CHAPITRE III :

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La pluie glissait lentement sur les vitres teintées des voitures, emportant avec elle un murmure sourd, sous une douce symphonie d'un mois d'octobre, les feuilles continuaient de tomber sur les trottoirs et se synchronisaient avec les battements de son cœur. Les rues du quartier bourgeois se faisaient grises et reflétaient la tristesse d'Elisa dans cette pénombre. Une mélancolie indescriptible, des souvenirs frais, des larmes à peine séchées.
Plus il s'approchait d'elle, plus elle sentait un fossé se creuser entre eux. Quelque chose n'allait pas.
Ross, tu mentais très mal.
Malgré son sourire éclatant, il était différent. La fatigue se dessinait sous ses yeux noisettes, lourds et cernés. L'anxiété sculptait ses traits du visage. Il se battait intérieurement, de toutes ses forces. Il mourrait peu à peu.
Sans réfléchir, elle laissa son sac de course au sol avant de courir vers l'ombre derrière elle. Elle pensait rêver, mais c'était bien réel. Dans un geste délicat, elle pressait son corps contre le sien, se rendant compte que son ami était avec elle.
Des secondes muettes, sans rien dire. La brune, pourtant loyale, ne savait plus quoi faire pour lui, ni comment l'aider. Leurs regards se croisaient enfin et leurs sentiments se déployaient sans mots. Son cœur s'accélérait, Elisa le sentait tambouriner dans sa poitrine.
« Ross.. il faut qu'on.. »
Alors qu'Elisa allait continuer son phrase, Ross posait sous pouce sur sa lèvre inférieure, comme pour lui demander de s'arrêter.
« Tu n'es pas obligée. ».
« Si. Parle moi. De tes souffrances. De ta vie, de tout. »
Ross ne répondait pas et restait de marbre face à ses mots. Elisa prenait sa main dans la sienne avant de poser celle-ci sur son torse, au niveau de son cœur.

« Je veux te protéger ! Je veux savoir ce que tu ressens. J'ai peut-être perdu une partie de ma mémoire mais.. je sais que tu es important pour moi. Alors s'il te plaît, reste avec moi encore longtemps. »

Malheureusement, Ross pressait le pas sans la moindre explication. Elisa ne pouvait pas le voir, mais le tatoué rougissait.
En arrivant sur le pas de la porte, Elisa s'apprêtait à ouvrir celle-ci mais, le blondinet l'arrêta. Elle déposa ses talons sur le sol, demandant à Ross ne se pousser pour rentrer, toutefois, le protecteur s'imposait face à la porte pour l'empêcher de faire le moindre pas.

« C'est ma chemise ? » Il lui prit la manche du vêtement pour la faire se retourner. Son dos se colla à la porte d'entrée, froide. Son haut devenu transparent à cause de l'averse, ce qui rendait les joues de son amie encore plus rougeâtres qu'elles ne l'étaient. Elle rejeta sa tête en arrière, croisant ses bras contre sa poitrine.
Il baissa les yeux, mais la brunette plaqua ses mains contre son visage brûlant pour faire remonter son menton. Il plongea ses yeux dans les siens. Une proximité lourde s'installa entre les deux amis, une proximité interdite mais qui semblait si douce et détachée de toute réalité.
Ses lèvres étaient suspendues à celles de Ross, ses seins collaient à son t-shirt, sa respiration était irrégulière.
Malgré le manque de chaleur, Elisa avait un avant goût de la température des enfers. Au moment où leurs bouches allaient se rencontrer, Nath ouvrit la porte, furieux.

« Mes gâteaux! 25 minutes! 25 putain de minutes que t'es dehors! J'aurais pu les cuisiner moi-même . C'est la mission la plus importante de ta vie et tu l'as raté! L'épicerie est à littéralement 7 minutes, 5 si tu marches vite! On ne peut faire confiance à personne dans cette baraque! J'en peux plus, moi! » Plus il parlait, plus le ton montait et Elisa se décomposait. Elle lui tendit le sac, tremblante.

« Oh excuse moi..je..je suis vraiment désolée! » Dans la colocation, Elisa était connue pour être la plus colérique. Ses émotions s'emballaient très rapidement, comme une tempête qui ravageait tout sur son passage sans se soucier des autres. Cependant, après les grandes rafales de vents, se cachaient un minime rayon de soleil.
C'était, la première fois, que la brune s'excusait. Des années qu'ils se connaissaient et jamais elle n'avait prononcée ces mots.
Ross et Nath, choqués de sa réaction, la laissait partir dans sa chambre. Ils avaient même l'impression qu'elle s'était mise à pleurer.

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