Chapitre premier

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      Après avoir débarrassé les trente assiettes du foyer où j'ai été recueillie, je monte dans ce que j'appelle "ma chambre". J'ouvre la porte et je vois les autres filles, qui logent dans mon espace, en train de casser tout ce qui me reste de mes parents biologiques. Mes mains crépitent et je sens la colère me monter aux joues, je serre les poings et me mords l'intérieur de la lèvre inférieure pour me retenir de pleurer. Je m'avance vers elles, je leur arrache des mains ce qui est encore intact de mes affaires, les larmes menacent de couler, mais je dois me montrer forte, j'ai 16 ans après tout. Elles me dévisagent, toutes, un sourire sournois sur leurs lèvres, là c'est la chose qui me fait partir en vrille. Je pose délicatement le reste de mes souvenirs d'enfance, je me retourne vers elles, je dois être vraiment très énervée, puisque leurs sourires disparaissent, et je peux apercevoir une lueur de peur dans leurs iris. Je lève la main, et je leur tire les cheveux, donne des coups, je ne me contrôle plus, mes yeux sont injectés de sang et embrumés par les larmes qui ont finies par couler sur mon visage. Pendant que je leur refais le portrait, j'entends un léger bruit de porte, et la seconde qui suit, je me retrouve à cinq mètres de ces petites pestes de 14 ans, avec de grosses marques de mon combat sans merci. Je sens de larges mains sur mes épaules, qui me serre jusqu'à me calmer et retrouver les idées claires. Je lève la tête, et reconnaissant le directeur du foyer, je déglutis, je vais passer un sal quart-d'heure.

      Quelques minutes plus tard, ma sanction est tombée. Ce que j'avais réussi à sauver, vient de se faire détruire sous mes yeux, par le pied du directeur. Je n'ai pas pu pleurer, on vient de m'enfermer dans le grenier, les toiles d'araignées ce n'est vraiment pas ce qui manque, dans cet endroit lugubre. Je m'installe près de la fenêtre, les genoux repliés sous ma tête, mains sur la poitrine, tentant de me réchauffer comme je le peux. Je regarde le ciel étoilé, versant toutes les larmes de mon corps, et, bizarrement, une étoile brille plus que les autres. Je la fixe, me posant des questions, mes paupières ne peuvent plus rester ouvertes, je m'endors accueillant à bras ouverts le rêve qui me fera quitter la réalité. Je me réveille brusquement, entendant un bruit, mes yeux ont encore du mal à se réveiller. Une fois que j'arrive à discerner quelque chose dans le grenier, je vois passer une ombre près des cartons. Je sursaute, et me recule vers la fenêtre, qui étrangement est ouverte, mon corps frémit, j'ai rapidement la chair de poule. Mon esprit me rassure, c'est peut-être un pigeon, je relâche mes muscles, et me détends. Je détourne mes yeux vers les étoiles, et, celle que j'avais vu étinceler de mille lumières, est soudainement encore plus brillante. Je regarde de nouveau dans le grenier.

 Je hurle en voyant une ombre d'un homme aux yeux orange, et, avant que j'ai le temps de protester, l'ombre m'attrape par la taille, et s'envole par la fenêtre avec moi. Je regarde en bas, voyant ma ville rétrécir. Je regarde ensuite l'endroit où cette ombre m'emmène, et j'aperçois la même étoile, que je fixais il y a quelques instants plus tôt. Sans que je puisse me débattre, nous entrons dans cette étoile, je ferme les yeux, la lumière m'aveuglant. Je ne me souviens plus de rien après être entrée dans cette étoile.

    Je me réveille, et sens du sable sous mon visage, je me redresse précipitamment, et observe les alentours, je suis sur une plage. Une plage déserte. Sur une île plus précisément. Je porte encore mon jean à trou et mon t-shirt de la veille. Mes Nike sont mortes c'est sûr. Je me relève sur mes jambes, et me dirige dans la forêt, j'espère tomber sur quelqu'un d'accueillant et de bienveillant. Je marche sans savoir où je vais, les arbres laissant échapper que quelques rayons de soleil. Je trébuche sur une racine, et tombe misérablement, je m'assois, et pleure en espérant de tout mon âme que ce n'est qu'un rêve. J'entends des mouvements, et, au moment où je redresse ma tête, je suis face à des enfants plus jeunes que moi, vêtu que de vert, avec des arbalètes braquées sur moi. Je lève les mains en l'air, pour signe de capitulation, et m'arrête de pleurer. Ils me font signe de me lever, ce que je fais, et me font avancer dans les bois, toujours en me pointant. 

      Après quelques minutes de marche silencieuse, nous arrivons à un camp, un adolescent, à peine plus âgé que moi, se retourne et fait un geste pour qu'on me relâche. Il s'avance vers moi, je l'analyse, il n'est vêtu que de vert, comme les autres enfants, mais il semble avoir 17 ans. Il est d'un blond un peu foncé, des yeux bleus marins, un visage de séducteur. Une fois devant moi, il me regarde, lui aussi semble m'analyser, un sourire se dessine sur ses lèvres, mon ego ne peut pas s'empêcher de fondre en voyant ce sourire. Il me regarde une dernière fois, et vient se présenter.

-Bienvenue à toi, Marie, moi c'est Peter Pan, mais appelle-moi Peter, tu te trouves sur Neverland, l'île où les adultes sont interdits, viens avec moi je vais te montrer ta cabane.

Je suis bouche bée, surprise, qu'il connaisse mon nom, je le suis, jusqu'à ce qu'on arrive à une charmante cabane. Il pénètre dans l'abris et je le précède, la cabane est suffisamment grande pour moi. Ça me changera du foyer où j'étais forcée de partager ma chambre. Il me dit les quelques règles et me laisse le temps de me préparer. Je m'assois sur le lit et regarde dans le vide, pensant au pour et au contre de ce nouveau monde. Je ferme les paupières et me laisse bercer par les bras de Morphée.

Une nouvelle Vie  -  Pour un nouveau mondeWhere stories live. Discover now