne, j'étais loin dans mes pensées, j'vois les gens venir en face de moi. Driss commence à m'secouer, j'entendais rien. Il parlait, j'voyais leurs lèvres bougé mais aucun son, comme un film muet. Puis le son commence à arriver.

- Driss : KHALIL ! ZEUBI KHALIL !!!

Mais qu'est-ce qu'il y a ? J'comprends pas, ils bougent partout pour rien. J'sens un liquide couler d'mon nez, j'passe ma main. J'vois du sang, oh c'est rien j'saigne toujours du nez pour un rien. J'm'écarte d'eux, Driss me suit.

- Driss : Eh gros ! T'a quoi ? Pourquoi t'es dans ton coin ?

Pourquoi j'suis dans mon coin ? Qu'est-ce que j'ai ? Le 3 mai zeubi c'était une date sacré, on était tous regroupé, cette date zeubi ! Mon daron il est mort le 3 mai, ça va faire 3 ans. & j'ai toujours pas fait l'deuil. Pourquoi les meilleurs partent aussi tôt, pourquoi ce mal être veut pas partir ? Pourquoi j'ai mal quand j'vois des gars avec leur daron ? Pourquoi quand j'pense à lui, j'ai une putain d'douleur à cœur ? Zeubi trop d'question. J'le regarde dans les yeux, il y a aucune expression sur mon visage, mais si tu regardes un peu mieux, tu peux voir toute la Haine qui m'submerge. Il me regarde et me glisse un : « Si tu veux parler, j'suis al gros ». J'le regarde du coin d'l'œil, puis on monte dans nos cellules respectives. Deux heures plus tard, j'avais l'parloir. C'était Yemma qui était venu. J'avance vers cette petite chaise, j'm'assoie. Elle me regarde avec ses grands yeux bleus. Putain, elle a vécu tellement d'chose, elle s'plaint jamais. J'baisse la tête.

- Yemma : Tu vas bien ?
- Moi : Oui ça va et toi ?
- Yemma : Oui, il te reste deux mois. Bientôt !
- Moi : Oui, j'suis pressé d'sortir d'ici...
- Yemma : Oui, mais après plus d'connerie ! Wallah que j'veux plus d'connerie !
- Moi : Smehli.

Que dire d'autre sérieux ? De voir votre mère assise dans un endroit sale, ignoble. J'regrette de la voir ici, elle devrait rentrer dans des palaces pas en prison... J'ai honte de moi zeubi ! J'discute un peu avec elle, elle me donne des nouvelles des autres. Rien de bien intéressent. Le soir je reçois une lettre de Sarah.

« Khalil, ça va ? Vas-y cette lettre j'suis chaude, j'la poste ! Le premier 3 mai qu'on passe loin d'toi, c'est dure wallah, encore plus dure. T'es pas là pour sécher nos larmes, Aniss il essaye tant bien qu'mal de nous remonter l'moral, mais rien ! Il a pas les mêmes manières que toi. Si papa il serait-là, il aurait été fier de toi Khalil, wallah tu t'sacrifie pour nous, tu prends des risques pour nous, j't'en veux pas du tout. Tu sais même pas le nombre de lettre que j'ai écrit mais que j'té pas envoyé. Bref ! Moi j'vais bien Hamdoullilah, on va tous bien, sauf que tu nous manque ! C'est un truc de dingue, même tes coups ils m'manquent. De plus t'voir en bas des blocs, de plus sentir ta présence. Cacou, elle m'a même demandé où t'étais. J'ai dit que t'était en voyage dans l'sud, elle m'a dit d'te dire qu'elle veut un cadeau. Démerde-toi !! Cherche un truc, un coquillage ou j'sais pas. A la cité c'est la même sauf que le petit frère de Kamil il a fait une crise d'asthme de malade, il est à l'Hosto. C'est la merde, wallah c'est plus la même sans toi. Il te reste 2 mois, 2 mois d'galère. Prend soin d'toi khoya. »

Les gens parlent de la rue, moi j'y ai vécu et jai tout perdu Where stories live. Discover now