Chapitre 5

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        Je suis seule, mais pourtant je sens une chaleur posée sur mon épaule. Ma respiration est rapide, saccadée, je sens mon cœur palpiter comme si j'avais couru un marathon. Mais soudain, je suis figée, je vois quelque chose au fond de la cabane, je ne vois pas ce que c'est, cette chose est dans le côté où la lumière naturelle ne passe pas à travers les vitres. Je n'ai pas le temps de réfléchir, ni même m'inquiéter. Ma tête tourne, je sens des bouffés de chaleur me monter à la tête. La seconde d'après, je m'écroule le long de la porte que je retenais fermée. Mes oreilles ne perçoivent que des bourdonnements, des persiflages, pendant que ma vision se trouble, jusqu'à fermeture des paupières, comme si tout mon être se redémarrait.

          Un peu plus tard, j'ouvre les yeux péniblement, la cabane où je suis n'est plus la mienne. Comment je le sais ? Le toit n'est plus le même. La lumière du jour comble véritablement toutes les pièces, il n'y a pas un endroit dans la pénombre. Et je suis dans celle de Peter. Cette cabane dont j'ai eu le temps d'observer un matin après une nuit paisible, sans questionnement. Mon corps refuse toujours de répondre à mon envie de me relever, je suis paralysée sur ce lit, toute seule, ou du moins je pense, vu que je ne vois que le plafond et une partie de la pièce. Mais mon intuition me ramène au raisonnement. Je ne peux pas avoir changé de cabane, qui ne sont pas l'une contre l'autre, en étant inconsciente et paralysée. Les garçons perdus ont dû revenir et me voir dans mon état, je ne vois pas d'autre explication.

-Bonjour Marie, dit une voix familière.

-Peter ? Oh je suis contente que tu sois là ! Est-ce que c'est normal que je n'arrive pas à bouger ?

La personne se rapproche du lit, sauf que ce n'est pas Peter, mais Crochet. Il est bizarrement vêtu, il fait même presque peur. Le sourire en coin, il se rapproche de plus en plus, sortant les longs et gros couteaux de cuisine. Je panique, je tente de me débattre, mais ce n'est pas possible. Je ferme les yeux et là-...

        Je me réveille. Ce n'était qu'un horrible cauchemar. Je peux bouger, je ne suis absolument pas dans la cabane de Peter. Je suis toujours le long de ma porte, affalée. Je me redresse, et me pince le bras. Ouuf. C'est la vraie réalité. En face de moi, Peter et les garçons perdus, dans ma cabane, accroupis devant moi avec les larmes aux yeux, sauf toujours le même, Peter. Alors ma tête commence à se poser des multitudes de questions. Pourquoi pleurent-ils ? Qu'est-ce qui s'est passé, et pourquoi sont-ils apparus uniquement maintenant? Ces questions n'auront pour le moment pas de réponse, les garçons se jettent sur moi à la seconde où nos regards se sont croisés.

-Doucement les garçons perdus, elle vient juste de reprendre ses esprits que vous la secouez déjà. Fit remarquer Peter en essayant de se frayer un passage vers moi.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Je me souviens avoir eu la trouille de ma vie, vous étiez tous je ne sais où et après c'est le trou noir...

-On va d'abord s'occuper de toi, tu vas te reposer un petit peu et on reprendra les questions après ça, d'accord ? Me propose Pan, la main tendu vers moi pour me relever.

-Oui d'accord... Je suis exténuée...

Peter tente de me relever avec sa main, cependant le sol et les murs se mettent à valser autour de moi, puis ce sont mes jambes qui viennent se dérober sous mon poids. Cette fois-ci Peter écarte complètement les autres garçons, et vient me porter jusqu'à sa cabane; en m'éloignant, des murmures atteignent mon ouïe, le mot de "Maman" mélangé aux larmes. Je comprends mieux le déchirement qu'une mère peut ressentir vis-à-vis de ses enfants.



POV Peter (si jamais c'est point de vue de Peter)

           Marie est faible, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Si nous avions su avant qu'elle ne tenait pas beaucoup face à l'angoisse, nous n'aurions pas eu l'idée de cette farce. Je n'imagine pas comment elle serait face à Crochet et ses barbaries. Je dois redoubler de vigilance là-dessus, et je pense savoir à qui m'adresser quand elle se reposera. Mais j'ai peur qu'après lui avoir avoué la vérité qu'elle ne veuille plus rester ou rompre notre marché. Pour le moment je ne dois pas encore lui dire, dans son état ce n'est pas envisageable.
Nous franchissons l'entrée de ma cabane, je dépose Marie sur mon lit en la couvrant. Ses yeux sont entre ouvert, elle n'a qu'une envie c'est de les fermer. Je commence à me rediriger vers l'extérieur après l'avoir contemplé un moment, mais sa main rattrape mon poignet, je me retourne vers elle.

-Peter... Merci, je n'aurai pas tenu encore longtemps dans ce foyer...

Elle m'attire contre elle pour échanger un court mais tendre baiser. Je culpabilise sur le moment, mais elle ne doit pas encore savoir. Elle ferme les paupières et laisse un silence pesant à mon goût remplir la pièce. Je me faufile en dehors pour qu'elle puisse reprendre de sa vivacité tranquillement. Je refuse toutes les demandes que les garçons me supplient et je me dirige un peu plus loin dans les bois.


         Après un petit vol, me voilà près d'un arbre, le lieu d'habitation de Clochette, une bonne amie. Nous discutons jusqu'avant l'heure du diner. Celle-ci a accepté ma demande, cela me fait un poids en moins.                                                                                                                                                           De retour au camp, l'ambiance est plus joviale, Marie fait rire et s'amuser les garçons, je retrouve un sourire sur mes lèvres et m'approche.

-Oh Peter, on se demandait où tu étais passé. Me lâcha Marie avec le visage radieux et en forme.

-Excusez-moi, j'avais quelqu'un à voir.

-Du coup maintenant je peux savoir ce qui s'est passé avant ma perte de connaissance ?

-Oui... Tu as le droit de savoir



POV Marie

Le droit de savoir quoi ? Où veut-il en venir ? Je regarde les autres, mais ils baissent leurs têtes les uns après les autres.

-Nous étions bel et bien au camp, Marie, nous étions simplement cachés...

Caché ? Mais à quoi ça rime tout ça ?

-Nous t'avons fait une farce sans savoir que tu serais autant en panique. C'était ma main sur ton épaule, et l'ombre c'était les autres garçons. On se marrait beaucoup jusqu'à ce que tu tombes...

Peter continue son explication, mais moi plus. Hier, nous n'étions que douceur, tendresse et fusionnel, et là ils se sont moqués de moi avec cette farce ? Je n'en reviens pas, je suis colère, mais à la fois perdue, tout un tas d'émotion me traversent jusqu'à me faire perdre la raison, je sens mon intérieur bouillir. Mais là c'est la phrase de trop.

-Marie, ça va ?

                                                                             ~A suivre~

Une nouvelle Vie  -  Pour un nouveau mondeWhere stories live. Discover now