CHAPITRE VII :

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Elisa

« Êtes-vous sûr de ne pas vouloir d'aide? » Gabriel m'avait ramené chez moi après que je lui eus vaguement parlé de ma dispute avec ma mère. Il m'avait conseillé de fuir et de ne plus revenir car ma mère était dangereuse et nuisible pour moi.

À 24 ans, je venais enfin de le comprendre.

Victoria était toxique. Elle empoisonnait tout ce qu'elle aimait : sa famille, mon père et maintenant moi.

Pour devenir une fille modèle, je devais tout d'abord me ressourcer et poursuivre mes études que j'avais laissées de côté. Qu'est ce que j'avais fait pour mériter ça ? Depuis petite, je voulais gagner l'amour de ma mère, cependant nous étions trop différentes. Jamais, elle ne pourra m'aimer.

Je le pris fortement dans mes bras, le remerciant pour toutes ces années passées à mes côtés.

« Merci. Ne m'oublie pas. »

Bizarrement, j'avais l'impression d'avoir déjà vécu un moment similaire, comme si ce n'était pas la première fois que je le quittais. Ma mémoire me jouait sûrement des tours.

En insérant ma clé dans la serrure, je ne souhaitais qu'une chose : me reposer. Chez les étudiants, les jours de repos étaient sacrés. Entre les révisions, le travail et les soirées, nous avions du mal à créer une bonne organisation pour un cycle de sommeil cohérent et une vie stable. Pour ma part, je n'arrivais pas à joindre les deux bouts. Depuis la rentrée, je n'arrivais pas à trouver le calme dans ma vie. Je devrais méditer, reprendre confiance en moi, mettre mes émotions à leur place. Thifaine était très douée pour cela. Je lui demanderais conseil.

« Elisa? » Ross se tenait contre le mur, fumant une cigarette et laissant ses cendres sur le parquet. Avais-je fait quelque chose de mal pour qu'il ne fume pas sa fameuse cigarette électronique ?

« On peut parler s'il te plaît? » Sa voix ne me disait rien de bon. Immédiatement, je déposai mes mains sur ses joues, comme si, par miracle, il allait réagir. Il les retira en me lançant un regard noir.

« Il faut qu'on parle. »
Il n'osait pas me regarder mais il semblait furieux. Je n'avais pas le choix. Je m'assis sur les escaliers et le fixai. Qu'attendait il pour parler ?

« Je sais que tu as revu Andrew. Ça me fait tellement mal de savoir que tu as encore des contacts avec lui... il m'a fait souffrir, il a fait souffrir mes parents, mon frère... ma sœur...J'ai essayé de t'en parler, de mettre des mots sur ce que je pouvais ressentir et toi.. tu...tu.. » Sa voix craquait, il n'arrivait pas à poursuivre sa phrase.
« Je te faisais confiance Elisa, je ne pensais pas ça de toi.. Pourquoi faut-il toujours que tu me trahisses ? »

Automatiquement, je le serrai dans mes bras. Je ne voulais pas le voir craquer. Mes doigts s'entrelaçaient avec ses boucles d'or, je les glissai autour de sa mâchoire pour observer les moindres détails de son visage épuisé.

« Elisa.. j'en peux plus.. j'ai besoin de me changer les idées.. s'il te plaît, lâche moi. »

Paniquée, je me suis détachée de lui. J'ai murmuré une dernière excuse, mais il a quitté le domicile en claquant la porte aussi fort que possible derrière lui. Je voulais lui courir après, le prendre dans mes bras, le rassurer dans cette situation irréaliste, mais mon corps ne bougeait pas, paralysé par la peur. Il avait besoin d'être seul et j'étais un poids pour lui.

On m'abandonnait encore.
J'avais encore fauté.

Petit à petit, les choses dérapaient au sein de notre famille. S'ils partaient, que deviendrais je ? Ils représentaient le monde pour moi. Je continuais de les blesser, même si je faisais des efforts. Il fallait admettre que je ne servais à rien. Même ma mère n'avait jamais su m'aimer. Comment pourrais je recevoir de l'amour si je ne savais pas ce que c'était ?

PERFECTIONNISTEDonde viven las historias. Descúbrelo ahora