Je réussirai... Pour toi ~ { Partie 1 }

Chapitre 5

Malefoy a provoqué le Survivant en duel, à minuit. Et il est actuellement en train de s'en vanter auprès d'autres premières années. Accompagnée de Jake, nous revenons d'une de nos séances d'entraînement, je passe à côté de son groupe en secouant la tête, déprimée. Alors que nous allions continuer notre chemin, il nous interpelle.

- Hé ! Attendez !

Je soupire, m'arrête et lui fait face. Il s'est levé afin d'être à notre hauteur.

- On a des prénoms, tu sais ?

- Oui, oui. Vous connaissez la dernière ?

- Le duel avec Potter ? À minuit ?

Je n'ai jamais compris cette manie d'appeler les gens par leurs noms de famille. Mais bon, il vaut mieux éviter de trop se faire remarquer.

- Les nouvelles circulent vite, ou alors c'est parce que mes exploits t'intéressent ?

- Rêves toujours. Alors... tu vas le planter ?

- Mieux. J'ai prévenu Rusard avec un mot. Anonyme bien sûr.

- Je vois. Et tu en es fier, je suppose ?

- Plutôt, oui.

- Je m'en doutais. Sinon, qu'est-ce que tu me veux ?

Il perd son sourire en coin et son petit air supérieur pour prendre un air plus sérieux.

- Te... vous. Vous parler. On se retrouve samedi, dans le parc, près des serres ?

Je ne réponds pas tout de suite, réfléchissant. Est-ce vraiment une bonne idée ? Je suppose que oui. Et puis, nous avons convenu qu'il serait mieux d'avoir des alliés ici, pour réussir.

- C'est d'accord.

Ne voulant pas m'attarder, je les laisse en plan et vais me coucher.

~*~

Le lendemain, on pouvait admirer la tête choquée de Malefoy quand il vit les deux Gryffondor au petit-déjeuner. C'était à parier... Ils réussissent toujours à se sortir, de justesse, des ennuis qu'ils s'attirent. Enfin ; seulement grâce à Hermione.

Le samedi est arrivé assez vite. Ils nous a fait parvenir une note au matin pour nous donner l'heure. 16 heures. Nous le rejoignons donc derrière les serres.

- Bon, nous sommes là.

- Tu veux nous parler de quoi, exactement ?

On peut lire la surprise dans les yeux du blond. Ce n'est pas parce que Jake ne parle pas souvent qu'il est muet.

- Je me disais que...

Que ? Il pourrait au moins finir sa phrase.

- Ce n'est bon pour personne que nous ne nous entendions pas. Et j'ai bien compris que vous n'êtes pas du genre à obéir... enfin... je veux dire, à suivre quelqu'un comme ça. Sans rien dire. Donc je pensais que ce serait pas mal qu'on devienne amis.

Nous ne disons rien sur le moment. Devenir amis avec lui ? Après tout ce qu'on a vécu, l'amitié est presque devenue une notion abstraite. C'est Jake qui lui répond.

- On a un léger... soucis avec l'amitié.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment.

Il nous regarde chacun notre tour, cherchant sûrement les réponses dans nos yeux.

- Vous cachez quelque chose, tous les deux.

- Et alors ?

- Rien. Vous en dites quoi ?

Je regarde Jake et hausse les épaules. C'est à lui de voir. En y réfléchissant bien, devenir amis avec Malefoy n'est pas une mauvaise idée. Mais je le laisse décider. Après plusieurs minutes, qui paraissent interminables, il donne sa réponse.

- Pourquoi pas. Après tout, on aurait pu tomber sur pire.

- Par contre, j'ai une question.

Ils se tournent tous les deux vers moi.

- Pourquoi as-tu voulu nous parler dans un endroit aussi discret ?

Je le vois froncer les sourcils tandis que Jake souris. Voyant que le blondinet ne trouve pas ses mots, je reprends.

- À moins que tu aies voulu éviter une humiliation publique en cas de refus ?

Je le vois sur le point de répliquer, puis se raviser et soupirer. Il m'intrigue.

- Je me doute qu'avec votre "léger soucis avec l'amitié", je dois être un maximum honnête avec vous pour que vous en fassiez de même.

Plutôt malin. En même temps, c'est l'une des qualités de Serpentard. Il continue.

- Donc, pour être honnête, tu as vu juste. Et... c'est plus pour moi que je vous ai fait cette proposition. Parce que je sais très bien que vous pouvez vous débrouiller seuls et...

- Je vois.

Et je suis stupéfaite. On atteint des sommets d'honnêteté avec Malefoy... Je ne pensais pas que c'était possible. D'ailleurs, il reprend la parole très vite.

- Est-ce que je pourrai savoir au moins une chose de plus sur vous deux ? Parce que vous connaissez mon nom, mon prénom, ma situation familiale et ce que je sais de vous se résume à un prénom et un nom de famille.

Il nous regarde puis soupire une seconde fois.

- S'il vous plaît ?

Je suis carrément époustouflée. Il l'a bien mérité, sa réponse.

- Et bien... Je ne sais pas vraiment ce que je peux te dire... Oh ! Je sais. Je... j'ai été séparée de ma famille il y a six ans. Je suis quasiment certaine que mon père est mort et... ma mère et mes sœurs doivent avoir été enfermées quelque part.

- ... Je ne sais pas trop quoi te dire.

Je hausse les épaules et laisse Jake poursuivre. Le fait de donner ces infos au blondinet permet qu'on apprenne à se connaître un peu mieux. C'est vrai que nous n'avons jamais abordé ce qu'on a vécu là-bas.

- Je crois que c'est mon tour. Alors... avec ma sœur, nous avons été séparés de nos parents il y a six ans. Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'ils sont devenus. Puis je me suis laissé attrapé pour qu'elle puisse s'enfuir. De ce que j'en sais, elle est toujours en vie.

Bon, tout ça, je le savais déjà. Mais ça valait le coup, juste pour voir la tête de Malefoy.

- Vous êtes en train de me dire que vous êtes seuls depuis six ans ?

Notre silence est une réponse à lui seul. Il finit par se reprendre.

- Très bien. Merci pour... ces... précisions ? Je vais y aller. On se voit au dîner ?

- Pourquoi pas.

Il acquiesce et s'en va. Dès qu'il fut assez loin, Jake se tourne brusquement pour me faire face.

- Au dîner ?

- Et moi qui pensais que tu allais m'interroger sur ma famille.

- Si tu voulais en parler, tu aurais abordé le sujet toi-même.

- Pas faux.

- Donc ? Le dîner ?

- On a bien le droit de faire une pause.

- Oui...

- On travaillera plus demain, si ça t'inquiète.

- C'est surtout pour ne pas perdre trop de temps.

- Je sais bien. Mais on a six ans à faire ici avant que ça ne dégénère trop. Ce n'est pas pour un samedi soir tranquille qu'on va perdre trop de temps.

- C'est vrai.

Il me sourit et nous retournons au château.