Chapitre 31

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Deux semaines. Il a tenu deux semaines à ne pas me parler. Ce qui ne m'a pas plus atteint que ça d'ailleurs. Si Drago ne veut pas me voir, à sa guise. C'est son problème.

Depuis ce que je lui ai dit, devant ce qui restait de l'équipe de Gryffondor, la plupart des élèves de notre maison ne m'adressent plus la parole. Bon, après, ce n'est pas comme s'ils me parlaient souvent. J'ai l'impression d'être revenue au début de l'année dernière.

- Tu penses encore à Drago .

Sa voix m'a sortie de mes réflexions. En levant les yeux, je tombe sur les siens. Bleu glacier. Tout le monde le pense insensible et froid. Pourtant, on peut trouver tous ses sentiments, dans ses yeux. De sa tristesse quand il laisse ses pensées divaguer, à sa joie quand il réussit à maîtriser un nouveau sort, le rapprochant un peu plus de sa sœur.

- Oui.

Il fronce les sourcils.

- Je ne sais pas trop quoi te dire. Tu as raison, je ne dis pas le contraire. Mais je crois que c'était juste un peu trop tôt.

- Vraiment ?

- Oui. Il ne te connaît que depuis un an. Et puis... l'influence de son père est très présente.

- Je sais. Mais si je ne le faisais pas à ce moment, quand est-ce que j'aurais pu le faire ?

Il soupire et se laisse tomber dans son fauteuil.

- Je n'en sais rien. L'année prochaine, peut-être ?

- Voir l'année d'après pendant qu'on y est.

- Je t'en prie, ne soit pas aussi cynique. J'ai bien conscience que, plus on s'y prend tôt, plus ça a de chance de fonctionner, mais tu dois bien admettre que là, c'est vraiment tôt.

- Sûrement. Dans tous les cas, c'est trop tard.

Il ne rajoute rien de plus. Laissant la salle commune se replonger dans le silence. Il est encore assez tôt, ce qui fait que nous y sommes seuls. Du moins... jusqu'à ce que quelqu'un sorte du dortoir des garçons. Relevant la tête, je peux constater qu'il s'agit de Drago. Je ne dis rien et le laisse faire. Après tout, c'est lui qui a décidé de ne plus me parler. S'il veut une conversation, il la démarrera tout seul, comme un grand. Il se laisse tomber sur le fauteuil à ma droite, en face de celui où Jake s'est installé.

- Salut.

Il récolte, comme toute réponse, un haussement de sourcils de Jake et un léger soupir de ma part.

- Je vois. Qu'est-ce que je dois faire pour que vous me parliez ?

Je hausse les épaules et laisse mon regard se perdre dans les flammes de la cheminée. Ce qui le fait soupirer.

- Très bien. Je m'excuse.

- De quoi ?

Je le vois sursauter, du coin de l'œil. Il croyait vraiment que je resterai sans rien dire ? Ça aurait pu être une solution. Mais je ne suis pas là pour ça. Et j'ai beau être rancunière, j'ai besoin de lui pour la suite.

- Euh...

C'est bon, je l'ai perdu.

- De quoi est-ce que tu t'excuses, exactement ?

- De... ne pas t'écouter. Parce que... tu as raison. Ça ne sert à rien ce que je fais.

- Bien. Maintenant, deuxième question. Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi elle ? Pourquoi Hermione Granger ?

- Mon père...

- Ton père t'a donné une insulte pour tous les né-moldu. Pourquoi est-ce que tu as choisi de l'utiliser à ce moment, pour cette personne ?

- Euh... je...

Aller, courage. Je ne le lâcherai pas tant qu'il ne m'aura pas répondu. Et il a dû le comprendre parce qu'il trouve quand même une réponse.

- Déjà, parce qu'elle est première de classe. Et à cause de ça, mon père il...

- C'est bon, j'ai compris cette partie. Mais il doit bien y avoir autre chose.

- Elle est amie avec Potter.

- Ce n'est pas une excuse potable. Donc ?

Il ne dit rien pendant plusieurs minutes.

- Je ne sais pas.

- Eh bien, réfléchis-y.

- Pourquoi ?

- Sérieusement, Drago ? Si tu sais pourquoi tu le fais, tu sauras comment arrêter.

- Et pourquoi est-ce que j'arrêterai ? Non... laisses tomber. C'est idiot.

- Heureuse que tu t'en aperçoives.

- Oh, c'est bon.

- Tss.

Je laisse échapper un léger rire, ce qui le détend. Bien, maintenant qu'il a un os à ronger, peut-être qu'il laissera tranquille la petite Gryffondor. Je l'espère.

~*~

- Mais où sont Potter, Weasley et Granger ?

Je relève la tête pour avoir la table des Gryffondor en vue. Et en effet, les trois perturbateurs du collège ne sont pas là. Je fronce les sourcils.

- À l'anniversaire de mort de Nick Quasi-sans-tête.

Nous nous tournons tous les deux vers Jake. Il nous dévisage et hausse un sourcil.

- Qu'est-ce que vous avez ? Je les ai entendu parler il y a quelque temps.

Je peux sentir le banc trembler légèrement tandis que la voix du métisse qui s'y est laissé tomber, se fait entendre.

