Demain est un autre jour

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CAMERONE :




-Maman?



Je viens enfin de rentrer de cette interminable et horrible journée de cours.



Nous sommes vendredi soir et ma mère ne travaille normalement pas, pourtant je n'entends pas ses pas pressés se diriger vers moi pour me prendre dans ses bras comme lorsque j'avais 5 ans.



Moi qui râle pour la forme mais qui en réalité ne vis que pour ce genre de moment, ce genre d'amour.



-Maman je suis rentrée!



Je m'avance jusqu'au salon et toujours rien.



Aucune trace de ma mère.



Une seconde je pense qu'elle pourrait être en train de faire des heures supplémentaires au restaurant ou qu'elle a finalement commencé son nouveau boulot plus tôt que prévu mais non impossible.


Elle m'aurait prévenu.



Puis d'un coup un sanglot déchirant brisa le silence pesant présent dans la maison jusqu'à maintenant.



Je sais où elle se trouve.



-Merde


J'accélère mes pas jusqu'au petit placard en dessous des escaliers (aussi glauque que celui d'Harry Potter), et y trouve ma mère effondrée par terre, tenant d'une main une bouteille de Whisky et de l'autre une photo de mon père et elle.



-Maman, dis-je en chuchotant, c'est moi



Je lui caresse délicatement l'arrière de la tête et passe son bras autour de mon cou pour la soulever.


Le problème est qu'à cause de l'alcool ses jambes tiennent comme du coton.



-Aller maman, accroches-toi encore un peu.



Je l'a dépose sur le canapé, attrape la bouteille de Whisky et la photo hésitante à balancer l'une contre le mur et brûler l'autre...



-Camerone? Dit-elle toujours en sanglotant



-Oui?


-Pourquoi il a fait ça? Il m'aimait, il nous aimait Amor j'en suis sûr!



Ses sanglots redoublent et mon coeur se brise un peu plus


Je m'assure une dernière fois que ma mère soit bien installée, puis je monte dans ma chambre en m'efforçant de ne pas m'effondrer, de rester forte pour elle.


J'attrape le premier livre qui vient et le balance avec toute ma rage contre le mur.


Voilà ce qu'arrive à faire mon géniteur même après 8 ans.


8 ans sans lui
8 ans sans violence
8 ans à se reconstruire


Les psys appellent ça un syndrome post-traumatique, j'appelle plutôt ça le putain de syndrome de la femme battue.


Parce que même après 8 putains d'années!
8 ans après avoir enfin réalisé dans quel enfer nous vivions, dans quel enfer IL nous faisait vivre, il a toujours de l'emprise sur elle.


Il est toujours là quelque part dans sa tête à la rabaisser, lui répéter quel n'y arrivera pas et qu'elle n'est rien sans lui, à la frapper quand elle fait ou dit quelque chose qu'il lui déplaît.


Mais comment pourrais-je l'a blâmer?


Il est toujours dans ma tete aussi.



« Ne pas fait pas ça Camerone »
« Ne t'habille pas comme ça Camerone » 
« Tu n'y arriveras jamais Camerone »
« Tu ne peux pas aimer les filles Camerone »



Et ça ce n'était que le début.


J'étais libre de ne pas l'écouter mais je devais ensuite payer les conséquences de ma désobéissance le soir venue.


« BIP-BIP »


La sonnerie de mon téléphone me réveil un peu du cauchemar de mes souvenirs.


|Numéro inconnu|


Pas le temps de répondre. Il faut que je descende voir comment va me mère, préparer à manger bref m'occuper d'elle, le temps que ça passe, ça finit toujours par passer.



Je dois prendre soin d'elle comme elle le fait chaque jour avec moi.



Je me dois d'être forte pour nous deux, d'aimer pour deux quand maman n'en est plus capable.



-Camerone?



Je me précipite hors de ma chambre rejoindre ma mère



-Oui mamá?



Elle retire son bras de la couverture et attrape délicatement ma main



-Je suis désolé mi Amor, demain et un autre jour te prometo mi hija




Les crises ou plutôt les souvenirs de ma mère se font très fortes et intenses lorsqu'elles refont surface. Mais ce ne dure jamais très longtemps. Elle arrive toujours à se reprendre rapidement pour moi.



Je t'admire tellement mamá.
Et lui je le déteste tellement pour tout ce qu'il t'a fait.




-Lo sé mamá. Reposes-toi je t'aime.




Sa respiration est régulière et ses yeux sont clos quand je regagne ma chambre quelques heures plus tard.



Je m'avachis sur mon lit et attrape mon téléphone qui m'annonce que j'ai un message vocal laissé par le numéro inconnu qui m'a appelé plus tôt dans la soirée.



-Dios Mio, qui vient encore me faire chier



[1 NOUVEAU MESSAGE]



Je sors sur mon balcon et m'allume une clope en appuyant sur le fameux message.



« Camerone c'est moi »


Ally...

Malgré ce qu'elle m'a fait aujourd'hui je ne peux empêcher mon coeur de s'affoler rien qu'en entendant le son de sa voix.


Stupide coeur.



« Écoute, je... Rappelle-moi s'il te plaît »



Et le message se coupe.


Ni remords ni excuses et tu crois que je vais te rappeler mi guapa?



VA-TE-FAIRE-FOUTRE

Trop près de toiWhere stories live. Discover now