- C'est ça qui est bien avec ce gars. On ne l'entend quasiment jamais, on ne le voie presque pas tant il est discret, ce qui fait qu'il est toujours au courant de tout.

- N'exagère pas, Blaise. Je ne suis pas au courant d'absolument tout.

- À deux ou trois informations près... j'ai raison.

Je vois Jake sur le point de répondre, mais il se fait couper par Théo.

- Laisse tomber. Pour une fois qu'il a presque raison, on peut bien le laisser savourer cette sensation.

- Presque ?!

C'est donc avec un sourire que je prends mon repas. Entre les coups d'œil exaspérés de Jake, l'argumentation pas du tout convaincante d'un Blaise outré face au sourire moqueur de Théo, et les sourcils froncés de Drago qui ne sait pas trop qui il doit défendre. Bien entendu, toute cette scène fait ricaner Pansy et Daphné, qui s'attirent les regards noirs des trois garçons... avant qu'ils ne repartent de plus belle.

C'est donc de bonne humeur que nous sortons de la Grande Salle. Malheureusement, ça ne dura pas. À peine avons-nous passé l'embranchement d'un couloir, que nous nous stoppons. Sachant très bien ce qui se passe, je ne montre absolument aucune émotion quand nous réussissons à passer devant, contemplant désormais toute la scène. Par ailleurs, Drago ne se gêne pas pour faire une réflexion.

- Ennemis de l'héritier, prenez garde ! Fais gaffe Potter, bientôt ce sera au tour de tes amis.

Je suis stupéfaite. Je sais qu'il a pris conscience de ses propos, mais je ne pensais pas qu'il se corrigerait aussi vite. Car, malgré son ton froid et son sourire moqueur, il n'a pas ressorti l'insulte de la dernière fois. Alors que c'était prévu.

Remarquant mon regard surpris, il me fait un petit sourire timide. Je lui rends volontiers, accompagné d'un léger signe de tête. Je suis fière de lui. Et de moi. Ça signifie une chose, nous pouvons réussir. Ce n'est qu'une petite victoire, mais c'est aussi un grand pas en avant.

Et je ne suis pas la seule à le penser. Juste en voyant son léger sourire, sincère, je sais que Jake n'en pense pas moins. Ça veut dire qu'on peut réussir. Que tout ce que nous faisons n'est pas complètement inutile. Et ça fait du bien.

- Que se passe-t-il ici ?

Et voilà. Notre très cher concierge est arrivé, attiré par l'exclamation de Drago. Son expression horrifiée quand il vit son chat m'aurait presque rendue triste pour lui. En fait, je crois que je suis quand même un peu triste. S'en prendre aux animaux c'est très lâche. Mais au moins, elle n'est pas morte.

- Ma chatte ! Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?

Il pose son regard sur Potter.

- C'est vous qui avez tué ma chatte ! Vous l'avez assassinée ! Je vais vous tuer ! Je...

- Argus !

Bien le bonjour à vous aussi, monsieur le directeur. Il est suivi de plusieurs professeurs, dont Rogue. Et Lockhart, malheureusement, ainsi que McGonagall. Le professeur de potions, après analyse de la scène, nous jette un regard entendu, à Jake et à moi. Oui, on savait que ça allait arriver, mais nous ne pouvions pas l'empêcher. Tout comme nous ne pouvons, et n'empêcherons pas les attaques suivantes. Je lui réponds d'un haussement d'épaules. Pendant ce temps, Dumbledore a détaché le chat, et a repris la parole.

- Argus, vous allez venir avec moi. Et...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que le professeur de défense contre les forces du mal l'interrompt.

- Monsieur le Directeur, si vous en avez besoin, mon bureau est juste à côté.

- Merci Guilderoy. Mr Potter, Mr Weasley, Miss Granger et Argus, allez m'attendre là-bas.

Ils passent tous en silence, suivis de McGo et Lockhart. Ils vont sûrement s'assurer que Rusard n'égorge pas un des Gryffondor.

- Tous les autres élèves, regagnez vos dortoirs. Sauf... vous deux.

Il nous lance un regard plus qu'éloquent. Soupirant, nous faisons signe aux autres de ne pas nous attendre. Après une légère hésitation, aidés d'un regard noir de Rogue, ils finissent par nous laisser. Une fois tout le monde parti, le directeur se met face à nous.

- Vous avez tellement l'air indifférent à toute cette agitation, je ne peux que me poser des questions.

Je sais que nous devons répondre. Et je sais aussi que notre maître des potions veut que nous lui disions la vérité. Mais pas aujourd'hui.

- Nous le savons bien monsieur, et c'est tout à votre honneur. Mais, voyez-vous, nous ne pouvons pas vous expliquer maintenant. Notamment parce que plusieurs personnes vous attendent pour régler un problème de la plus haute importance.

- J'aimerais quand même savoir quand est-ce que vous comptez me donner ces explications.

Je croise le regard sévère de Rogue et dégluti difficilement.

- Durant les vacances de Noël professeur.

- Vraiment ?

Pourquoi est-ce qu'il a l'air aussi sceptique ?

- Bien sûr monsieur.

Il nous regarde par-dessus ses lunettes en demi-lune. Puis il soupire et nous congédie. Enfin. Je crois que les semaines avant les vacances vont être stressantes.

Je réussirai... Pour toi ~ { Partie 1 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant